Trocadéro-Sarlat, ces deux visages des racismes français <!-- --> | Atlantico.fr
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Des émeutes violentes au Trocadéro ont suivi le sacre du PSG mardi à Paris.
Des émeutes violentes au Trocadéro ont suivi le sacre du PSG mardi à Paris.
©Reuters

Silence, on casse

Des émeutes violentes ont suivi le sacre du PSG mardi à Paris. Comme d’habitude, pourrait-on dire. Eh bien non, il ne faut pas s’y habituer.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Mardi, en Dordogne, du côté de Sarlat, trois abrutis imbéciles ont roué de coups un vacancier d’origine sénégalaise. Ils lui ont dit : « Cass’toi, sale nègre ! » Et : « Rentre dans ton département de merde ! » Donc, une agression raciste caractérisée. Les trois canailles sont parfaitement identifiées : ils sont français, blancs et résident en Dordogne.

Mardi à Paris, du côté du Trocadéro et des Champs-Élysées, des centaines d’abrutis imbéciles ont, profitant de la fête du PSG, cassé, pillé, frappé. Mais eux sont des ovnis (objets violents non identifiés). Toutes les télévisions ont cependant montré les images de ce déchaînement de haine. Les images sont cruelles et sans appel. Elles montrent ce qui doit rester invisible. Elles disent ce qu’il ne faut pas dire. Elles nomment ce qu’il n’est pas convenable de nommer. Elles identifient ce qu’on ne veut pas identifier.

À ce propos, une mauvaise querelle est cherchée à Manuel Valls et au préfet de police de Paris, qui se voient reprocher de ne pas avoir fait le nécessaire pour empêcher ces débordements. Mais que devait-il faire, le malheureux Valls ? Poster des policiers à chaque sortie parisienne des RER ? Leur donner l’ordre de procéder à des contrôles au faciès ? Leur demander de compter et d’interpeller tous les porteurs de capuche ? C’est alors qu’on aurait entendu un chœur puissant relayé partout crier au racisme et dénoncer cette atteinte à la dignité humaine.

Mais quel rapport entre Sarlat et le Trocadéro ? La concomitance : cela s’est passé le même jour. Mais autre chose aussi. À l’évidence (mais il faut parfois se méfier des évidences), les violences parisiennes ne portent pas le sceau du racisme. Il est toutefois permis de s’interroger sur les motivations des racailles qui se sont livrées à une de ces séances d’exorcisme dont ils sont friands. Ils détestent ce qui ne leur ressemble pas. Ils haïssent ceux qui sont différents d’eux. Ils méprisent ceux qui ne sont pas leurs semblables. Les mêmes pulsions, exactement les mêmes, que celles des trois brutes de Dordogne…

Nul besoin d’être sociologue pour le constater. Les faits sont là. Et ils sont têtus. Mais dans quel pays vivons-nous ? Et que faire ? Nicolas Sarkozy croyait aux vertus du Kärcher : il ne l’a, bien sûr, pas utilisé. Samia Ghali, sénatrice PS de Marseille, avait suggéré de faire appel à l’armée : elle s’est fait rabrouer par les siens.

Il nous semble, pour reprendre une expression déjà citée, que les voyous de l’autre soir devraient « rentrer dans leur département de merde ». Mais non, mais non, ce n’est pas du tout ce que vous croyez ! Dans ce département, ils retrouveront les trois imbéciles de Sarlat. Ce département a un nom : la prison. Et vous verrez que là-bas ils finiront par s’entendre. Racailles et canailles : ils sont frères. Parfois le brassage et le métissage peuvent avoir des vertus insoupçonnées.

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