Hervé Mariton : "Les déclarations de Manuel Valls relèvent de l'interdiction morale de manifester"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a invité ce samedi les opposants au mariage pour tous à "réfléchir" avant d'aller manifester dimanche, en raison de "menaces" que font peser des "groupes d'extrême droite".
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a invité ce samedi les opposants au mariage pour tous à "réfléchir" avant d'aller manifester dimanche, en raison de "menaces" que font peser des "groupes d'extrême droite".
©Reuters

Coup de gueule

Alors que se déroule ce dimanche, une grande manifestation contre le mariage pour tous, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a appelé samedi les personnes souhaitant se rendre au défilé à "réfléchir" et à être "prudent" en raison de "menaces" que font peser des "groupes d'extrême droite".

Hervé Mariton

Hervé Mariton

Hervé Mariton est ancien ministre, député-maire de Crest, délégué  général de L’UMP chargé du projet, et président de Droit au Cœur.

 

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Atlantico : Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a invité ce samedi les opposants au mariage pour tous à "réfléchir" avant d'aller manifester dimanche, en raison de "menaces" que font peser des "groupes d'extrême droite". Quelle est votre réaction face à ces déclarations ? Maintenez-vous votre appel à manifester ?

Hervé Mariton : Je vais manifester paisiblement et avec conviction. Je suis consterné par les pressions exercées par Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et d’autres encore, pour empêcher les citoyens de manifester. Dans l’affaire du PSG, le gouvernement a été incapable d’assurer l’ordre public et nous avons déjà eu de nombreuses manifestations contre le mariage pour tous avec zéro vitrine cassée, zéro voiture volées. Je trouve cela ahurissant que l’on impute un crime à des manifestants qui jusqu’à présent ont toujours respecté l’ordre public.

Les déclarations de Manuel Valls relèvent, soit de la banalité - parce que lorsque l’on fait quelque chose, on réfléchit avant - soit de la pression morale. Et cela est honteux.

Dans une manifestation, il y a toujours une part de risque, mais il s’agit là de la gestion de l’ordre public et cela relève du travail du ministre de l’Intérieur. Alors plutôt que de prétendre une interdiction morale d’une manifestation, qu’il fasse son boulot.

Avec un dispositif de 4500 policiers et gendarmes, soit un millier de plus que lors de la manifestation du 24 mars, l’Etat n'a-t-il pas pris les mesures nécessaires ?

Je ne suis pas ministre de l’Intérieur, c’est en effet la mission de le l’Etat que de garantir l'ordre public. Et je pense que les mesures nécessaires ont été prises. Ces déclarations sont une manière de faire peur aux gens. Cela est profondément méprisant, à la fois de la démocratie, et des gens qui ont, et qui vont, manifester en prouvant leur respect de l’ordre public. C’est consternant ! Le gouvernement essaye de déconsidérer un mouvement social puissant et généreux. Faute de pourvoir plaider sur le terrain du débat, ils plaident sur le terrain de la peur. C’est une atteinte grave à la liberté de manifester.  

Jean-Marc Ayrault a, de son côté, estimé que les responsables de l'UMP, qui comme vous, appelent à manifester aujourd’hui contre la loi Taubira prenaient "une lourde responsabilité en provoquant la crispation et la radicalisation" de certains manifestants. Ne serait-il en effet pas plus sage de s’abstenir ?

Plus sage de quoi ? De se taire ? De se résigner ? On ne va pas se taire, parce que la loi Taubira est mauvaise. Comme légalement le gouvernement ne peut pas interdire la manifestation, il table sur une interdiction morale.

Par ailleurs de quelle radicalisation parle-t-on ? En effet, des déclarations, que je n'approuve pas, ont été faites. Néanmoins, je ne crois pas qu’il y ait eu des gestes portant atteinte à autrui et de natures à témoigner d’une quelconque radicalisation. Ces déclarations sont de l’ordre de la police morale, d’une interdiction morale de manifester.

Manuel Valls a également remis en question le sens d’une telle manifestation alors que la loi a été votée par le parlement et ratifiée par le Conseil constitutionnel….

Je renvoie cette question à la gauche. A l’époque du CPE, elle n’avait pas ce genre d’états d’âme. Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a considéré que la loi Taubira n’était pas d’ordre constitutionnel, donc qu’elle n’était pas gravée dans le marbre. Dans une démocratie, ce qu’une loi fait, une autre peut le défaire. Le débat démocratique, c’est effectivement de discuter une loi, de la respecter lorsqu’elle est votée, et si on considère qu’elle est mauvaise, et bien de la changer. 

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