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Revers en série sur la taxe à 75 % : la mesure choc de la campagne de François Hollande aura-t-elle été politiquement rentable dans la durée ?
©Reuters

Essaie encore

Dans le grand roman de taxation des riches, le conseil d'Etat nous livre son dernier opus : l'impossibilité de dépasser un taux d'imposition de 66,66%. Retour sur le parcours politique d'une mesure phare qui hante les nuits de la majorité socialiste et du gouvernement.

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella

Alexandre Vatimbella est le directeur de l’agence de presse LesNouveauxMondes.org qui est spécialisée sur les questions internationales et, plus particulièrement sur la mondialisation, les pays émergents et les Etats-Unis.

Il est également le directeur du CREC (Centre de recherche et d’étude sur le Centrisme). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages (dont Santé et économie, Le Capitalisme vert, Le dictionnaires des idées reçues en économie, Le Centrisme du Juste Equilibre, De l’Obamania à l’Obamisme).

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Les promesses de campagne dit-on souvent ironiquement n’engagent que ceux qui y croient… De tout temps les candidats, de gauche comme de droite, ont fait des promesses qu’ils savaient ne pouvoir tenir une fois au pouvoir.

Néanmoins, il ne faut pas y voir simplement une tromperie grossière et démagogique vis-à-vis de leur électorat. En effet, une promesse est aussi (et, parfois, avant tout) un message envoyé à ceux de votre propre camp pour leur dire «oui, je suis bien de votre côté» sans que ceux à qui il est destiné ne soient réellement dupes et croient vraiment que celle-ci sera tenue.

C’est une sorte de signe d’appartenance commune à un même monde idéologique.

La promesse de François Hollande de taxer les revenus supérieurs à un million d’euros à 75% est un signe de ce type.

Si l’on devait faire un rapprochement, ce serait les références marxistes des discours de François Mitterrand ainsi que l’«Internationale» qui clôturait ses meetings lors de la campagne présidentielle de 1981 !

Pour autant, François Hollande a estimé qu’il devait tenir cette promesse alors même qu’elle a été beaucoup édulcorée et qu’elle a été accompagnée d’une durée de vie limitée dans le temps.

Votée par le Parlement puis retoquée par le Conseil Constitutionnel, cette taxe est en effet un marqueur de gauche qui permet de dire au Front de gauche et au Parti communiste mais également à la gauche du Parti socialiste que le gouvernement ne les oublie pas même si ceux-ci n’en croient pas un mot tout en sentant malgré tout une certaine proximité avec celui-ci grâce à ce genre de mesures…

On comprend dès lors pourquoi le gouvernement n’abandonnera cette taxation que si elle devient une usine à gaz à laquelle plus personne ne comprendra rien.

Peut-être que, secrètement, il attendait un avis aussi réservé que celui que vient de rendre le Conseil d’Etat pour enclencher un processus d’abandon. Mais il prétendra bien évidemment le contraire !

D’autant que les Français avaient accueilli assez favorablement cette mesure qui ne concernait que quelques milliers d’entre eux avec lesquels ils ne s’identifient guère et qu’ils n’ont jamais, de plus, l’occasion de côtoyer.

Si l’on discute maintenant du fond, cette taxe est une grossière erreur pour trois raisons.

- Une erreur démocratique (et non politique comme on l’a vu) car elle est profondément populiste. Il s’agit ainsi de montrer du doigt quelques milliers de personnes en prétendant qu’ils sont responsables des inégalités frappant le pays en s’en mettant plein les poches. La division n’est jamais une bonne chose pour la démocratie.

- Une erreur financière car l’on sait qu’elle ne rapportera pratiquement rien et qu’elle envoie dans le même temps un signal excessivement négatif aux investisseurs et aux dirigeants, notamment étrangers, qui peuvent se détourner de la France.

- Une erreur économique car elle dit à ceux qui ont réussi par leur travail qu’ils ne sont pas légitimes à profiter de leur réussite, même s’ils ont créé de la richesse et des emplois en nombre ce qui peut les décourager d’entreprendre en France.

In fine, cette taxe pourra donc coûter beaucoup plus chère qu’elle ne rapportera, un comble pour un impôt...

Les nombreux déboires du gouvernement ces derniers temps laissent pourtant penser qu’il ne peut enterrer cette mesure de manière ouverte.

Reste que l’important dans cette histoire est de ne pas oublier que l’on ne doit pas mélanger tout et n’importe quoi.

Que les riches et notamment les très riches soient mis plus à contribution que les pauvres, cela n’a rien de choquant tant qu’ils ne sont pas montrés du doigt et découragés d’entreprendre.

Car nous savons bien, à travers le temps et l’espace, que le moteur principal, qu’on s’en félicite ou qu’on le regrette, pour beaucoup de ceux qui permettent à l’économie de tourner et de produire de la croissance ainsi que de l’emploi, c’est d’être récompensé en gagnant de l’argent. C’est une réalité qui s’est imposée aux régimes communistes que l’on regarde ce qui s’est passé en Europe de l’Est et dans l’ex-Union Soviétique ou en Chine.

C’est sans doute quand la gauche française se sera enfin réconciliée avec ce principe de réalité qu’elle entrera de plein pied dans le réformisme constructif.

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