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Skyrock : radio gaga 
de Pierre Bellanger
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Hip-rop, R n' B et imbroglio

Pierre Bellanger vs Axa. C'est l'affaire Skyrock. Pot de terre contre pot de fer ? Et si les choses étaient un poil plus complexes ?

Romain Marchand

Romain Marchand

Rochain Marchand est un communicant spécialisé en conseil en valorisation de marque.

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Jusqu’à la semaine dernière, Pierre Bellanger était une figure emblématique de l’histoire de la radio libre, et le patron tout aussi emblématique de Skyrock. Il vient incontestablement de prendre du galon. Il était le créateur d’une marque adulée par 4 millions de jeunes ; désormais, il EST cette marque. D’une certaine manière c’est lui rendre justice : Pierre Bellanger a toujours aimé les jeunes.

Les jeunes ne sont pas des jambons

Mais quand même. Un jour viendra, peut-être, où les jeunes laisseront de côté cette étrange passion pour la charcuterie ibérique, et ils demanderont qu’on arrête de les prendre pour un jambon. A la réflexion, ce jour viendra quand il commenceront à se poser sérieusement la question de leur taux de cholestérol, mais à ce moment là, Skyrock sera loin d’eux, et Nostalgie les bercera doucement.

Regardez ce que sont devenus les rockers des sixties. Toute la  monde en Scenic, un vieux tee-shirt Led Zep pour conduire confort, et en voiture Simone. Il semblerait que la fidélité aux marques ne soit pas le gros apanage des radios.

Pierre Bellanger : père de Skyrock

En attendant… En attendant la stratégie est remarquable : Pierre Bellanger et Skyrock ont le même ADN dans les veines. Même si c’est discutable d’un point de vue strictement biologique, c’est imparable en communication : c’est lui le père.

Couper court à la vie professionnelle de l’homme, c’est annoncer la mort de la marque, inéluctablement. Regardez Apple, tiens : vous croyez qu’ils s’en seraient sorti, chez Apple, sans le retour de Steve Jobs ? Et ben là c’est pareil. Le départ de Pierre Bellanger, c’est la fin de l’esprit Skyrock, c’est la fin de la radio libre, c’est la fin de la liberté d’expression. Vite, vite, tous ensemble révoltons-nous, à coup de facebook et de twitter on peut changer le monde, il y a eu un printemps arabe, pas de raisons qu’on n’ait pas notre été francilien. Avec un maximum de fautes d’ortografes dans le combat en ligne, ça fera plus vrai, coco.

Le revers de la médaille

Mais tout de même. On pourra objecter que si le pauvre Steve Jobs est aujourd’hui mal en point, Apple ne donne pas l’impression d’avoir mis son innovation dans sa poche. Que Phil Knight n’est plus aux commandes de Nike, ce qui n’empêche pas la marque de revendiquer, avec l’énergie et la conviction de son fondateur, a better world.  Que si Henry Ford n’est depuis bien longtemps plus de ce monde, paix à son âme, le constructeur continue de faire souffler un vent de liberté sur son image de marque, à défaut de faire souffler le sens de l’esthétique sur ses derniers modèles…

On pourra objecter que la marque avait besoin de s’adosser à un investisseur pour injecter des fonds indispensables à sa survie, sur un marché aujourd’hui bouleversé, et face à la mort annoncée de sa diversification dans le blogging, Facebook m’a tué. Alors effectivement c’est assez bassement matériel, n’est-ce pas, mais fallait il attendre d’Axa de jouer les mélomanes ?

On pourra objecter que jusqu’à maintenant, l’actionnaire ne remet pas en question la ligne éditoriale de la radio : il souhaite réduire les effectifs pour optimiser la rentabilité de l’entreprise. Et se demander si malgré l’excellent exercice appliqué de manipulation publique au profit d’une (toute) petite minorité, les clés du problème sont bien à chercher dans un lexique de marketing. Et pas du côté de la définition du mot actionnaire.

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