Vincent Peillon accusé de "rallumer la guerre scolaire" : mais au fait, qu'est-ce que la guerre scolaire ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La guerre scolaire prend finalement fin au début du XXe siècle quand Emile Combes fait adopter en 1904 une loi interdisant aux congrégations d'enseigner
La guerre scolaire prend finalement fin au début du XXe siècle quand Emile Combes fait adopter en 1904 une loi interdisant aux congrégations d'enseigner
©D.R.

Rappels historiques

La guerre scolaire, que le ministre de l'Education est accusé de "rallumer", désigne en fait dans l'histoire de France un conflit entre les partisans de l'école publique et ceux de l'école privée.

La France est-elle à l'aube d'une nouvelle guerre scolaire ? C'est en tout cas ce que semble penser une partie de la droite en accusant Vincent Peillon de "rallumer la guerre scolaire". En rappelant à l'enseignement catholique son obligation de neutralité, notamment en ce qui concerne le mariage gay, le ministre de l’Éducation nationale a en effet ravivé un douloureux épisode de l'Histoire de France, une lutte entre les partisans de l'école privée et ceux de l'école publique qui s'est déroulée entre 1789 et 1905.

Tout commence en 1789 avec la Révolution. L'ordre établi est remis en question, la question de l'enseignement est donc posée. L'éducation primaire passe ainsi sous la responsabilité de l'Etat. Si la laïcité des écoles est férocement défendue par Condorcet qui rêve d'une Instruction publique qui laisserait de côté les valeurs – et notamment les valeurs chrétiennes – pour n'enseigner que des vérités, l'Etat refuse encore d'imposer l'obligation scolaire qui pourrait entraîner des difficultés pour les familles pauvres compte tenu du manque à gagner, les enfants n'ayant plus autant de temps pour aider leurs parents. Mais l'intérêt grandissant de l'Etat pour l'instruction de la jeunesse inquiète de plus en plus les catholiques qui craignent une diffusion de la pensée de Lumières et des idées socialistes qu'ils accusent l'école de favoriser.

Tandis que les écoles publiques déclinent sous le Consulat, l'Empire et la Restauration, les écoles privées connaissant alors un renouveau et l'instruction religieuse est renforcée. La guerre scolaire peut alors vraiment commencer. Les questions liées à l'enseignement ne vont cesser d'occuper les législateurs. Le ministre Guizot fait ainsi voter sous la Monarchie de juillet en 1833 une loi portant sur l'instruction primaire et qui répond à l'article 69 de la Charte de 1830 qui prévoyait qu'une loi porterait sur "l'instruction publique et la liberté de l'enseignement". Si la loi impose une école primaire par commune de plus de 500 habitants, elle encourage toutefois toujours l'enseignement par les religieux, l'article premier assurant que l'instruction primaire élémentaire comprend nécessairement "l'instruction morale et religieuse". Le texte est pourtant attaqué de tous les côtés : les catholiques sont en effet hostiles à l'existence de l'enseignement public et souhaitent la disparition de l'Université, "antichambre de la Révolution" tandis que la gauche anticléricale combat la liberté de l'enseignement confessionnel.

Quelques années plus tard est votée la loi Falloux. Promulguée le 15 mars 1850 sous la Deuxième République, cette loi portant sur l'instruction publique reste célèbre pour ses dispositions sur la liberté d'enseignement puisqu'elle laisse une place importante à l'enseignement confessionnel. Si l'instituteur doit assurer les prières quotidiennes, et faire apprendre le catéchisme, les catholiques critiquent cette loi qui porte selon eux le vice majeur de maintenir l'Université.

Le tournant a finalement lieu vingt ans plus tard lorsque l'Etat comprend vraiment sous l'impulsion du ministre de l'Instruction publique Jules Ferry que l'éducation des écoliers lui incombe entièrement. Cette série de lois sur l'école primaire votées sous la Troisième République en 1881 et 1882 rendent ainsi l'école gratuite, l'instruction obligatoire et surtout l'enseignement laïque. La loi retire donc à l'Eglise son droit de contrôle, l'enseignement religieux devant désormais être dispensé en dehors des heures de classes. Il va sans dire que les catholiques ne prennent pas bien la chose. Entre la bataille des manuels, l'opposition entre une "école de Dieu" et une "école du Diable", la guerre fait rage entre les partisans de l'école laïque et publique et ceux d'une école privée et catholique. Les curés de certaines paroisses vont jusqu'à priver de sacrements les parents qui inscrivent leurs enfants dans une école publique.  

La guerre scolaire prend finalement fin au début du XXe siècle quand Emile Combes fait adopter en 1904 une loi interdisant aux congrégations d'enseigner, y compris dans les écoles privées, ce qui augmente assez logiquement les "écoles privées laïques". Le 9 décembre 1905 est finalement adoptée à l'initiative du député Aristide Briand la loi de séparation des Eglises et de l'Etat. La place des Eglises dans la société française est enfin clarifiée, la guerre des écoles prend fin. Enfin, jusqu'à aujourd'hui comme semblerait le penser une partie de l'opposition.

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