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Et maintenant... Le blackout
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Crise énergétique

Privé de 20 % au moins de sa capacité de production d'électricité, frappé par une vague de froid accompagnée de chutes de neige, le Japon doit apprendre dans l'urgence a économiser l'énergie... Le gouvernement a lancé un appel au civisme demandant aux Japonais de réduire leur consommation d'électricité. Une situation qui devrait perdurer plusieurs mois et peut-être plusieurs années.

Gilles Berhault

Gilles Berhault

Gilles Berhault est Président du Comité 21, Comité français pour le développement durable.

Il est également Président d’ACIDD, association communication et innovation pour le développement durable

Gilles Berhault est aussi l'auteur de Développement durable 2.0. L’internet peut-il sauver la planète ? (Edition de l’Aube)

Gilles Berhault
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Le Japon est confronté à une question très simple à cause de la crise majeure qu'il est en train de traverser : Centrales nucléaires détruites ou à l'arrêt, centrales thermiques endommagées ou privées de carburant, les raffineries étant elles-mêmes détruites.

Peut-il « fonctionner » avec 15 ou 20 % d’énergie en moins, pendant plusieurs mois, voire plusieurs années ? Peut-il en faire un nouveau modèle urbain exemplaire ? Comment aller plus loin dans la modernisation de la ville, en la rendant plus économe en énergie ?

Des solutions existent, apportant chacune une part de la solution globale. Elles sont opérationnelles, et croisent apport de technologies numériques et changements de comportements.

La première dimension de la ville durable et connectée est la mobilité. Le transport pendulaire –domicile – travail - nous prend beaucoup d’heures de vie, souvent en voiture, générant des coûts environnementaux et sanitaires considérables, mais aussi du stress, des problèmes de santé. Ce sont aussi les déplacements pendant la journée, avec tous les modes de transports, difficile à mélanger par incompatibilité ou manque d’information accessible en temps réel. Faisons le pari qu’un million de personnes pourrait gagner une heure de voiture par jour (au moins 1 milliard de litres de carburant par an) grâce au télétravail. De nouveaux concepts de lieux de travail mutualisés restent à créer à proximité du domicile, au Japon comme ailleurs dans le monde.

La deuxième dimension est celle de l’information énergétique pour agir sur les comportements. Elle est maintenant de plus en plus coproduite par les usagers eux-mêmes et géolocalisée. Nous en avons besoin en permanence pour bien vivre et gérer la ville : aspects environnementaux, sociaux, économiques et culturels.  Aujourd’hui chacun veut justement participer, donner son avis en temps réel. Savez vous qu'à Singapour, où il fait actuellement 40° dans la journée, la moitié de la population est habillée avec des vêtements "d'hiver", car les climatiseurs dont tous les bâtiments sont équipés tournent à fond ? Le Japon avait déjà montré l'exemple voici quelques années, en décidant que les climatisations des buildings seraient réglées sur... 28°. A Singapour, les autorités ont fixé le seuil à 24°.

La troisième dimension est celle du pilotage de réseaux intelligents d’énergies et de fluides, les « smart grids ». Pendant longtemps, nous avons cru que les ressources étaient infinies, qu’il suffisait de produire de l’électricité en grandes quantités et de la « pousser » vers les utilisateurs. Cette logique de la ressource abondante s’est totalement transformée. Ce qui fonde aujourd’hui l’économie est exactement le contraire : l’efficacité. Comment économiser et réduire nos consommations ? Nous avons besoin d’outils d’information et de pilotage et de bâtir des réseaux d’information efficaces. Les technologies numériques sont capables de prendre les décisions et d’agir avec précision et anticipation sur la gestion du chauffage, de l’éclairage et de l’eau.

Evidemment, des choix politiques sont à faire dans les villes : la suppression de l’éclairage public sur les autoroutes, la plus grande accessibilité des informations sur les transports, la réduction de l’éclairage public, ainsi que les boucles locales à partir d’énergie comme le photovoltaïque, la biomasse et l’éolien.

La ville reste à réinventer, espérons que les Japonais montreront la voie, le destin leur ayant forcé la main.

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