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L’Oscar et la manière : pourquoi on aime les vieux au cinéma mais pas dans la vie
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Paradoxe

Alors que le film "Amour" de Michael Haneke est nominé pour les Oscars, une dame de 94 ans se fait expulsée de sa maison de retraite...

Muriel Boulmier

Muriel Boulmier

Muriel Boulmier est déléguée de l’UDI chargée du 3ème âge, et Adjointe au Maire d’Agen en charge de la politique sociale et de l’accessibilité. Elle est également l'auteure de deux rapports de missions ministérielles sur l’adaptation de la société au vieillissement, présidente du groupe de travail "Évolutions démographiques et vieillissement" du CECODHAS Housing Europe, mais aussi directrice générale du Groupe CILIOPÉE.

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La vieillesse française sur le chemin des Oscars aux Etats Unis, la vieillesse française sur le chemin de l’expulsion dans les Hauts-de-Seine. Cherchons l’erreur.

Une même situation de femme âgée, fragilisée par la maladie, une même émotion collective, laudative pour l’une, accusatrice pour l’autre. Pourtant « Amour » de Haneke est aussi poignant que la pendule d’argent du salon de Jacques Brel, et la tendresse fait le reste. La voix délicate et mesurée des presque 86 ans de l’actrice Emmanuelle Riva offre, loin du personnage qu’elle incarne, la simplicité et le naturel d’une vieillesse apaisée.

Nous aurions pu nous en satisfaire mais nous gardons en mémoire l’expulsion encore récente d’une dame de 94 ans par les dirigeants de sa maison de retraite, un fait divers qui a suscité l’émoi.

Chacun y va de son commentaire accusateur sur les professionnels indélicats ou les enfants procéduriers. Certes, la capacité financière de la famille à contribuer parait acquise. Mais dans cette affaire, tous les protagonistes se sont soustraits à leurs obligations. Et si l’arbre cachait la forêt ?

Imaginons un univers moins protégé, un univers plus ordinaire : une femme veuve et âgée, incapable, tout comme ses enfants, appartenant pourtant à la sacro sainte classe moyenne, de supporter le coût élevé de l’hébergement (2000 € par mois en moyenne). Loin de la vindicte de l’opinion publique, aussi vive que brève, et au-delà des journaux télévisés, il semble urgent d’anticiper ces situations.

La réforme de la dépendance, reportée d’un gouvernement à l’autre depuis près de dix ans n’empêche pas le grand âge de progresser, installant son cortège de fragilités de plus en plus lourdes. Et même si une loi est annoncée comme planifiée dans le programme 2013 du gouvernement, quand sera-t-elle opérationnelle ?

Chacun sait que le temps législatif est long, entre débats, discussions, amendements, votes, promulgation, décrets… Comment croire que des solutions opérationnelles ne peuvent être trouvées dans l’attente de cette loi ? Le prélèvement sur les revenus des retraités imposables, voté en 2012, et baptisé Casa (contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie) est annoncé solidaire dans son titre. Chiche !

Cette taxe, qui rapportera 700 millions par an dès avril 2013, doit venir abonder le Fonds de solidarité qui finance le minimum vieillesse, avant d’être destinée à financer la dépendance.

Pourquoi ne pas plutôt flécher d’emblée cette ressource vers, par exemple, un fonds de garantie spécifique, un soutien provisoire du financement temporaire de l’hébergement  dans des situations d’impécuniosité, difficiles et parfois conflictuelles ? Cela éviterait la situation exécrable dont l’opinion française a découvert qu’elle était possible.

Il est d’autres pistes encore à explorer et pour l’heure, soyons rassurés, restons optimistes : le vieillissement est enfin tendance, et de toutes les préoccupations, du 7ème Art au Palais de l’Elysée, qui lui s’est mis en tête de dérider le Conseil constitutionnel !

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