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Une théorie née sur Internet pourrait bien sauver l'économie mondiale.
Une théorie née sur Internet pourrait bien sauver l'économie mondiale.
©Reuters

Eurêka

Et si la crise que nous vivions n'était pas celle que l'on croit ? C'est le diagnostic de l'économiste Scott Summer qui révolutionne complètement l'analyse des troubles économiques que connaissent les pays occidentaux.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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La récente débâcle relative aux fondements théoriques de l’austérité imposée en Europe brise le diagnostic budgétaire de la crise que nous connaissons depuis 2008. Le fort endettement des États occidentaux ne peut plus être considéré comme une cause de leur faible croissance, mais tout au plus une conséquence.

Cette révélation accrédite une nouvelle fois l’économiste américain Scott Sumner, qui, au cours de l’année 2009, explorait une voie alors hétérodoxe : la crise serait d’origine monétaire. Ce professeur de l’Université de Bentley, inconnu jusqu’alors, débute un travail acharné pour convaincre ses pairs de son analyse, notamment au travers de son blog TheMoneyIllusion.

Le diagnostic monétaire réalisé par Scott Sumner découle d’un simple constat, l’effondrement de la variable primaire qu’est le PIB nominal (somme de la croissance et de l’inflation) est de la responsabilité de l’autorité monétaire d’une économie (la Fed, la BCE etc….).Le PIB nominal n’est de fait rien d’autre que ce que nous pouvons appeler le niveau d’activité au sein d’une économie, la demande.

L’observation des années passées révèle que la croissance nominale des économies était stable, aux alentours de 5% aux États-Unis, 4% en Europe. L’année 2008 marque une rupture, cette stabilité s’écroule, et l’Europe est encore aujourd’hui engluée dans cette situation. Pourtant, la stabilité est l’objectif même d’une politique monétaire, et le mandat de maitrise des prix n’est qu’une méthode pour parvenir à cet objectif.

De ce constat, Sumner poursuit en rappelant que le niveau de demande est justement la variable dont l’autorité monétaire a le contrôle.  Après de nombreuses années passées à ne considérer que la seule variable qu’est l’inflation, nous avons négligé qu’une banque centrale maitrise la demande dans son ensemble et non pas sa conséquence seule qu’est l’évolution des prix. Cet acharnement dogmatique devient la cause même de la crise.

A partir de ses observations Scott Sumner propose alors de modifier les règles en substituant à l’objectif de maitrise de prix un mandat de d’objectif de PIB nominal. Cette nouvelle forme permet alors de tenir compte de façon égale de la croissance et de l’inflation dans une seule et même mesure. Le PIB nominal n’étant rien d’autre que la somme de ces deux variables.

Les mois passent et Sumner suscite un intérêt de plus en plus marqué dans les cercles universitaires américains, puis au sein même de l’administration Obama. Au cours de l’année 2011, sa théorie aboutie à la création d’une "école économique" : le Market Monetarism.

Scott Sumner subit de nombreuses critiques, aussi bien de la part des économistes "autrichiens" que de celle des "keynésiens" qui dominent la pensée économique actuelle. Mais ses arguments tiennent bon et les critiques laisseront place aux ralliements. C’est ainsi que lors de l’année 2012, la consécration de la théorie voit le jour, la FED met en place une politique directement issue des analyses du professeur.

Quelques mois plus tard, en décembre 2012, le gouvernement Britannique (ayant consulté Sumner) nomme un nouveau gouverneur, Mark Carney, adepte de la théorie du NGDP Targeting, ou objectif de PIB nominal. Le Japon emboite le pas et modifie en profondeur la doctrine de la Bank Of Japan sur la base du diagnostic monétaire, les résultats sont immédiats.

La zone euro est aujourd’hui confrontée à un bouleversement doctrinal qu’elle refuse de voir. Malgré une pression internationale qui sera exercée en ce week-end de G20, la prise en compte d’un telle analyse suppose d’accepter le diagnostic lui-même : la crise, la grande récession que nous connaissons depuis 2008 est de la responsabilité des autorités monétaires. Les États-Unis, le Royaume Uni, le Japon ont admis ce que l’Europe est aujourd’hui incapable d’accepter : sa propre responsabilité.

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