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La gravité de la crise va-t-elle obliger François Hollande à prendre le virage indispensable sans attendre deux ans comme Mitterrand en 1983 ?
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Editorial

Hausse des prélèvements obligatoires, projet de taxation des plus-values lors de cessions des entreprises... En s’infiltrant ainsi partout, l'Etat risque la panne économique. A ce rythme, l'indispensable tournant de la rigueur pourrait arriver plus vite que prévu.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Il y a comme un relent de 1981 dans l’atmosphère qui règne autour du Parlement. Certes, il n’est plus question de placer les grands acteurs de l’économie française dans le giron de l’Etat, mais on assiste à une sorte de renationalisation canada dry dans tous les domaines. Il a beau être exsangue, avec des caisses vides, l’Etat revient en force, il s’infiltre partout et a entrepris avec les mesures fiscales en cours une véritable confiscation de l’épargne.

Première manifestation de cette évolution : la hausse des prélèvements obligatoires qui atteint un record absolu en France mais aussi en Europe, qui conduit la puissance publique à s’approprier plus de la moitié de la richesse nationale.

Deuxième aspect : le projet de taxation sur les plus-values dans le cas de cession des entreprises qui peut aller jusqu’à 62,2% (sans parler de la future hausse de la CSG en préparation) et qui a provoqué une révolte spontanée des patrons devant ce qui apparaît comme une véritable appropriation de leur patrimoine. Car, si l’on ajoute les prélèvements opérés au moment de la succession, le créateur se trouverait totalement dépossédé de son bien.

Quant aux intérêts, compte tenu de tous les relèvements annoncés et de l’inflation, les taux d’imposition pourraient atteindre 120 % l’an prochain selon les calculs de l’Observatoire Français des Conjonctures économiques (OFCE). Ainsi, non  seulement, l’Etat prendrait tout, mais il en redemanderait encore !

Tout ceci parait aberrant et relève d’une méconnaissance profonde de l’entreprise, considérée comme une caverne d’Ali Baba, aux ressources inépuisables. Et l’Etat  préfère charger la barque de ceux qui font l’activité économique, pour ne pas avoir à tailler dans les dépenses publiques, en croyant ainsi qu’il va sauver la consommation, qui représente à ses yeux le seul moyen d’éviter une franche récession. C’est un contresens total, puisqu’il va subir la double peine : celle de la panne de l’activité économique et un comportement plus frileux des Français qui auront tendance à réduire leurs dépenses.

Il est indispensable de restaurer au plus vite la noblesse de la fonction de chef d’entreprise et de redonner aux patrons un minimum de confiance, alors qu’ils doivent faire face depuis 2008 à l’une des crises les plus sévères qui soit, dans un environnement  dégradé, où la concurrence est impitoyable, le recours au crédit difficile et les rigidités du marché du travail et de la réglementation incompatibles avec la déferlante sur nos marchés des produits  des pays émergents.  

En 1981, il a fallu près de deux ans et trois dévaluations à la gauche pour réaliser ses erreurs et changer radicalement de politique. Cette fois, on pourrait ne pas aller aussi loin dans les excès. La gravité de la crise pourrait déciller les yeux plus rapidement. Les plus optimistes décèlent un début de prise de conscience dans certains propos récents du chef de l’Etat. Saura-t-il, ou plutôt pourra-t-il amorcer le virage indispensable pour éliminer les embûches accumulées au cours des derniers mois et redonner un peu d’air à l’économie ? Cela suppose d’obtenir une véritable conversion de la majorité politique qui le soutient en lui faisant abandonner son conservatisme et ses idées reçues. Un véritable travail  d’Hercule.

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