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Conférence de presse de Francois Hollande : la rupture formelle avec la présidence normale
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François Hollande s'est exprimé mardi 13 novembre face à une parterre de journalistes et face aux Français. Il n'a pas réussi à se démarquer sur l'endroit restant dans le traditionnel Elysée. Quid du style adopté pour s'exprimer et qui sait se démarquer?

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot est l'auteur de Trônes en majesté, l’Autorité et son symbole (Édition du Cerf), et commissaire de l'exposition Trésors du Saint-Sépulcre. Présents des cours royales européennes qui fut présentée au château de Versailles jusqu’au 14 juillet 2013.

 

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Sous les regards conjoints d’Esther et de Mardochée que le talent des liciers des Gobelins sous Louis XV ont su traduire en fils d’or et de soie pour le Garde-Meuble de la Couronne, François Hollande est apparu hier dans la Salle des Fêtes du palais de l’Elysée.

Pour sa première conférence de presse, le président normal a souhaité ne pas faire l’économie de la solennité du protocole élyséen comme il l’avait primitivement envisagé.

Sans même entrer dans la teneur du discours politique, il est intéressant de s’arrêter sur la mise en scène et sur la gestuelle présidentielle adoptées pour mieux mettre en relief la stature de chef d’Etat de François Hollande lors ce premier rendez-vous médiatique si déterminant, à en croire les journalistes, pour l’avenir du quinquennat.

L’exercice n’est pas nouveau. Le général De Gaulle, François Mitterrand, Nicolas Sarkozy, entre autres, s’y sont employés non sans quelques succès.

Assurément, la prestation d’hier ne pouvait atteindre le degré de gravité des traditionnelles interventions du fondateur de la Ve République puisque le cérémonial actuel s’affranchit, depuis le septennat de François Mitterrand, de la position assise et surélevée ordinairement retenue pour le chef de l’Etat s’exprimant en public, de surcroît en présence d’un auditoire assis face à lui. La mode anglo-saxonne s’est progressivement imposée dans nos différentes institutions occidentales pour river désormais les chefs d’Etat devant un sempiternel pupitre de plexi glass les contraignant à s’exprimer debout, contrairement à une vénérable tradition scrupuleusement observée. En effet, sous toutes les latitudes et à toutes les époques de l’humanité, la caractéristique spécifique propre à chaque détenteur d’une parcelle d’autorité est de pouvoir s’exprimer assis, la position debout plaçant tout chef d’Etat parlant en public dans celle d’un simple orateur que son auditoire resté assis, à l’instar de la Boulê athénienne, peut révoquer à tout moment ou dont elle peut se moquer comme bon lui semble.

En abrogeant de la sorte la distance qui sépare le détenteur de l’autorité du simple citoyen, le premier croit bien faire, croit pouvoir mieux séduire le second, ou se croit encore assez supérieur pour s’affranchir de « vaines » formalités. Mais en fait, il se montre pour qui sait voir et comprendre comme un personnage dépourvu de tout empire, démuni, ainsi que George W. Bush en a fait la triste expérience lors de son discours d’adieux au président afghan.

Hier soir, François Hollande s’est donc adroitement fondu dans le moule de son prédécesseur socialiste en adoptant un discours posé, une gestuelle maitrisée ponctuée essentiellement par la main droite, usant finement d’imperceptibles pointes d’humour. En martelant quelques mots clés comme celui de responsabilité, il a su donner vis à vis des gens de Lettres quelque gage en évoquant la querelle des Anciens et des Modernes ; en direction des postmodernes, il a su inventer une nouvelle expression « faire nation » ; pour les plus endormis au bout de 40 minutes de discours, il n’a cependant pas su les faire émerger de leur torpeur en rappelant un fait vérifié « depuis plusieurs années, du moins depuis deux ans » ; aux plus enthousiastes il a su dire vouloir « répondre à une question qui ne m’a pas été posée… non plus » ; pour les plus rigoureux il a évoqué « le rôle dévolu par l’Histoire ». Adroitement, malgré une cravate bleue vagabonde, il a su se soumettre à l’appréciation des médias -toujours soucieux d’apparaître en arbitres- en répondant aux questions relatives aux couacs et aux sondages.

Mais surtout il est un autre détail de langage qu’il convient de relever, démontrant une rupture complète avec la présidence normale d’autrefois.

A deux reprises, François Hollande a prononcé le nom de Nicolas Sarkozy pour attribuer à son prédécesseur un rôle positif : tout d’abord sur la politique étrangère conduite par son prédécesseur au sujet de la Syrie et du Mali puis au sujet des otages encore en captivité.


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