L'UMP doit-elle s'allier au FN ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
L'UMP doit-elle s'allier au FN ?
©

Mitterrandisme

Depuis des décennies, les partis extrêmes sont au cœur de tous les marchandages politiques. Force est de constater, après les élections cantonales, que la droite ne peut plus remporter, présidentielle et législatives sans l’appui et l’appoint du FN.

Dominique Jamet

Dominique Jamet

Dominique Jamet est journaliste et écrivain français.

Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.

Parmi eux : Un traître (Flammarion, 2008), Le Roi est mort, vive la République (Balland, 2009) et Jean-Jaurès, le rêve et l'action (Bayard, 2009)

Voir la bio »

Ce parti n’est pas un parti « comme les autres » (au fait,que veut-on dire par là, et sous-entendrait-on que, dans un système démocratique, donc pluraliste, tous les partis sont tenus de se ressembler, et jusqu’à quel point ?)…  Le fonctionnement de ce parti n’est pas démocratique… Ce parti ne partage pas nos valeurs…Ce parti n’est pas républicain… De plus, c’est le parti de l’étranger…

Quoi, le Front national, « parti de l’étranger » ? On ne nous l’avait pas encore faite, celle-là ! Mais qui vous parle de Front national ? Les arguments, ou plutôt les assertions, évoqués plus haut sont ceux auxquels la droite recourut avec succès pendant une trentaine d’années contre le Parti communiste français dont Guy Mollet, un jour qu’il était inspiré, devait dire qu’il n’était pas à gauche mais à l’Est…

Du Parti communiste au Front national

Il s’agissait évidemment dans l’esprit des stratèges de la droite d’interdire à la bonne vieille SFIO, au nom des valeurs partagées par tout l’arc-en-ciel républicain et niées ou contestées, voire bafouées par le parti de Maurice Thorez et de Waldeck Rochet, toute alliance et même tout accord, fût-il seulement électoral ou de circonstance, avec les staliniens français, une telle coalition étant réputée et décrétée immorale et même « contre nature ».

Le comble est que cet ukase antibolchevik fonctionna sous la IVe puis sous la Ve République, contraignant les socialistes français soit à s’acoquiner au gouvernement, contre leurs principes, avec le centre et la droite soit à camper noblement dans le désert, loin des allées du pouvoir. Moyennant quoi l’électorat socialiste fondait comme neige au soleil tandis que les dirigeants socialistes étaient assez légitimement tenus pour des opportunistes sans moralité et de méprisables guignols.

Quand Mitterrand s'est allié au PCF...

Honorablement battu lors de l’élection présidentielle de 1965, François Mitterrand en tira la conclusion que s’il voulait conquérir l’État sous les couleurs de la gauche, il lui était mathématiquement impossible d’y arriver sans l’appoint d’un Parti communiste qui recueillait alors autour de 20% des suffrages. Il lui fallut des années pour faire accepter par le tout nouveau PS et par l’électorat de gauche les données de cette addition élémentaire, et c’est sur la base d’un programme commun et d’un accord de gouvernement avec le parti de Georges Marchais, alors le plus sclérosé et le plus dogmatique des partis communistes européens qu’il triompha en 1981. La suite est connue.

C’est en reprenant contre un Front national que Marine Le Pen entend dédiaboliser et à l’usage d’une UMP aussi tétanisée que l’oiseau par le serpent, les arguments mêmes qui permirent à la droite de gouverner la France pendant trente ans, que les partis de gauche entendent chasser puis exclure durablement celle-là du pouvoir. Or, les choses apparaissent assez simples, et l’addition est vite faite au lendemain des cantonales.

Alliance UMP-FN : logique arithmétique contre morale

Arithmétiquement parlant, la droite ne peut plus remporter, présidentielle et législatives sans l’appui et l’appoint du FN. Moralement parlant, il lui est difficile, voire impossible de s’allier avec un mouvement politique qu’elle a excommunié il y a un quart de siècle et, en tout cas, ce n’est pas en l’espace de treize mois que Nicolas Sarkozy ou tout autre peut faire accepter un tel virage.

Conclusion : il y a toutes les chances que la droite telle qu’elle est soit condamnée pour de longues années à l’opposition. Il est peu probable en effet que la gauche majoritaire par ses seules forces lui fasse l’aumône d’un front républicain. Deux scénarios semblent donc actuellement les plus envisageables : soit l’UMP perd les élections sans perdre son âme, soit elle perd son âme et, dans la foulée, les élections. Voilà où mène une politique à courte vue.

Quant aux donneurs de leçons qui prétendent interdire à leurs adversaires politiques, au nom de la vertu, des alliances immorales, faut-il croire vraiment à leur désintéressement, donc à leur sincérité ? On sait que les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Que dire quand ils sont les premiers bénéficiaires de leurs conseils ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !