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Le gâchis des agences de l'Etat : est-il possible de faire le grand ménage dans l'administration ?
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Le Parisien s'est procuré un rapport confidentiel de l'Inspection des finances qui révèle les gâchis de l'administration. Chaque année, 50 milliards d'euros seraient engloutis dans une myriade d'agences de l'Etat dont l'utilité reste contestée.

Hervé Mariton

Hervé Mariton

Hervé Mariton est ancien ministre, député-maire de Crest, délégué  général de L’UMP chargé du projet, et président de Droit au Cœur.

 

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Atlantico : Etablissements publics, administratifs, groupements d’intérêt public, autorités administratives indépendantes… L’Inspection des finances, dans un rapport rendu public par Le Parisien, recense 1244 agences de l’Etat et dénonce leur coût et leurs effectifs pléthoriques.  A quoi ces agences servent-elle exactement ?

Hervé Mariton : Il s'agit d'une myriade d'agences nationales ayant des missions différentes parmi lesquelles on retrouve, par exemple, Pôle emploi, l'Autorité des marchés financiers ou en encore le CNC (Centre National de la Cinématographie). Elles accomplissent des missions que l’Etat pourrait exercer lui-même mais qu'il préfère transférer.

L’Etat part du principe qu'il faut leur laisser la bride large. Mais en période de finances publiques contraintes, un tel système peut avoir des effets pervers : croissance des effectifs exponentielles, budgets trop élevés...

Mais si ce système a pu affecter des gouvernements de droite et de gauche, c'est que l’Etat l'a bien voulu.

Ces agences sont-elles vraiment efficaces ?

Pour la plupart, elles accomplissent leurs missions. La question n'est pas celle de l'efficacité, mais du rapport coût / efficacité. Et là manifestement, on pourrait faire mieux.

Sont-elles assez contrôlées ?

Non, l’Etat ne veut pas les contrôler plus que cela. Les agences le sont un peu plus dans une période récente du fait de l'état des finances publiques. Il faut faire de nécessité vertu.

Le fait que les agences ont des marges de liberté que l’Etat lui-même n'est pas une découverte, mais une volonté.

Peut-on expliquer ce laxisme par le fait que ces agences sont un débouché idéal en termes de rémunération pour les hauts fonctionnaires, parfois bien plus que les ministères  ?

Le fait que les rémunérations des agences puissent être dans certains cas très supérieures aux rémunérations ordinaires de la fonction publique n'est pas très heureux. Est-ce que les agences existent à cause de cela, je ne me permettrai pas de le dire...

Ce rapport avait été commandé par François Fillon, mais a été enterré avant la présidentielle ? Est-il vraiment possible de faire le ménage dans ces agences d’Etat?  

Non il n'a pas été enterré. Le rapport de l'inspection des finances n'est utile que dès lors qu'on le présente dans un moment un peu paisible. Cela ne sert à rien à 15 jours d'une élection de publier un rapport de ce type car la majorité du moment n'a pas une légitimité suffisante pour en faire quelque chose.

Aujourd'hui, la majorité actuelle est au pied du mur pour faire quelque chose de ce rapport. En tant que membre de la commission des finances, j'y veillerai.

L’inspection des finances suggère de piocher 2 millions d’euros dans les trésoreries excédentaires de ces agences. Comment expliquez-vous ces excédents de trésorerie alors que l’Etat supprime des postes dans des services publics régaliens ?

Prenons l'exemple du CNC, la fréquentation des salles de cinéma augmente ce qui produit des excédents de recettes sans que la politique en faveur du cinéma ne soit développée. Cela peut s'avérer très utile pour la réduction des politiques publiques.

Ce qui n'était pas cohérent, c'est qu'au moment où l’Etat pratiquait une politique de baisse des effectifs, les agences augmentaient leurs effectifs.

Quel est le montant des économies qui pourraient être réalisées en supprimant des agences ?

Si on est très prudent, quelques centaines de millions d'euros. En réalité, je pense qu'on peut aisément dépasser le milliard. 

Au-delà de la question des agences d’Etats, faut-il aussi ouvrir le chantier de la réforme des collectivités territoriales ?

L'amélioration de l'efficacité des collectivités territoriales est évidemment quelque chose d'important. Mais cela s'annonce mal. Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée à la décentralisation, s'exprimant au congrès d'association des petites villes de France, a renoncé au principe de spécialisation des compétences.

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