Lancement de la Droite forte : les courants de l'UMP sont-ils une révolution pour le parti ou de simples vitrines marketing pour certains de ses membres ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Lancement de la Droite forte : les courants de l'UMP sont-ils une révolution pour le parti ou de simples vitrines marketing pour certains de ses membres ?
©

Point de rupture

Guillaume Peltier a lancé ce samedi le mouvement de la Droite forte au sein de l'UMP. Officieux pour l'instant, les courants du parti seront officiellement reconnus lors du congrès du 18 novembre.

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé

Thomas Guénolé est politologue et maître de conférence à Sciences Po. Son dernier livre, Islamopsychose, est paru aux éditions Fayard. 

Pour en savoir plus, visitez son site Internet : thomas-guenole.fr

Voir la bio »

Atlantico : Ce samedi, Guillaume Peltier lance avec Geoffroy Didier le mouvement de La Droite forte au sein de l'UMP. Lors du prochain congrès, les militants UMP sont appelés à voter pour un président, mais aussi pour des motions représentant différents courants. Ces courant sont-ils de simples écuries présidentielles ou recouvrent-ils de vrais clivages idéologiques ?

Thomas Guénolé :  Les deux, par la force des choses. Quand vous êtes un personnage politique à l’UMP, à un moment donné, vous voulez exister par vous-mêmes et donc par la création d’un courant. C’est ce qu’a fait la droite populaire. On distingue donc deux cas. D’un côté, ceux ayant une conviction très affirmée qui les rassemble. De l’autre, ceux qui créer leur courant pour exister, comme Laurent Wauquiez avec la droite sociale. Dans ce cas là, vous devez vous créer une « identité d’idées » pour que votre démarche tienne la route. Pour résumé, les choses se font en amont ou en aval  et les ambitions personnelles recoupent toujours les visions idéologiques.

Ce phénomène de courants est une petite révolution au sein d'un parti bonapartiste comme l’UMP...

Ça dépend de ce qu’on appelle courant. Si on se limite à l'aspect institutionnel, c’est vrai que c’est une nouveauté... Mais si on regarde l’histoire des partis de droite des dernières décennies, il y a toujours eu des courants.  Ce sont des courants qui ne sont pas d’accord sur le leadership, mais aussi sur les idées. On l’a vu avec Philippe Séguin. Lorsqu'il était président du RPR, il n’était clairement pas sur la même ligne que Nicolas Sarkozy, président de l'UMP. Le premier incarnait le gaullisme tandis que le second était plus libéral. De même, durant l’affrontement balladuriens/chiraquiens en 1995, on a souvent dit que les pro-Chirac étaient plus à gauche que les partisans d’Edouard Balladur.

Simplement, l'idée de courant n'était jusqu'ici pas clairement assumée. Fondamentalement, la droite est bonapartiste dans son rapport au chef.  Dans l’identité même du parti, la notion même de courants en conflits a du mal à exister. Ce n’est pas du goût de l’électeur de droite. Mais l'absence de Nicolas Sarkozy, qui n'a pas de successeur naturel, et la rivalité entre « colonels », favorisent la naissance des courants. Par ailleurs, depuis 2002, les courants sont une option envisagée explicitement pour faire commuter UDF et RPR.

N'y a-t-il pas un risque d'explosion de L’UMP  ?

L’exemple du PS montre très bien que l’existence de courants n’est pas un facteur d’explosion d’un parti, même s'il s'agit bien d'un facteur de tensions. Paradoxalement, cela réduit peut-être même le risque d’explosion : comme dans un couple, les disputes régulières permettnt de mettre les conflits sur la table et de ne pas se séparer.

Quels courants et quels grands leaders identifie-t-on, aujourd'hui, au sein de l’UMP ?

On identifie d'abord la droite libérale avec Jean-François Copé. Puis, la droite sociale de François Fillon. Fillon est resté séguiniste, notamment dans sa défense de la souveraineté nationale et dans son approche inter-gouvernementale de l’Europe. La droite sociale est favorable au dialogue social, comme disait De Gaulle « pour la participation » et l’orthodoxie budgétaire.

Ensuite, il y la droite morale, que l’on oublie souvent et qui était encore récemment incarnée par Christine Boutin. En ce moment, c’est la seule famille qui n’est pas incarnée par une personnalité ni un courant et qui pourrait intéresser quelqu’un cherchant à exister au sein du parti.

Enfin, on distingue également une droite sécuritaire incarnée, par exemple, par Eric Raoult.  En termes de répartition géographique, le grand sud avec Nice, Marseille et Toulon est occupée par la droite sécuritaire. Des endroits comme le grand Ouest, d’où vient Fillon, sont les territoires de la droite sociale, assez modérée et rurale. Le grand Est avec l’Alsace, notamment, est le fief de la droite morale avec des réminiscences de la droite chrétienne. Le vrai découpage intéressant, c’est l’Ile-de-France : dans les banlieues où tout se passe bien on va retrouver la droite libérale de Jean-François Copé alors que dans les banlieues où les choses sont un peu plus tendues, c’est la droite sécuritaire qui est représentée.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !