Pierre Moscovici a-t-il inventé la machine à augmenter perpétuellement les impôts ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les hausses d’impôts futures dépendront de l’état de l’économie, selon Pierre Moscovici.
Les hausses d’impôts futures dépendront de l’état de l’économie, selon Pierre Moscovici.
©Reuters

Le fisc c'est chic

Plus d'impôts, moins de pouvoir d'achat, moins de chiffre d'affaires pour la France, une dégradation des comptes publics et donc en bout de course... encore plus d'impôts. Voilà la formule implacable du ministre de l'Économie et des Finances.

Bruno Bertez

Bruno Bertez

Bruno Bertez est un des anciens propriétaires de l'Agefi France (l'Agence économique et financière), repris en 1987 par le groupe Expansion sous la houlette de Jean-Louis Servan-Schreiber.

Il est un participant actif du Blog a Lupus, pour lequel il rédige de nombreux articles en économie et finance.

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Selon lui, les hausses d’impôts futures dépendront de l’état de l’économie. Il a précisé "les impôts devront augmenter si la croissance économique ne s’accélère pas, ils pourront baisser si elle repart".  Qu’est-ce que cela veut dire, exprimé non pas en langage de préau d’école ou de journée socialiste d’été ? Cela veut dire que, plus l’économie va aller mal, plus les impôts vont augmenter. Plus la croissance va ralentir, plus on va faire de déflation. Moins la machine économique va tourner, plus on va ponctionner le pouvoir d’achat. Nous supposons donc, comme on ne peut pas contourner les lois de l’économie, que Pierre Moscovici considère qu’il a inventé le mouvement perpétuel dont rêvent les socialistes, la machine à augmenter perpétuellement les impôts. On retire du pouvoir d’achat par l’impôt, ce qui réduit le chiffre d’affaires de l’entreprise France, comme les ratios de dettes augmentent mathématiquement, on augmente les impôts, comme on augmente les impôts, l’entreprise France tourne encore moins vite, etc.

Pierre Moscovici a reconnu dimanche que la possibilité que 2014 soit la dernière année d’augmentation de la pression fiscale dépendrait "de l’état de l’économie française", et pas seulement du volontarisme du gouvernement. Interrogé à ce sujet par Le Parisien, en marge des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, le ministre a dû faire la part du souhaitable et du possible. "En 2014, nous limiterons la hausse des prélèvements obligatoires à 0,3 % du PIB (environ 6 milliards d’euros, NDLR) et je souhaite que ce soit la dernière année où ils augmenteront", a déclaré le ministre au quotidien. "J’ai exprimé ce souhait, ce n’est pas par rapport au gouvernement ou à quiconque, c’est par rapport à l’état de l’économie française", a expliqué à Aix M. Moscovici.

"Quand je dis que je le souhaite, c’est que toutes nos politiques dépendent d’un paramètre, sur lequel nous agissons, mais que parfois nous subissons aussi : la croissance", a-t-il détaillé. Il a rappelé que pour 2014, le projet de budget prévoyait 14 milliards d’économies dans les dépenses et entre 0,2 et 0,3 % du produit intérieur brut (entre 4 et 6 milliards) d’augmentation des prélèvements obligatoires. Pour Pierre Moscovici, après 2014, les prélèvements obligatoires pourraient "connaître une pente qui soit celle de la stabilité, puis de la diminution". AFP 7/7/13

Caresser un cercle et il devient vicieux. On est entré dans le cercle de l’austérité et on pédale dur, le nez dans le guidon, pour ne pas en sortir. Si le projet est, non pas la prospérité du pays, mais la possibilité et l’alibi de changer de système en augmentant le poids des impôts et de l’État, alors, là, les socialistes ont effectivement trouvé la solution. Il est loin le temps où ils considéraient que la priorité était la croissance. Maintenant, la priorité, c’est de s’enfoncer dans l’austérité et de se donner de bonnes raisons de le faire.

Pourtant, au plan international, une prise de conscience s’est quand même effectuée. Aussi bien selon le FMI que l’OCDE,  on sait maintenant que l’austérité, comme remède à des crises de surendettement, ne conduit qu’à l’échec. Ce qui est normal pour tout économiste débutant, lequel économiste débutant sait que le remède classique de l’austérité ne fonctionne que s’il produit baisse des taux et élargissement de la demande extérieure pour compenser la chute de la demande interne. Tout le monde sait que, dans la situation présente, les taux ne peuvent plus baisser et que la demande externe, l’exportation, ne va pas progresser en raison de l’atonie synchronisée de l’économie mondiale. Les institutions internationales sont en train de réviser à la baisse leurs prévisions de croissance.

