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Londres Rome Washington Paris et même Berlin : pourquoi aucune des économies occidentales ne parvient à surmonter la crise
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Plus dur que prévu

Chute de la croissance aux États-Unis, récession en zone euro et grand tournant monétaire au Japon... Faut-il s'inquiéter de la difficulté des économies occidentales à sortir de la crise ?

Jean-Luc Proutat

Jean-Luc Proutat

Jean-Luc Proutat est économiste responsable des pays de l'OCDE chez BNP Paribas.

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Atlantico : Alors que la zone euro devrait connaître une récession (-0,3% du PIB) en 2013 selon la Commission européenne et que le Royaume-Uni a perdu son triple A, l'économie américaine s'est contractée au quatrième trimestre 2012 en rythme annuel selon le Département du commerce. Pourquoi aucune des économies occidentales ne semblent parvenir à sortir véritablement de la crise économique ?

Jean-Luc Proutat : Les États-Unis ont en effet connu un quatrième trimestre décevant en termes d'activité économique. Cela s'explique par un certain nombre de baisses des dépenses, notamment militaires. Même si les Américains sont habitués à un taux de 3% ou 4%, le pays reste a un niveau de d'activité plus soutenu qu'ailleurs avec un taux oscillant aux alentours des 2%. Le chômage a d'ailleurs diminué, les entreprises ont récupéré des taux de profit relativement élevés et le secteur bancaire semble en ordre de marche.

La zone euro peine davantage à sortir de la crise puisqu'il s'agit de la zone économique où les efforts réalisés ont été les plus importants. Les contraintes de désendettement et de réduction des déficits menées depuis trois ans ont pesé sur la conjoncture et empêché le retour à la croissance. Ainsi, dans les derniers chiffres communiqués par la Commission européenne il n'y a pas de surprise : les pays où les ajustements budgétaires ont été les plus forts - Italie, Espagne et Portugal par exemple - sont ceux qui connaissent les plus mauvais chiffres en termes de croissance. A cela s'ajoute l'impossibilité pour ces pays de faire acheter une partie de leurs dettes par la Banque centrale européenne contrairement aux États-Unis ou à la Grande-Bretagne ce qui est pourtant pratique lorsque l'on souhaite soulager le financement des États.

Mais la planche a billet ne suffit pas à elle seule pour retrouver la croissance puisque le Royaume-Uni a perdu son triple A et peine également à sortir de la crise. Il s'agit du pays qui a connu le plus fort deleveragring : les difficultés du secteur bancaire y étaient plus marquées qu'ailleurs et le système était le plus endetté d'Europe, notamment au niveau des ménages pour l'accès aux crédits immobiliers. Il y a d'ailleurs eu une quasi nationalisation des principaux acteurs de l'économie britannique. Enfin, contrairement aux États-Unis qui monétisent eux-aussi leur dette, les Britanniques sont bien plus dépendants de l'Europe. La récession en Italie ou en Espagne et la quasi récession en France auront pénalisé les débouchés du pays qui réalise 50% de ses exportations au sein de l'Union européenne. L'exemple du Royaume-Uni montre bien que la monétisation de la dette, si elle permet un soulagement, ne réalise pas de miracle pour autant.

L'Europe décroche t-elle davantage que les autres économie occidentale ? Quelles conséquences à long terme ?

Contrairement aux États-Unis qui commencent seulement à s'attaquer à la question des déficits budgétaires, au Japon qui n'a rien fait de spécial ou au Royaume-Uni qui a adopté des mesures mais les a étalées dans le temps, l'Europe a réalisé les efforts les plus importants pour sortir de la crise au niveau des déficits mais aussi pour améliorer la compétitivité. L'Espagne, le Portugal et même l'Italie ont exercé une pression importante sur leurs coûts ce qui leur permet d'être presque en mesure de dégager des excédents courants, même si cela s'exerce au détriment de la croissance immédiate.

Paradoxalement, la zone euro est celle qui présente le moins de déséquilibres par rapport aux États-Unis ou au Japon en termes de dette publique ou même de balance courante. Les efforts entrepris pour venir à bout des déficits extérieurs budgétaires lui ont coûté des points de croissance évident, mais ils ont débouché sur certains résultats notables.

Les Etats-Unis ou le Japon ne pourront probablement pas repousser les problèmes éternellement. Outre-Atlantique, le Congressional Budget Office du Congrès américain estime même que la croissance ne suffira pas à réduire les déficits structurels et qu'il faudra faire un effort sur le long terme. Ils ont désormais conscience de ce problème d'autant plus qu'il s'agit de pays où la population vieillit.

Les économies émergentes jouent-elles encore un rôle de "relai de croissance" pour l'occident ?

A partir de l'automne 2012, le redressement des indices de conjoncture aux États-Unis ont été de pairs avec le l'amélioration des perspectives en Chine : les indices PMI sur la production manufacturière se sont améliorés ainsi que le commerce dans le cadre des échanges bilatéraux... Cependant, même s'ils continuent de jouer un place fondamentale, les économies émergentes sont amenées à exercer un rôle moins puissant qu’auparavant en termes de "relai de croissance".

Elles n'auront plus le même effet d'entrainement que dans les années 2000 car, au cours de la précédente décennie, la Chine ou l'Inde tiraient une grande partie de leur croissance des exportations à destinations des économies occidentales où la consommation était soutenue. D'ailleurs, si les États-Unis sont à 2% de croissance et non à 3% ou 4%, c'est aussi parce que les ménages américains sont dans une phase de désendettement et consomment par conséquent moins que par le passé. Les moteurs des exportations des économies émergents étant eux-aussi affaiblis, ces pays resteront des relais de croissance mais dans des proportions différentes.

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