Où commence l'infidélité ?

Atlantico : Une étude de l'université du Michiganrelayée par le Huffington Post révèle les perceptions très différentes que nous nous faisons de l'adultère. Où commence l'infidélité ?

Gérard Leleu : C'est très simple. Il faut un repère, une base et pour répondre à cette question, il faut s'appuyer sur la définition de la fidélité, qui explique qu'être fidèle c'est avoir un seul partenaire dans les domaines affectifs et sexuels : ne faire l'amour qu'avec une seule personne, n'aimer qu'un seule personne.

Sentimentalement, l'infidélité commence quand on aime quelqu’un d'autre, et a fortiori quand on le manifeste. Flirter, embrasser, caresser, faire l'amour, s'intéresser au corps de l'autre est de l'infidélité, lorsque l'on se place dans une définition repère. Penser à quelqu'un d'autre en faisant l'amour, c'est une tromperie. Beaucoup de gens font l'amour en pensant à un top modèle, à la voisine ou au voisin, et en cela ils sont infidèles. Après, lorsque l'on commet cette infidélité, encore faut-il l'admettre...

Faut-il quitter la personne après un acte d'infidélité ?

Non pas forcément. Il ne faut pas automatiquement quitter la personne, même si l'infidélité est plus que psychique. Le défi d'aujourd'hui est que la vie est longue. Se marier pour la vie maintenant c'est s'engager pour 60 - 70 ans. C'est dû a la longévité, difficile d'être fidèle. Mais les mœurs ont changé, avant il y avait une pression sur l'homme qui était religieuse et civile. On pouvait aussi lapider les femmes infidèles, considérées comme des putes et des garces. L'homme était considéré comme un Don Juan. La fidélité moderne n'est plus du tout régie par une pression morale. Il y a aussi plus de tentations : avant la femme était à la maison, il n'y avait pas de mixité. Maintenant, les deux sexes se côtoient dans la vie de tous les jours, dans les bureaux, la tentation est là en permanence.

La notion de morale est complétement dépassée. Pour un homme et une femme, l'engagement se fait en son âme et conscience, et plus du tout par rapport à la religion.

Romains et Grecs avaient des épouses officielles. L'homme avait droit à plusieurs maitresses, maîtres, esclaves, et couchait avec qui il voulait. Ce n'était pas une forme idéale de moralité, c'était pour éviter les bâtards.

Pourquoi dans notre société ne tolère-t-on pas l'infidélité? D'où nous vient cette notion d'exclusivité dans le couple ?

Dans la plupart des cultures, la polygamie est autorisée. Beaucoup de religions la tolèrent. La monogamie est propre à l'Occident chrétien.

Est-elle une étape obligatoire dans la vie de couple ? Peut-on être fidèle toute la vie ?

Certaines personnes n'ont jamais regardé l'autre sexe, durant toute leur vie. Mais il y a beaucoup de couples où il y a eu une infidélité, qui est vécue comme un événement dramatique. On peut tromper pour se faire plaisir, vivre une passion. Il n'y a que très peu de couples où il n'y a pas eu le drame de l'infidélité.

Il est très rare de vivre une vie où on a été strictement fidèle, avec toutes les tentations. On voit à longueur de journée des femmes en mini jupe, par exemple, ce qui est vécu par certains hommes comme une tentation de toutes les secondes. L'habillement, la promiscuité, la mixité font que tout peut mener à l'infidélité. L'important, c'est de savoir qu'il peut un jour y avoir cette épreuve à affronter. 

La découverte d'une infidélité  peut mener au crime passionnel, ou dans les cas les moins dramatiques à l'agressivité, aux coups, à la séparation ou au divorce.

Un homme trompe plus souvent pour des raisons sexuelles, parce qu'il ne se sent pas comblé de ce point de vue-là, ou qu'il éprouve une attirance pour une autre femme. La femme peut tromper pour les mêmes raisons, mais plus souvent c'est parce qu'elle ne se sent pas écouté, elle éprouve une insatisfaction affective. Il est plus rare que la femme soit "infidèle sexuellement". Si c'est plus profond, plus psychologique, elle va plus facilement aimer profondément et quitter son conjoint. Mais elle sera aussi plus attachée que l'homme au couple et aux enfants.

Aujourd'hui, beaucoup de femmes se comportent comme les hommes au plan sexuel. Une grande majorité d'hommes disent qu'on peut faire l'amour sans amour, et de plus en plus de femmes le disent aussi. 

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois