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Les imposteurs républicains
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Bas du front

Après avoir méprisé les valeurs républicaines, le pouvoir politique en appelle à un "front républicain". Et l'éthique dans tout ça ?

À l’issue du premier tour des cantonales, nombre de "responsables" des principaux partis politiques français ont appelé à sauver la République, certains rebattant l’éternelle incantation du "front républicain". Diantre ! Faut-il que le danger soit à notre porte. Celui représenté par le FN, en particulier.

Prenons la classe politique au mot : la République française est malade. D’accord. Mais de quoi ? Le score du FN n’est-il pas un symptôme plutôt qu’une cause ? Mais alors où est la cause ?

La République des faux-monnayeurs

En réalité, ce que notre classe politique appelle "République" est une contrefaçon fabriquée par des faux-monnayeurs, un simulacre qui se pare des atours du vrai. Voilà une classe politique devenue oligarchie, accrochée à ses prébendes, ses affaires et ses malversations, en lesquelles elle ne voit pas de mal, le tout ancré sur des présupposés idéologiques indépassables (la croissance, le nucléaire, le progrès, la mondialisation,…).

Voilà une oligarchie qui nie la souveraineté nationale et qui, subitement, se souvient que la République et le Bien Commun existent. Nous sommes face à une forme d’anti-républicanisme qui se pare des atours de la République et d’une oligarchie qui prétend sauver ce qu’elle détruit chaque jour. La République ? Ce n’est pas rien, la République. Surtout en France. Elle se fonde sur l’idéal d’une citoyenneté active, d’une communauté nationale, le mot "nation" étant en l’espèce compris au sens de "peuple", communauté dans laquelle le commun prime sur l’individuel.

Qui ne voit que ces deux idéaux sont battus en brèche par nos gouvernants ? Ici, l’appel au "front républicain" manque d’autant moins de sel qu’il est appel à l’activité de citoyens dont la principale activité dimanche dernier fut justement de ne pas aller voter. Par dégoût. Par perte complète de confiance. Cet idéal républicain demande aussi que le gouvernement politique soit soumis aux règles de droit. Les citoyens ne sont pas dupes : qui ne voit la multiplication des passe-droits ?

A trop mépriser le peuple...

Cet idéal demande encore que le gouvernement politique agisse au nom de la puissance souveraine, autrement dit au nom des citoyens. Qui ignore encore que la classe politique actuelle ignore la souveraineté du peuple ? Le référendum sur la "Constitution européenne' de 2005, n’en déplaise aux caciques du PS et de l’UMP, demeure ancré dans les mémoires. Voilà donc des hommes et des femmes qui ont subtilisé les principes mêmes de la République et qui maintenant viennent demander de faire front ?

La souveraineté n’est pas seulement celle d’une communauté de citoyens, elle est la volonté commune, celle-là même qui a été subtilisée en 2005. Qui peut croire que les voleurs de République, les faux-monnayeurs de la morale républicaine, sont ses meilleurs défenseurs ? Qui peut accorder le moindre crédit à l’incantation, au "front républicain" ?

La République, c’est tout cela, mais la République c’est aussi une éthique. Et l’éthique est un fondement sans lequel il n’est pas de politique. L’éthique commence par le refus du mensonge, le contraire de ce qui est apparu, dimanche, dans les propos d’un ministre de l’Intérieur annonçant la victoire de la majorité présidentielle quand le parti du président prenait une claque historique, un ministre de l’Intérieur en profitant pour légitimer la réforme des collectivités territoriales, comme si ce scrutin donnait un blanc-seing au gouvernement. À contrefaire la République, la classe politique nie l’essence même du politique. Qui peut entendre l’appel de tels faux-monnayeurs ? Personne. 

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