Editorial
Lutte contre le chômage : François Hollande sera-t-il capable de la même détermination que celle dont il a fait preuve pour le mariage homosexuel ?
Les chiffres du chômage ont atteint un nouveau record hier jeudi avec 3,2 millions de demandeurs d'emploi en France.
Mille chômeurs de plus par jour, mais cinq cent mille offres d’emploi qui ne trouvent pas preneur. Deux chiffres qui montrent l’inadaptation du marché français à la crise actuelle. Mois après mois, la déferlante du chômage se poursuit en volant de record en record.
Trois millions et demi de personnes pourraient être touchées d’ici la fin de l’année.
Face à cette marée irrésistible, le désarroi s’empare du parti socialiste dont les barons montent au créneau pour réclamer un changement de gouvernement, mais sans s’accorder sur le cap à suivre. Certains prêchent la sortie de l’austérité par une relance de la consommation qui bénéficierait surtout aux importations en raison de la faiblesse de l’industrie française. D’autres prêchent pour une flambée de mesures nouvelles, tout en restant flou sur leur contenu. Mais personne au sein du PS n’envisage une réelle diminution des dépenses publiques qui serait à la base d’un véritable transfert des ressources du public vers le privé. Pour l’instant, le pouvoir fait le gros dos en annonçant la mobilisation générale pour faire de la lutte contre le chômage une cause nationale, mais en conservant cette attitude de passivité et d’attente qui est la marque du Président. Celui-ci se contente d’agir par le verbe, en maniant l’incantation et les effets de manche pour masquer l’indécision qui l’étreint. Il se réfugie dans des formules politiciennes en assurant qu’il va donner un coup d’accélérateur pour favoriser la montée en puissance des outils favorisant le retour à l’emploi. Ces propos martiaux traduisent bien le désarroi au sommet de l’Etat. L’opinion n’attend pourtant qu’une chose : que le pouvoir manifeste dans la lutte contre le chômage la même énergie que celle qu’il a déployée pour faire aboutir le projet de mariage pour tous, apparu pour la majorité des Français comme une tentative de diversion pour éviter d’aborder les problèmes essentiels.
Le pouvoir est au pied du mur. Les dispositifs mis en place comme les contrats d’avenir apparaissent comme des mesurettes dont la mise en route est lente et complexe. Il faudrait en fait que François Hollande accomplisse un virage comparable à celui qu’avait réalisé François Mitterrand en 1983, en réhabilitant l’entreprise qu’il n’a cessé de vilipender depuis son entrée en campagne électorale. Ce n’est pas en gonflant le secteur public par de nouveaux emplois alors qu’il est déjà en sureffectifs que l’on résoudra les problèmes. Il faut aujourd’hui tout miser sur l’entreprise privée, qui détient la solution, d’abord en la réhabilitant, en créant un véritable choc de confiance et non de défiance, en lui permettant de reconstituer des marges trop faibles à l’heure présente, afin d’investir pour relancer la croissance. Il ne faut pas s’obstiner en revanche à maintenir coûte que coûte des secteurs d’activité condamnés par l’évolution technique mais concentrer les efforts sur les filières d’avenir susceptibles de s’adapter en permanence. L’effort doit porter aussi sur le marché du travail qui est cadenassé, sur les réglementations paralysantes et aussi sur certaines indemnisations du chômage qui freinent le retour à l’emploi. Bref, un programme qui donne le vertige et implique un courage qui n’est sans doute pas la qualité première de nos dirigeants.
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