On a peine à croire à la fois que Pierre Moscovici puisse être économiste et que ses collègues socialistes de la première gauche acceptent cette imbécillité d’un tour de vis fiscal inversement indexé sur la croissance. Nous sommes au cœur de la faillite du gouvernement, mais nous sommes aussi au cœur de ce que nous avons décrit comme le pouvoir de mentir. Pouvoir de faire prendre des vessies pour des lanternes. L’objectif d’une accélération de la croissance de la machine économique est radicalement incompatible avec les tours de vis fiscaux. L’expérience et la théorie montrent que les ponctions fiscales, non seulement agissent mécaniquement sur le pouvoir d’achat, mais qu’en outre, elles agissent  sur le sentiment des agents économiques à la fois par le découragement et l’incertitude. C’est à la fois une désincitation à l’effort et une opacification de l’horizon économique.

Si vous voulez apprendre à nager, il faut accepter de vous jeter à l’eau avant même que de savoir. Si vous voulez apprendre à marcher, il faut accepter d’être déséquilibré et faire le premier pas pour enclencher le mouvement et ensuite faire le second. Il en va de même en matière économique, si vous voulez, dans une situation de déficit de la demande telle que celle que nous connaissons, retrouver le chemin de la marche en avant, il faut injecter de la demande et accepter temporairement, le temps que la machine se relance, un accroissement du déficit. Ce qui relance une machine économique, c’est un peu plus de déficit et non pas un peu moins. Nous n’y pouvons rien, c’est la loi de l’économie. Se serrer la ceinture fait maigrir même si cela, à long terme, est bon pour la santé et le fonctionnement du cœur.

La question que les socialistes ne posent pas, ou plus exactement n’osent pas poser à leurs maîtres allemands, c’est : quand donc et comment arrêterons nous le cercle vicieux. Comment stopperons-nous la spirale de la régression. Personne ne le sait et évidemment pas les Allemands qui se moquent bien de la situation de la France du moment qu’elle courbe la tête, qu’elle baisse l’échine, et surtout qu’elle ne lui coute pas plus cher en donnant le mauvais exemple aux périphériques. Car la fonction de l’austérité française dans le système européen est une fonction d’exemple.

Les pays du Nord considèrent que la France est ce que l’on appelle "on the edge", sur le bord, et qu’à ce titre, elle doit donner l’exemple aux périphériques. Schäuble l’a répété clairement à maintes reprises dans son cynisme. La fonction d’exemple dans un système est terrible. Quand un individu se rend coupable d’une petite faute, l’esprit de justice implique que la punition soit proportionnée à la faute. Lorsqu’il s’agit en revanche de faire peur, de donner en exemple, alors les soi-disant juges font exprès de disproportionner la peine à la faute. Il ne s’agit plus de réparation et d’équivalence, il s’agit de terroriser. De gouverner par la peur. La France est la cible de cette terreur, les socialistes soucieux de garder le pouvoir, de ne pas être balayés, sont les intermédiaires, ils appliquent les peines décidées par les Allemands dans le cadre de leur gestion du système européen. La leur, celle des Allemands.

Autre remarque, il est absolument sidérant de la voir la docilité des troupes socialistes et de la presse face à pareilles affirmations. Il ne se trouve personne dans le cloaque majoritaire, à part Mélenchon heureusement, pour relever l’imbécillité révélée et la désespérance induite par ce mouvement perpétuel vers le bas. 

Nous insistons : tout ce qui est erreur économique, idiotie et injustice sociales, constituent un pas de plus vers le changement de système. L’agenda des hommes au pouvoir n’est plus économique du tout. C’est un agenda personnel, à savoir comment survivre, et un agenda politique, comment ancrer plus profondément le socialisme. Le socialisme ne sait produire qu’une chose…du socialisme. Produire des richesses, il ne sait pas. Et l’emploi dans tout cela ? Eh bien, on va produire de l’emploi socialiste, de l’emploi aidé, subventionné, qui va augmenter le déficit ; on va payer des gens à ne rien faire (ou presque), et on va ponctionner ceux qui, eux, produisent. On va produire de l’emploi socialiste, c’est le joker secret de Hollande et de Ayrault pour infléchir la courbe du chômage, conformément à leurs incantations.

Pendant ce temps, du côté de la pseudo-droite on fait joujou à cache-cache, à Sarkozy, pas vu pas pris, à Sarkozy, un coup, je te vois, un coup, je te vois pas. 

Les Français sont orphelins de leur représentation. Faute-t-il s’en plaindre ? Vous connaissez notre philosophie. Bien sûr que non. Laissés à eux-mêmes, les enfants finissent toujours pas grandir et devenir adultes, nous sommes persuadés que les Français, au fil des jours, au fil des mauvais coups reçus, se fortifient et s’adaptent. Et finalement, c’est l’essentiel.

Ce billet a été initialement publié sur le blog a lupus

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