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Ni ni de Florange : le gouvernement doit apprendre à regarder la vérité de l’industrie française en face (et à la dire aux salariés)
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Toute la vérité

Tandis que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé vendredi qu'il n'y aura pas de plan social à Florange, Arcelor Mittal s'est engagé à investir 180 millions sur 5 ans. Les syndicats n'ont toutefois pas caché leur déception.

Sophie de Menthon  Alain Fabre

Sophie de Menthon Alain Fabre

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME)

Elle est aussi l'une des personnalités qualifiées membres du Conseil Economique, Social et Environnemental.

Alain Fabre travaille comme Conseil financier d'entreprise. Il est également expert économique à la Fondation Robert Schuman et à l'Institut de l'Entreprise.

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Après l'annonce de l'accord conclu avec le groupe Mittal, on est tenté de  dire : beaucoup de bruit pour rien ! Comme chez notre La Fontaine, la montagne accouche d'une souris. Jean-Marc Ayrault serait- il la voix de la sagesse dans un gouvernement où certains confondent travailler et haranguer ?

C'est un nouvel exemple de discrédit de la parole publique sur le fond et sur la forme... le "casse-toi" est devenu un sport d'équipe, après Bernard Arnault c'est Mittal... Les principales victimes sont les salariés à qui on a promis le Père Noël. Les autres discrédités sont Arnaud Montebourg qui passe pour le Mélenchon de service et peut-être le président de la République, qui endosse le rôle de nouveau Louis XVI : il arbore le bonnet phrygien pour faire plaisir à l'extrême gauche et prend la fuite de Varennes quand il s'agit de décider. Mais après tout, peut-être est-ce une fine stratégie politique dans un pays ingouvernable ? Montebourg distribuant des croissants aux gréviste avait un côté Marie Antoinette : s'ils n'ont pas de pain qu'ils mangent de la brioche ! Ce serait drôle si ce n'était jouer avec l'émotion et l'inquiétude des salariés en s'en servant pour faire la politique au sens peu noble du terme.

La première règle que le pouvoir politique doit se donner dans des dossiers comme Florange, dont il ne faut pas minimiser la difficulté, c'est de dire la vérité. Même à ces salariés dont personne n'oublie la détresse, le courage de ne pas donner de faux espoirs pour les trahir finalement assez lâchement. Idem avec PSA: on insulte les dirigeants, on fait semblant d'être ferme et on ne fait qu'encourager la radicalisation et les fuites en avant extrémistes, à gauche comme à droite. 

La France a besoin de faire des réformes très lourdes: le devoir des dirigeants politiques, c'est la responsabilité et la pédagogie. Faire confiance aux entrepreneurs de toutes sortes, ne pas les livrer en pâture comme dans les jeux du cirque... A propos, merci M. le ministre du Travail d'avoir dit dans les médias que l'utilisation du crédit d'impôt serait vérifiée pour que le patron ne s'achète pas une belle voiture ! Quoique si c'est une Peugeot...

Pour en revenir à Mittal, il faut dire la vérité et contrairement à ce qu'ont affirmé les syndicats, si le site est viable on ne voit pas pourquoi Mittal fermerait la caverne d'Ali baba. On ne peut faire reposer toute la dénonciation de Mittal sur sa voracité d'actionnaire obsédé par la rentabilité et lui reprocher de fermer un site rentable. D'ailleurs toute la logique de l'accord passé hier consiste à utiliser le site sur un autre projet industriel : l'ultra-low carbon dioxyde steelmaking (ULCOS) bref de l'acier écolo. 

L'accord en lui même est finalement une solution plutôt classique et équilibrée de déclassement du site. Mittal voulait réduire des capacités de production sur un marché en surcapacité. 

Tous les plans agités par Montebourg (et soutenus par Borloo ou Guaino), auraient fragilisé les 20.000 salariés du groupe en France. Félicitons donc le gouvernement. Mais pourquoi cette comédie préalable? Quelle image désastreuse et quel doute distillés dans l'esprit des français.

Il faut éviter de ressortir régulièrement les solutions du Front Populaire ou de 1945 si l'on veut que la France retrouve une place dans le monde industriel du XXI° siècle.

Le drame industriel ce n'est pas que Florange et Pétroplus ferment, c'est que l'herbe industrielle ne repousse plus en France. Il faut faciliter la tâche des créateurs d'entreprises, de ceux qui investissent ou qui innovent dans l'économie du XXIe siècle. Si ce n'avait été le cas on en serait encore aux diligences et à la lampe à huile. C'est le moment de réinventer le libéralisme qui est un humanisme lorsqu'on joue le jeu avec un État garant... surtout pas gérant.

Depuis six mois, qu'il s'agisse du fond de la politique économique avec un véritable enfer fiscal qui piège tous ceux qui, à un titre ou un autre, incarnent la vitalité entrepreneuriale (chefs d'entreprises, investisseurs) ou des messages que le pouvoir délivre urbi et orbi, la France devient un coupe gorge pour investisseurs dans lequel l'Etat est prêt à tout et notamment à piétiner tous les principes de droit – de propriété – qui sont les clés du développement économique. Nous n'avons aucun intérêt à devenir les Hugo Chavez de l'Europe !

Le bon cap c'est celui du gouvernement qui semble prendre conscience des problèmes comme avec le rapport Gallois et le CICE. Même si ce n'est pas parfait... C'est la seule petite lueur d'espoir.

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