Rapport sur l’emploi des jeunes : de mauvaises réponses à de bonnes questions !<!-- --> | Atlantico.fr
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Est-ce la volonté du MEDEF de voir le RSA des jeunes avancer de 25 ans à 18 ans ?
Est-ce la volonté du MEDEF de voir le RSA des jeunes avancer de 25 ans à 18 ans ?
©Reuters

Tout ça pour ça

Le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur l’emploi des jeunes ne comporte aucune réelle simplification du système qui pourrait enfin inciter les chefs d’entreprise à embaucher un jeune.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Les recommandations remises hier par le Conseil Economique, Social et Environnemental à la Ministre de la Jeunesse dans le rapport sur l’emploi des jeunes sont le symptôme du mal français.

Il s’agit d’un bel inventaire des mécanismes administrés traditionnels que le rapport tente d’améliorer… Mais celui-ci ne remet pas en cause les strates de ce mille-feuille de circuits théoriques réputés faciliter la formation et l’apprentissage des jeunes : qu’il s’agisse de tuteurs dans l’entreprise, de parcours de professionnalisation matinées d’équivalences ou de passerelles à retrouver dans un imbroglio « kafkaïen » qui n’a de véritable logique que sur le papier. On ne trouve pas de réels apports, concrets et réalistes ; de remises en cause, de simplifications qui puissent donner un nouvel élan, que ce soit en matière de formation ou d’initiatives de toutes sortes pour aborder le monde du travail et entreprendre chacun à sa façon.

Le rapport affirme que rien ne sera vraiment possible à long terme sans croissance. Difficile de penser autrement… Mais il faut en créer ces conditions.

Certes « sécuriser les parcours professionnels », « réglementer d’avantage les stages », « renforcer la protection sociale » sont de louables préconisations.

Sauf que la lecture de ce rapport est tout sauf incitative pour un chef d’entreprise qui veut embaucher un jeune. Le problème ce n’est pas le jeune à intégrer, c’est tout ce qui va avec pour le protéger d’un hypothétique danger tentaculaire du travail. Il faut faire mieux et plus pour les jeunes c’est vrai, mais à 3 millions de chômeurs on ne va pas en créer de nouveaux, avant même qu’ils n’aient travaillé (c’est ce à quoi revient le fait de faire passer le RSA de 25 ans à 18 ans même « sous réserves ») !

Quant à « l’accompagnement » prôné tout au long du rapport, par qui ? Sous quelle forme ? Des fonctionnaires ? Un univers associatif éloigné peu familier du quotidien de l’entreprise ? Et cette multiplication des accompagnants, qui la paie ?

Pour recruter des jeunes (ou des seniors) les entrepreneurs veulent avant tout remettre en cause une complexité et une pseudo-protection à base de contrôles répressifs purement français qui étouffent plutôt que d’encourager.

Le plus étonnant dans tout cela reste la réaction des représentants du MEDEF au CESE qui se sont abstenus plutôt que de voter « contre » cet avis.

Est-ce la volonté du MEDEF de voir le RSA des jeunes avancer de 25 ans à 18 ans ? De créer un service public de l’orientation des jeunes ? De multiplier les emplois aidés ? De voir progresser l’encadrement des parcours au détriment d’une souplesse dont jamais les PME n’ont eu autant besoin ?

Est-ce la volonté du MEDEF de voir appliquer des propositions pour un monde idéal que nous n’avons absolument pas les moyens de financer (à moins de demander au Qatar !) ? … On comprend que le rapporteur Jean-Baptiste Prévost représentant de l’UNEF (Union Nationale des étudiants de France) se soit battu pour son idéal mais en revanche le silence du MEDEF est assourdissant. Avec un tel patronat, autant baisser les bras tout de suite !

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