Derrière la déclaration de patrimoine de Laurent Wauquiez, ce coup politique qu'il porte à ses "alliés"<!-- --> | Atlantico.fr
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Dimanche, Laurent Wauquiez a dévoilé son patrimoine personnel dans les colonnes du JDD.
Dimanche, Laurent Wauquiez a dévoilé son patrimoine personnel dans les colonnes du JDD.
©Capture d'écran / Facebook Bernard Accoyer

Bon élève ou bon stratège ?

Laurent Wauquiez a pris de l'avance sur ses alliés de l'UMP en dévoilant dès dimanche son patrimoine personnel dans les colonnes du JDD.

Neïla Latrous

Neïla Latrous

Neïla Latrous est rédactrice en chef Maghreb & Moyen-Orient chez Jeune Afrique.

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Atlantico : Laurent Wauquiez vient d'appeler à une opération "mains propres" au sein de la classe politique, en prônant plus de transparence des politiques dans leur rapport à l'argent. Dans le même temps, il rend publique sa déclaration de patrimoine. Est-ce une proposition innocente ou cela révèle t-il une stratégie politique particulière ?

Neila Latrous : Il est difficile de ne pas y voir une stratégie politique, surtout après la sortie de François Fillon sur le plateau de France 2 qui révèle lui aussi les avoirs dont il dispose. La transparence du patrimoine des élus relève aujourd'hui d'une gigantesque opération de communication puisqu'il n'est nullement permis de vérifier leurs dires. C'est la même logique que pour les déclarations d'intérêt des ministres. On a bien vu qu'elles n'ont pas empêché les scandales.

Est-ce qu'on peut y voir une attaque voilée à l'encontre de Copé mis en cause par les médias dans l'affaire Takieddine ? Le poison des affaires qui ébranle la gauche peut-il aussi toucher la droite ? 

Il peut doublement toucher la droite. D'abord parce que celle-ci s'est risquée à interroger François Hollande et Jean-Marc Ayrault sur ce qu'ils savaient. Or, un certain nombre de responsables de droite - je pense à des collaborateurs ministériels par exemple - fanfaronnaient en "off" avant la démission de Jérôme Cahuzac, sur le thème : "Nous savions déjà quand nous étions au pouvoir". Ensuite, ce poison des affaires, et cette stratégie de la transparence adoptée par les fillonistes, peut venir gêner Jean-François Copé dans sa stratégie de reconquête de l'opinion. Le président de l'UMP traîne une réputation de politique proche du milieu des affaires - Takieddine, cabinet Gide... Rien d'illégal, et c'est important de le préciser, mais les Français n'ont jamais vraiment aimé les politiques qui ont un rapport à l'argent trop décomplexé.

Est-ce le début de nouvelles hostilités après la trêve conclue par Jean-François Copé et François Fillon ? La future campagne pour la présidence de l'UMP peut-elle être aussi violente que la précédente ? 

Nouvelles hostilités, non, parce que les hostilités n'ont en réalité jamais cessé. La seule question qui se pose aujourd'hui est celle d'une nouvelle candidature de François Fillon. S'il y va, la nouvelle élection à un sens. S'il n'y va pas, il est probable que l'élection tombe à l'eau. Parce que cela n'aura aucun intérêt d'ouvrir un nouveau front à quelques mois des municipales. D'ailleurs on commence à entendre des barons de l'UMP exprimer leur perplexité quant au scrutin de septembre. Xavier Bertrand par exemple, sur le plateau de France 5 dimanche.

Si Fillon venait à se retirer de la course à la présidence de l'UMP, Laurent Wauquiez, qui était son principal bras droit, serait-il un candidat naturel à sa succession ? 

Si François Fillon se retire de la course, quelques fillonistes espèrent que Laurent Wauquiez pourra malgré tout empêcher Jean-François Copé de rester seul maître à bord. Mais je doute pour ma part qu'il y ait une nouvelle élection si François Fillon n'y retourne pas. Un certain nombre de militants fillonistes - à Paris notamment - ne jurent que par l'ancien Premier ministre. Et ils ne seraient pas prêts à mouiller la chemise pour quelqu'un d'autre que lui. 

Laurent Wauquiez, dont la motion "La Droite sociale" a terminé deuxième derrière celle de "La Droite forte", peut-il incarner le renouveau à l'UMP ? Est-il un concurrent sérieux pour Jean-François Copé ?

Laurent Wauquiez incarne indubitablement le renouveau. C'est l'un de ceux qui a compris l'intérêt de se placer sur le terrain des idées, de faire des propositions, d'incarner une doctrine. Très tôt, il s'est fait le chantre de la défense des classes moyennes. Néanmoins, et on l'a vu en novembre dernier, une élection interne ne se joue pas tant sur la ligne politique que sur le contact avec les militants et la gouvernance interne. Laurent Wauquiez n'a pas encore la surface de contact de Jean-François Copé qui depuis qu'il a pris la tête de l'UMP en novembre 2010, multiplie les déplacements et va à la rencontre des adhérents. Jean-François Copé colle à la base du parti. A cet égard, Laurent Wauquiez ne me semble pas être un concurrent en capacité de menacer son leadership sur l'UMP.

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