L'économie française va mal et aucune comparaison fallacieuse avec l'Allemagne ne pourra le masquer<!-- --> | Atlantico.fr
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Nos traditionnelles autruches, les grands médias français, minimisent les performances allemandes...
Nos traditionnelles autruches, les grands médias français, minimisent les performances allemandes...
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L'économie pour les nuls

L'excédent commercial allemand a atteint 188 milliards d'euros l'an dernier, alors que le déficit français s'établissait à 67 milliards en 2012. Pendant ce temps là, nos traditionnelles autruches, les grands médias français, minimisent les performances allemandes...

Thierry Get

Thierry Get

Thierry Get est ingénieur. Il est membre du bureau politique de La Droite libre et du CNIP. Son groupe sur Facebook ici

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A partir du moment où un pays fait mieux en matière économique que la France, les médias nationaux accourent au secours du « modèle français » au moyen de poncifs ou d’instruments de comparaison sociale ou économique particulièrement inappropriés.

La dernière preuve que j’ai relevé en est le journal télévisé du 20 janvier 2013 où TF1, en réponse aux meilleures performance allemande en matière de commerce extérieur ou de chômage, évoque le taux de pauvreté en Allemagne qui serait de 15% contre 14 % dans l’hexagone. Le journaliste ajoutant aussi doctement que « la population de l’Allemagne vieillit et que c’est pour cette raison que le chômage est largement inférieur en Allemagne ».

Le premier argument est un instrument inapproprié car le taux de pauvreté est à prendre avec de » grosses pincettes » dans la mesure où le seuil est différent dans chaque pays du fait qu’il est égal à la moitié du revenu médian. Pour résumer, plus un pays est riche, plus le seuil de pauvreté augmente et donc paradoxalement le nombre de pauvres aurait tendance à monter. Par ailleurs pour analyser ce taux de pauvreté, il faut aussi considérer les mouvements entre les tranches de revenu. En effet, à « taux de pauvreté équivalent », un pays où les jeunes commencent leur carrière avec de faibles salaires mais évoluent rapidement n’est pas comparable avec une nation où des gens demeurent dans la tranche basse pour de très longue durée voire à vie (comme c’est souvent le cas en France).

Autre poncif (inexact) du reportage, le chômage serait largement inférieur en Allemagne car la population de l’Allemagne vieillit. Or cela fait plus de 30 ans que l’Allemagne vieillit, et en 2000, nos deux pays avaient des taux de chômage équivalent. Si le seul vieillissement de la population suffisait à réduire le chômage, le taux de chômage allemand aurait déjà été inférieur en 2000. Par ailleurs, une démographie dynamique favorise la croissance et donc permet de réduire le chômage comme le montre l’exemple des USA qui ont une démographie au moins aussi dynamique que celle de la France et un chômage structurellement une à deux fois inférieur sur les 30 dernières années.

A ce propos, sur le cas des USA, les médias français, « envieux » du fait qu’à population équivalente, les Etats Unis disposaient de 25% d’emplois de plus, nous faisaient déjà le coup des « travailleurs pauvres » en 2000 alors que le niveau de vie moyen des américains avait multiplié par 2 au cours des années 1970-2000 (la véritable pauvreté résidaient en fait dans les famille monoparentale) et qu’un salaire minimum aux USA est équivalent au notre (du fait de prélèvement sociaux inférieurs). Les travailleurs pauvres y gagnaient en fait entre 1 et 1,5 fois le SMIC français.

Grâce à ce « bourrage de crâne », presque toute la droite et la gauche pense qu’ailleurs, le chômage faible est corrélé à la présence fort nombreuse « des travailleurs pauvres ».

Jamais de contradiction avec le prêt à penser. Cela n’incite pas à la remise en question. Ainsi, pour l’essentiel, la France-Autruche doit son existence au fait que les grands médias nationaux recrutent des journalistes standard. 

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