De l'école au harem de Kadhafi<!-- --> | Atlantico.fr
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Mouammar Kadhafi a pris une petite fille pour esclave sexuelle.
Mouammar Kadhafi a pris une petite fille pour esclave sexuelle.
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Esclave sexuelle

Sorya a 15 ans et appelle le Guide libyen, Papa Kadhafi. La jeune fille a été repérée par Mouammar Kadhafi dans son école. Sa vie bascule. La petite fille est jetée entre les mains de l'ogre et devient son esclave sexuelle. Annick Cojean l'a rencontrée et raconte son histoire. Extraits de "Les proies : Dans le Harem de Khadafi" 1/2

Annick  Cojean

Annick Cojean

Annick Cojean est grand reporter au journal Le Monde. Elle est l'auteur de plusieurs livres dont FM, la folle histoire des radios libres, écrit avec Eskenazi et Retour sur images, publié chez Grasset.

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Nous avons roulé longtemps. Je n’avais pas idée de l’heure mais cela m’a semblé interminable. Nous avions quitté Syrte et foncions à travers le désert. Je regardais droit devant moi, je n’osais pas poser de questions. Et puis nous sommes arrivés à Sdadah, dans une sorte de campement. Il y avait plusieurs tentes, des 4 × 4, et une immense caravane, ou plutôt un camping-car extrêmement luxueux. Mabrouka s’est dirigée vers le véhicule en me faisant signe de la suivre, et j’ai cru apercevoir, dans une voiture faisant demi-tour, l’une des écolières qui avaient été choisies comme moi, la veille, pour accueillir le Guide. Cela aurait dû me rassurer et pourtant, au moment d’entrer dans la caravane, j’ai été prise d’une angoisse indescriptible. Comme si tout mon être refusait la situation. Comme s’il savait, intuitivement, que quelque chose de très négatif se tramait.

Mouammar Kadhafi était à l’intérieur. Assis sur un fauteuil de massage rouge, la télécommande à la main. Impérial. Je me suis avancée pour embrasser sa main qu’il a tendue mollement en regardant ailleurs. « Où sont Faïza et Salma ? » a-t-il demandé à Mabrouka d’une voix irritée. « Elles arrivent. » J’étais stupéfaite. Pas le moindre regard vers moi. Je n’existais pas. Plusieurs minutes se sont écoulées. Je ne savais pas où me mettre. Il a fini par se lever et m’a demandé :

« D’où est ta famille ?

— De Zlinten. »

Son visage est resté impassible. « Préparez-la ! » a-t-il ordonné et il a quitté la pièce. Mabrouka m’a fait signe d’aller m’asseoir sur la banquette d’un coin aménagé en salon. Les deux autres femmes sont entrées, à l’aise comme si c’était chez elles. Faïza m’a souri, s’est approchée de moi et m’a pris familièrement le menton : « Ne t’inquiète pas, petite Soraya ! » et elle est repartie dans un éclat de rire. Mabrouka était au téléphone. Elle donnait des instructions et des détails pratiques pour l’arrivée de quelqu’un, peut-être une fille comme moi, puisque j’ai entendu : « Amenez-la ici. »

[…]

Kadhafi était nu sur son lit. Quel effroi ! Je me suis caché les yeux en reculant, abasourdie. J’ai pensé : « C’est une horrible erreur ! Ce n’était pas le moment ! Ah mon Dieu ! » Je me suis retournée, Mabrouka était là, sur le seuil de la porte, le visage dur. « Il n’est pas habillé ! » ai-je murmuré, totalement affolée et pensant qu’elle ne s’en était pas rendu compte. « Entre ! » a-t-elle dit en me refoulant. Il m’a alors attrapé la main et forcée à m’asseoir à côté de lui sur le lit. Je n’osais pas le regarder. « Tourne-toi, putain ! »

[…]

Il était nu. Allongé sur un grand lit aux draps beiges, dans une chambre sans fenêtre et de la même couleur, il donnait l’impression d’être enfoui dans du sable. Le bleu de ma chemisette contrastait avec l’ensemble.

« Viens donc, ma pute ! » a-t-il dit en ouvrant les bras. « Arrive, n’aie pas peur ! » Peur ? J’étais au-delà de la peur. J’allais à l’abattoir. Je rêvais de m’enfuir mais je savais Mabrouka en embuscade derrière la porte. Je restais immobile, alors il s’est levé d’un bond, et avec une force qui m’a surprise, m’a attrapé le bras et lancée sur le lit avant de se coucher sur moi. J’ai tenté de le repousser, il était lourd, je n’y arrivais pas. Il m’a mordu le cou, les joues, la poitrine. Je me débattais en criant. « Ne bouge pas, sale putain ! » Il m’a donné des coups, m’a écrasé les seins, et puis ayant relevé ma robe, et immobilisé mes bras, il m’a violemment pénétrée.

Je n’oublierai jamais. Il profanait mon corps mais c’est mon âme qu’il a transpercée d’un coup de poignard. La lame n’est jamais ressortie.

J’étais anéantie, je n’avais plus de force, je ne bougeais même plus, je pleurais. Il s’est redressé pour prendre une petite serviette rouge à portée de sa main, l’a passée entre mes cuisses et a disparu dans la salle de bains. J’apprendrai bien plus tard que ce sang lui était précieux pour une cérémonie de magie noire.

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Extrait de "Les proies", Grasset (12 septembre 2012)

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