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Les Juifs de France s’offrent une guerre inutile dans une période de grandes turbulences
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Editorial

L’élection à la présidence du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) qui aura lieu fin mai donne l’image d’une communauté agitée par des tensions internes.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Une vieille blague juive pose la question : pourquoi, quand il n’y a que deux Juifs, faut-il trois synagogues ? Réponse : parce qu’il en faut bien une où l’on ne met jamais les pieds ! Si les Juifs de France sont généralement unis dans l’adversité, un peu comme les Gaulois version Astérix, ils adorent se bagarrer entre eux. Sauf qu’en la circonstance, la bataille qui se profile pour la présidence du CRIF (1) tombe au plus mal. Inquiets pour leur sécurité depuis les massacres commis par Mohamed Merah qui ont entrainé de nombreuses exactions antisémites depuis un an, affaiblis par les mensonges du grand rabbin de France sur son CV et ses "emprunts" littéraires, les Juifs de France ont besoin de retrouver un leadership politique rassurant en attendant qu’une personnalité incontestable succède à Gilles Bernheim pour porter une parole morale dans la cité. Or, l’élection à la présidence du CRIF qui aura lieu fin mai risque de donner l’image d’une communauté agitée par des tensions internes essentiellement dictées par des ambitions personnelles.

Un candidat aurait pu et dû s’imposer à tous : Arié Bensemhoun, président de la communauté juive de Toulouse, qui a su gérer avec sang froid et responsabilité la période difficile qui a suivi la tuerie de l’Ecole Otzar Hatorah, est engagé au CRIF depuis très longtemps. Brillant orateur, homme de tolérance et d’ouverture, défenseur zélé mais équilibré de la cause sioniste, il incarne la rénovation des institutions juives qui en ont bien besoin. Il n’a, au fond, qu’un seul handicap, son accent chantant rappelant qu’il n’est pas parisien, contrairement à la plupart des présidents du CRIF qui se sont succédés depuis la création de cette organisation. Deux candidats s’opposent cependant à lui : Roger Cukierman, 77 ans, qui a déjà été président il y a douze ans - c’est un peu comme si Giscard s’était présenté contre Sarkozy en 2007…- et Gil Taïeb, candidat à tout ce qui passe depuis vingt ans (Consistoire de Paris, Fonds Social Juif Unifié, député des Français de l’étranger, etc), au point qu’on ne sache plus très bien s’il a envie de représenter les Juifs de France auprès des pouvoirs publics ou l’inverse !

Encore une fois, cette guéguerre d’égos aurait pu, en d’autre temps, prêter à sourire. Mais dans cette France où la montée de l’islamisme et de tous les communautarismes semble stimuler la cote du Front Nationa sondage après sondage, elle n’amuse personne.

(1) (Conseil Représentatif des Institutions juives de France)

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