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Villepin, arrête ton char !
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Antique ou en toc ?

Dominique de Villepin se voit en Ben-Hur ou en Maximus de "Gladiator". Un autoportrait flatteur et un peu complaisant. Mais le chef de République solidaire se trompe évidemment de films.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il est Ben-Hur, héros solitaire, terrassé souvent, se redressant toujours et triomphant du mal dans une épique course de chars... Il est Maximus, dans "Gladiator", seul dans l'arène, mourant à la fin, mais entrainant dans sa mort l'affreux empereur Commode (Nicolas Sarkozy??)... Il, c'est Dominique de Villepin. Et comme c'est lui qui le dit (je viens de l'entendre sur France-Info), il conviendrait de le croire !

M. de Villepin a, n'en doutons pas, beaucoup de considération pour lui-même. Et à l'entendre, on ne voit vraiment pas pourquoi la France, brave fille, se refuserait à un homme dont la beauté virile s'incarne dans un heureux mélange de Charlton Heston et de Russell Crowe. Mais voilà : le casting n'est pas bon.

La CIA veut l'abattre !

À se pencher un peu sur le cas Villepin (c'est un cas), d'autres images moins flamboyantes viennent irrésistiblement à l'esprit. Lucky Luke, peut-être ? Poor lonesome Villepin... Et puis non. Lucky Luke, c'est du western à l'américaine, et le président de République solidaire déteste les saloons estampillés US. Il l'a prouvé avec un célèbre discours aux Nations-Unies, dans lequel il refusait la participation française à la guerre d'Irak. Ce fameux discours est toujours et partout (mais quand même seulement en France) qualifié obligatoirement de "courageux". Car depuis, et comme nul le l'ignore, la CIA veut l'abattre, à moins que cette mission ait été confiée aux mercenaires de Blackwater ou, plus inquiétant encore, peut-être est-ce le Mossad qui a accepté de sous-traiter le contrat mis sur la tête de notre indomptable héros national.

Le barde Assurancetourix

La peste soit de l'Amérique... Non, non et non, Dominique de Villepin ne mange pas de ces hamburgers-là. Il est de France, de chez nous. Et c'est vers un petit village gaulois (résistant aux...) qu'il faut se tourner pour trouver le rôle qui lui convient, et le personnage qu'il incarne à merveille : le barde Assurancetourix. Le chantre inspiré qui, a chaque occasion, se saisit de sa lyre pour chanter, plastronner, déclamer, et que les Gaulois bâillonnent aussitôt que possible (avec Dominique de Villepin, ça ne marche pas). Un grand acteur, tellement grand qu'on peut se demander si la scène française n'est pas trop étriquée pour lui. Comme Assurancetourix, M. de Villepin est dans la représentation permanente.

"Ben-Hur" et "Gladiator", c'est déjà pas mal. Mais il y a mieux. Il frôle le sublime quand il se rend en banlieue pour fusionner avec les "jeunes". Il y eut ainsi, à Bondy, le 19 janvier 2010, un grand moment. Les animateurs du "Bondy blog" lui demandèrent comment il comptait mettre à profit "sa popularité auprès des Francais arabo-musulmans ". (*)

Un immense, immense, immense acteur

Après cette question dont l'énoncé était, soyons charitables, assez singulier, fusait une réponse qui démontra que notre barde était à l'apogée de son art. M. de Villepin cita deux "atouts" qui le mettaient en symbiose avec l'intéressante catégorie française citée plus haut : le fait d'être "né en Afrique du nord" et "d'avoir pu connaître l'épreuve de la justice" ! Il faut espérer que lors du procès en appel de l'affaire Clearstream, les tribunaux auront à cœur d'ajouter la case prison à ces "atouts", ce qui le rapprochera encore plus des électeurs qu'il entend caresser dans le sens du poil.

Et c'est ainsi que M. de Villepin est grand. Grand comme dans grandiloquent. Un immense, immense, immense acteur, comme on dit chez les cabotins. N'empêche qu'il n'est pas de taille pour "Gladiator" et "Ben-Hur". Villepin, arrête ton char !

(*) Ayant découvert cette catégorie démographique, je me sens autorisé à y ajouter quelques autres. Des "Français polono-juifs" (moi et d'autres), des "Francais russo-orthodoxes", des "Francais vietnamo-bouddhistes", des "Francais catholico-Francais" (et oui, il y en a!), des "Francais africano-protestants" et, pourquoi pas, des "Francais répubicano-villepinistes".

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