Les Américains tentés de se convertir à la politique monétaire de la BCE... Mais l'économie mondiale y survivrait-elle ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La Fed a révélé mercredi qu'un nombre important de ses dirigeants s'inquiétaient du cap actuel de sa politique monétaire.
La Fed a révélé mercredi qu'un nombre important de ses dirigeants s'inquiétaient du cap actuel de sa politique monétaire.
©Reuters

Changement de cap ?

La Banque centrale américaine (Fed) a révélé mercredi qu'un nombre important de ses dirigeants s'inquiétaient du cap actuel de sa politique monétaire, ce qui pourrait la contraindre à diminuer plus tôt que prévu son soutien énorme à la reprise économique du pays.

Philippe Waechter

Philippe Waechter

Philippe Waechter est directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.

Ses thèmes de prédilection sont l'analyse du cycle économique, le comportement des banques centrales, l'emploi, et le marché des changes et des flux internationaux de capitaux.

Il est l'auteur de "Subprime, la faillite mondiale ? Cette crise financière qui va changer votre vie(Editions Alphée, 2008).

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La publication des minutes de la réunion du comité de politique monétaire de la Federal Reserve a créé un certain émoi sur les marchés. Il y aurait des désaccords entre les membres de ce comité sur la stratégie à mener par la banque centrale américaine. Pour certains, il faudrait remettre en cause la stratégie de rachat d'actifs menée afin d'éviter que les excès ne se transforment en déséquilibres pénalisants pour l'économie américaine.

Ce propos n'est pas nouveau et il y a toujours eu des sceptiques quant à l'efficacité du procédé. On rappelle juste ici que la Fed a abaissé son taux d'intérêt de référence à quasiment 0% mais que même ce taux-plancher est probablement trop élevé pour permettre à l'économie américaine de repartir rapidement. Pour contourner cette contrainte la banque centrale a mis en place des opérations dites de Quantitative Easing visant à racheter des actifs financiers (Obligations d'Etat et Produits de financement immobilier (MBS)). L'objectif est ainsi de permettre un soutien supplémentaire à l'économie même avec des taux d'intérêt quasi nuls.

Il y a toujours eu des opposants à cette stratégie mais généralement ceux-ci se retrouvaient en partie parmi les membres qui votaient les décisions du comité. Il était alors plus compliqué de se mettre en opposition directe avec Ben Bernanke.

Depuis le changement annuel de composition du comité de politique monétaire les membres les plus rebelles sont non votants. Ils participent à la réunion mais ne votent pas les résolutions. Cela leur donne une liberté de parole et comme ils sont plus nombreux et du même côté ils ont un écho qu'ils n'avaient pas auparavant.

D'où cette impression immédiate à la lecture de ces minutes.

Janet Yellen la vice-présidente de la banque centrale et probable candidate à la succession de Ben Bernanke en 2014 a clairement indiqué que la Fed ne souhaitait pas changer de cap. Elle veut être certaine que l'économie aura retrouvé une allure robuste dans la durée avant de modifier la stratégie monétaire. Elle ne veut pas aller trop vite car elle ne veut pas prendre le risque d'agir alors que la croissance américaine est encore insuffisante. Le taux de chômage est encore beaucoup trop élevé pour envisager un changement.

Pour donner un éclairage sur la durée de maintien d'une stratégie accommodante on peut lire le dernier rapport sur le budget (2013 – 2023) du Congressional Budget Office (sorte de commission des finances du Congrès américain). Il est estime que l'économie aura rejoint sa tendance de long terme en 2017, pas avant.

Sortir trop rapidement de la stratégie menée est prendre un risque sur la croissance car spontanément cela durcirait le ton de la politique monétaire alors que du côté de la Maison Blanche des ajustements budgétaires vont se mettre en place. Il y aurait donc une double menace. La première de contraindre l'économie en raison d'un changement de cap brutal alors que l'économie n'a pas encore retrouvé une expansion forte et plus stable. Ce serait aussi prendre le risque de voir les deux composantes de la politique économique devenir en même temps plus restrictives. Les exemples du passé notamment de 1938 doivent éclairer les décisions. A l'époque la croissance était repartie depuis 1933 et il a été  jugé qu'elle était suffisamment robuste pour tolérer une normalisation des politiques économiques. Cela n'était pas le cas et l'économie américaine a replongé en récession. Personne aujourd'hui ne veut tenter une telle prise de risque. Cela serait dangereux pour l'économie américaine mais aussi pour l'économie globale et notamment pour l'Europe car la convergence pour elle vers la tendance de long terme se fera au-delà de 2017.

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