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Quelles seraient les conditions pour exploiter proprement les gaz de schiste ?
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Huile et gaz

François Hollande a affirmé mardi 13 novembre lors d'une conférence de presse que la fermeture du dossier des gaz de schiste n'empêchait pas de continuer les recherches sur d'autres techniques d'exploitation. Comment exploiter proprement cette énergie "bénie des dieux", selon l'ancien Premier ministre Michel Rocard ?

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Atlantico: François Hollande a affirmé mardi 13 novembre lors d'une conférence de presse que la fermeture du dossier des gaz de schiste n'empêche pas de continuer les recherches sur d'autres techniques d'exploitation. Quelles sont les méthodes utilisées pour extraire les gaz de schiste aujourd'hui, et quels sont leurs risques ?

Florent Detroy : Actuellement, la technique de la fracturation hydraulique, qui consiste à envoyer un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques dans la roche pour la fracturer, est quasiment la seule technique utilisée. C’est la violence de cette fracturation pour les sols, ainsi que la pollution engendrée par ce procédé, qui mobilisent les "anti-gaz (et pétrole également) de schiste". Toutefois, il est difficile de parler d’un seul et même risque, tant les conséquences de l’exploitation varient selon les sociétés et les régions. Aux États-Unis notamment, la production a commencé sans réelle analyse au préalable des risques. Certaines sociétés ont accidentellement contaminé des nappes phréatiques avec des produits chimiques toxiques (benzène par exemple). De même, en Angleterre, des micro-séismes ont été provoqués par la fracture hydraulique. Enfin cette technique consomme énormément d’eau, ce qui a pu provoquer des risques de pénuries dans certaines régions comme le Texas. Cette année, l’EPA, l’agence de l’environnement américaine, a commencé à poser les bases d’une meilleure régulation. Elle oblige désormais les compagnies à traiter certains déchets émis lors de cette exploitation. En 2015, la législation va se durcir.

Existe-t-il des pays qui mènent des recherches sur des méthodes plus propres ? 

La recherche et développement dans ce domaine est majoritairement privée. Les technologies de la fracture et du forage horizontal, deux technologies-clefs qui ont permis l’exploitation de ces ressources, ont été développées par des compagnies américaines. Il est normal de voir à nouveau les compagnies américaines proposer des améliorations de ces technologies. Ainsi, une compagnie comme Gasfrac propose depuis quelques années un gel fait à base de propane liquéfié (LPG, liquefied propane gas) pour fracturer, ce qui réduit l’usage en eau. La compagnie a commencé une exploitation commerciale de sa technologie. D’autres compagnies ont annoncé d’importantes inventions, comme l’utilisation d’éponge (projet « smart sponge »), pour nettoyer l’eau à la sortie du puits, mais ça reste un projet.

Est-il possible de quantifier les ressources de la France ?

Nous n’avons pas d’information précise sur les ressources françaises. Aux Etats-Unis, les ressources ont constamment été revues à la hausse, si bien que l’on ne sait pas forcément l’état total des ressources. A l’inverse, en Europe de l’Est, notamment en Pologne, les ressources qui devaient s’avérer immenses, ont été revues à la baisse lorsque les compagnies ont commencé leurs activités. En France, le blocage législatif, même sur la recherche, empêche de savoir exactement ce qu’il en est.

Peut-on penser que la France adopte une position de stratège, et attend d'exploiter ses ressources car elles auront plus de valeur dans le futur, ou a-t-elle vraiment clos le dossier car l'heure n'est pas à la réflexion ?

Pour reprendre votre expression, « l’heure n’est pas à la réflexion ». En tout cas, publiquement. J’ai l’impression que le ministère de l’Economie, et surtout celui de l’Industrie, seraient tentés de lancer quelques pistes de réflexion. De toutes façons, il n’est pas dans l’intérêt de la France d’attendre que les prix remontent, ce gaz serait vendu majoritairement aux industriels français. Nous pourrions effectivement le vendre à l’étranger, notamment à l’Allemagne qui a décidé de se passer d’énergie nucléaire, mais encore faut-il avoir les gazoducs adéquats, ainsi que les centrales au gaz en Allemagne prêtes à accueillir ce gaz. L’avantage des Etats-Unis, c’est qu’ils avaient déjà un maillage de gazoducs très serrés, et des centrales au gaz en quantité.

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois

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