Faut-il aussi chercher l’origine de la crise du côté de la consommation de cocaïne des banquiers et traders ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Une étude établit un lien entre la consommation de cocaïne des traders et la crise financière de 2008.
Une étude établit un lien entre la consommation de cocaïne des traders et la crise financière de 2008.
©Reuters

Feu à la poudre

David Nutt, professeur de neuropsychopharmacologie à l'Imperial College de Londres, affirme que la crise financière de 2008 avait pour raison... la consommation de cocaïne par les traders.

John Dugain et William Lowenstein

John Dugain et William Lowenstein

John Dugain est ancien trader pour une grande banque new-yorkaise. Il témoigne ici sous pseudonyme.

William Lowenstein est président de SOS Adicction.

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The Guardian publiait ce lundi les déclarations de David Nutt, professeur en neuropsychopharmacologie, qui établit un lien entre la consommation de cocaïne des traders et la crise financière de 2008. De son côté, le docteur Chris Luke, de l'hôpital universitaire de Cork, qui a étudié les effets de la cocaïne sur les banquiers, déclarait quant-à lui que "dans les milieux financiers, des traders ont pris des décisions irrationnelles à la suite de la mégalomanie provoquée par l'usage de la cocaïne ".

Atlantico : Un professeur de neuropsychopharmacologie à l'Imperial College de Londres, David Nutt, avance l'idée selon laquelle la consommation de cocaïne par les traders n'est pas étrangère à la crise financière de 2008. Cette réflexion vous semble-t-elle fondée ?

John Dugain : Cette réflexion est incompréhensible. Je n’ai pas le sentiment que le milieu du trading soit un milieu dans lequel les gens ont le nez dans la poudre. C’est une image d’Épinal largement entretenue par le cinéma (notamment le film Wall Street) : les golden boy, les grosses limousines, les prostitués et la coke. La banque d’affaire et le trading sont des milieux où les gens ne comprennent pas exactement ce que l’on fait, ce qui se sait  c’est que les traders ont des hauts revenus, des diplômes prestigieux et qui ont fait des conneries en 2008.

En réalité, c’est un milieu beaucoup plus simple qu’on ne le dit, les traders sont des gens sérieux dotés d'une éthique de travail forte que l’on va embaucher à Harvard, au MIT. De plus depuis 2008, le milieu financier est beaucoup plus encadré avec des normes et des régulations de plus en plus importantes.

Le sujet est-il tabou ?

John Dugain: En trente ans passés sur les plus importantes place boursières mondiale (NY, Londres, Tokyo, Hong-Kong), je n’ai jamais été confronté au problème, ni dans mes équipes ni dans celles que j’ai pu côtoyer dans les salles de marché à travers la planète.

La finance est un milieu très contrôlé. Au moment de l’embauche, les traders sont systématiquement soumis à des tests urinaires et sanguins, et ça depuis très longtemps. Enfin dans les comités de directions, le problème de la cocaïne n’a jamais été évoqué.

Quels sont les effets recherchés par l’absorption de cocaïne par les traders ? Peut-elle amener les traders à des comportements irrationnels et/ou mégalomanes ?

William Lowenstein : Bien sûr, tout ce qui peut-être sans limite est favorisé par la cocaïne. Les traders peuvent trouver dans la cocaïne le remède aux contraintes des salles de marchés. Dans le cas du trading, les effets escomptés sont en particulier une énergie incessante pour tenir le rythme effréné, une réactivité désinhibé, un sentiment d’invincibilité et de toute puissance, une aide à la prise de décision et plus de concentration.

On peut ajouter également un rétrécissement du champ de pensée et des pensées mégalomaniaques. C’est bien sûr un produit "dopant" fréquent chez les golden boys. A long terme, le trader fini par "péter les plombs", et devient ingérable. Ce qui était un produit dopant durant les deux premières années d’absorption devient un produit qui permet de "tutoyer la folie". Certains sont devenus incontrôlables.

J’ai eu l’occasion d'en rencontrer mais surtout a la fin des années quatre-vingt-dix, période qui correspond à la consommation de cocaïne dans les milieux cinématographiques ou musicaux. A l'époque, lors des tournages ou des concerts, la consommation de cocaïne était même budgétisée ! La poudre blanche était encore sanctuarisé dans une sorte de "ghetto doré" c’est-à-dire la publicité, le showbiz, la politique, le journalisme et les avocats.

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