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Brétigny-sur-Orge : ne pas nommer les choses les empêche-t-il d'exister ?
©Reuters

Les faits sont têtus

Non, non, non et non, on vous le jure, il ne s’est rien passé à Brétigny ! Mais la vérité est la vérité. Elle met parfois un peu de temps à éclater. Et elle peut faire mal. Mais moins que le mensonge…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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" Des actes isolés", a dit un ministre. "Pas de pillage organisé", a dit un autre. "Un simple vol de portable", a dit le préfet. Quant à Manuel Valls, il n’a – pour l’heure – rien dit. Libération, allant dans le même sens, a publié un article définitif sur le sujet, titré : "Des détrousseurs de cadavres imaginaires". Un texte qui est à l’honnêteté journalistique ce que le "Arbeit macht frei" du camp d’Auschwitz fut à la réalité de cette supposée villégiature.

À l’origine des informations sur les scènes écœurantes qui se sont déroulées après la catastrophe ferroviaire en gare de Brétigny-sur-Orge, il y eut Nathalie Michel du syndicat de police Alliance. Une organisation marquée à droite : une excellente raison sans doute de ne pas la croire ! Marine Le Pen embraya, dénonçant des "comportements abjects" : une autre et toujours excellente raison de penser sans doute que les "détrousseurs de cadavres" n’avaient pas existé ! Enfin, les députés de droite interpellèrent Manuel Valls sur son silence : la preuve définitive et ne souffrant aucune contestation que tout avait été inventé ! Quant à Atlantico, le site était, à coup sûr, tombé dans le piège en publiant un article plutôt virulent sur les "détrousseurs de cadavres".

Et maintenant les faits, tels qu’ils se confirment. Et ces faits crient d’autant plus fort qu’ils résonnent dans le silence glacé du déni gouvernemental. Un rapport de la direction des CRS appelés sur les lieux pour contenir et écarter les "jeunes" évoque des "jets de projectiles" et des "vols d’effets appartenant aux victimes". Selon ce rapport, les CRS ont dû "repousser des individus venus des quartiers voisins qui gênaient la progression des véhicules de secours en leur jetant des projectiles".

Un texto d’un CRS envoyé à un de ses collègues décrit "des victimes pillées par des racailles". Nous nous garderons bien de reprendre les affirmations du syndicat Alliance marqué à droite et donc, évidemment, suspect… En revanche nous nous voyons contraint d’accorder une certaine confiance à l’UNSA – Police : ce syndicat est marqué à gauche ! Voilà ce que dit son porte-parole, Christophe Crépin, qui était sur place. "Il y avait des gens qui étaient en train de perdre leur bras et leur jambe et d’autres qui sont venus leur voler leur montre ou leur portable." On a dès lors du mal, bien du mal, à comprendre le déni gouvernemental. Ne pas nommer les choses empêche-t-il les choses d’exister ? Mettre la poussière – et le mot est faible – sous le tapis ne transforme-t-il pas, à force d’accumulation, le tapis en une très laide boursouflure ? Nier ce que tout le monde sait, n’est-ce pas prendre le risque d’attiser la colère de tous ceux qui pensent déjà : "Tous des menteurs" ? On croit comprendre que le gouvernement n’a pas voulu jeter de l’huile sur le feu. Mais pourrait-il, dans son immense sagesse, jeter un peu d’eau sur ce feu ? Sinon, il laissera s’allumer d’autres incendies. Mais, cette fois-ci, pas seulement dans les cités.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Eyrolles éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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