La science plus forte que les handicaps ? Demain, des micropompes pour retrouver l'ouïe <!-- --> | Atlantico.fr
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De nouveaux dispositifs pour corriger et guérir la surdité pourraient apparaître au cours des dix prochaines années.
De nouveaux dispositifs pour corriger et guérir la surdité  pourraient apparaître au cours des dix prochaines années.
©DR

Qu'est-ce qui dit ?!

Quatrième volet de notre série sur la science contre les handicaps. D'ici dix ans, de nouveaux dispositifs pour corriger et guérir la surdité pourraient émerger.

Bruno  Frachet

Bruno Frachet

Bruno Frachet est Professeur des universités à Paris 13, médecin et chirurgien ORL. Il exerce au sein de l'hôpital Rothschild à Paris.

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Vous pouvez également lire ou relire les autres épisodes de notre série sur la science plus forte que les handicaps, consacrés notamment à la "réparation" des amputés et aux pistes pour retrouver la vue.

Atlantico : Peut-on espérer que les progrès scientifiques permettent aux personnes sourdes et malentendantes de retrouver l'ouïe ?

Bruno Frachet : On cherche maintenant à réparer, et corriger la surdité. Dans dix années, on sera sans doute capable de placer des médicaments dans l'oreille interne, qui seront eux- même capables d'éviter qu'une surdité s'aggrave, ou qui pourront réparer des cellules nerveuses défaillantes, ou disparues. Il n 'y a pas encore d'application chez l'homme, mais la recherche avance très vite.

L'opération consistera à placer sous la peau une "micro-pompe" toute petite, qui délivrera très progressivement des médicaments. Plutôt que de prendre ces derniers par la bouche, ils seront directement diffusés dans l'oreille interne. On entendra beaucoup parler de ce dispositif dans cinq à dix ans, c'est un axe de la recherche qui est fort.

Pour le moment, les scientifiques ont à peu déterminé les médicaments qui seront utilisés, mais on n'a pas encore les voies d'injection, les "micro-pompes". Trouver ce diffuseur constitue la principale difficulté. De plus, même si on dispose de produits candidats, il faut encore vérifier les doses, les risques qu'ils présentent, … Il y a encore beaucoup de travail, qui va être fait chez l'animal, et sur l'homme pour essayer de démontrer tout cela.  

Quels sont les progrès qui ont été faits ces dernières années en matière d'appareils auditifs ?

Les appareils auditifs visent à compenser la surdité par un dispositif qui va permettre de mieux entendre. Dans une première catégorie, on peut placer les progrès de la prothèse dite conventionnelle, qui très connue. Il s'agit de placer un petit appareil dans le conduit auditif externe de l'oreille. Les progrès électroniques de cet appareil sont permanents, et c'est un dispositif amovible et évolutif : si jamais la surdité de la personne s'aggrave, on peut améliorer la performance de cette prothèse.

Le grand défi vis-à-vis de cette prothèse qui se pose est la compréhension dans le bruit. Il est nécessaire de permettre la compréhension de la parole de son interlocuteur alors qu'il y a un bruit de fond, ou une situation dans laquelle  plusieurs personnes parlent en même temps, comme au restaurant on ou en réunion. C'est difficile à gérer mais il y a des progrès tous les jours.  

Y-a-t-il des améliorations concernant les implants auditifs ?

Les dispositifs mis en place par le biais de la chirurgie rentrent dans la deuxième catégorie des dispositifs visant à compenser la perte d'audition. Ils imposent une collaboration étroite entre le chirurgien et l'audioprothésiste. Il existe plusieurs types de dispositifs implantés, comme les implants cochléaires, qui datent d'il y a cinquante ans. Ce sont des prothèses destinées à compenser les surdités complètes, celles qui ne peuvent pas profiter d'un autre type d'appareil.

Ce dispositif va exciter directement les terminaisons nerveuses du nerf auditif, il s'agit donc d'un système placé à l'intérieur de la coquelet qui est l'oreille interne, et qui va envoyer des petites impulsions électriques comme si on appuyait sur les touches d'un piano avec les sons graves et les sons aigus. Cela permet donc la compréhension de la parole. Cette révolution qui date d'il y a cinquante ans est maintenant presque ancienne, et elle intéresse environ 1000 personnes en France. 180 000 personnes sont concernées par ce dispositif dans le monde.

Les implants cochléaires concernent les surdités très sévères ou complètes pour lesquelles il n'y a pas d'autres solutions. Ils s'adressent aux nourrissons à partir du moment où le diagnostic de la surdité est possible. On va alors proposer une implantation afin que l'enfant découvre très tôt l'audition, et puisse avoir une parole normale. Les implants peuvent également bénéficier aux adultes et aux personnes âgées. Ce dispositif est implanté à vie, il faut le changer tous les 12 à 15 ans, et le surveiller. L'implant cochléaire représente une grosse avancée dans le domaine scientifique, mais aussi en termes de bénéfices pour le patient complètement sourd.

Les défis sont les à peu près les mêmes que pour les personnes malentendantes. En matière de résultat dans le bruit, les prothèses conventionnelles sont peut être plus efficaces. Il y a souvent des côtés très bénéfiques, dans le cas où la personne sourde porte d'un côté une prothèse conventionnelle, et de l'autre un implant : c'est une bonne solution lorsque la vitesse d'évolution de la surdité n'est pas la même entre l'oreille gauche et la droite.

Il existe aussi un autre type d'implants : ceux d'oreille moyenne. Cela consiste à placer un vibrateur directement  sur les osselets à l'intérieur de l'oreille moyenne. Le dispositif est très petit, et son implantation sur les os de l'oreille moyenne joue un rôle d'amplificateur.

Ces  "'implants d'oreille moyenne" se trouvent en concurrence avec les prothèses conventionnelles. On les propose lorsque l'on ne peut pas porter de prothèse dans le conduit auditif externe, en cas d'intolérance du conduit, ou lorsque les résultats de la prothèse conventionnelle ne sont pas excellents. On peut donc ce rabattre sur ces prothèses.

Il faut aussi citer les implants vibrateurs directement sur l'os du crâne. Dans certains cas de surdité, on peut proposer placer un vibrateur directement sur l'os, ce qui donne des résultats très intéressants dans certains cas.  Ces dispositifs sont appelés prothèses à ancrage osseux, car ils sont fixés sur l'os du crâne. Ils sont proposés lorsque dans le cas exemple une oreille qui coule, par exemple.

L'ORL doit donc choisir le dispositif le plus approprié à la surdité de la personne qui vient consulter. Tous outils résultent de progrès technologiques énormes, et ils sont tous disponibles.

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois

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