Et si taxer toujours plus "les riches" appauvrissait tous les Français ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis 2007, plus de 10 000 contribuables ont quitté la France pour des raisons fiscales.
Depuis 2007, plus de 10 000 contribuables ont quitté la France pour des raisons fiscales.
©Reuters

Revue d'analyses (financières)

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Depuis 2007, plus de 10 000 contribuables ont quitté la France pour des raisons fiscales

On a bien sûr le droit en France de ne pas aimer les riches, mais est-ce une raison suffisante pour appauvrir tous les Français nous dit Bertrand Jacquillat, président d’Associés en Finance. Le psychodrame Bernard Arnault de la semaine dernière, aurait dû permettre de commenter que quand un pays perd une partie de ses élites économiques il est mal parti.  Il ne parvient plus à attirer des talents de l’extérieur, alors que la recherche-développement, les nouveaux produits, les processus de production innovants accroissent la productivité et génèrent des emplois bien rémunérés. On estime que depuis 2007, ce sont plus de 10 000 contribuables qui ont quitté l’Hexagone pour des raisons fiscales. Cela représenterait une valeur patrimoniale supérieure à 250 milliards d'euros et un manque à gagner annuel pour le Trésor de 10 milliards. L’estimation du rendement fiscal de la « surtaxe à 75% » qui serait acquitté par 2 à 3 000 personnes serait de 300 millions. On est vraiment là dans le symbolique contre-productif. Il n’y a aucun exemple au monde d’un pays qui soit arrivé durablement à réduire son déficit en pratiquant des taux d’imposition confiscatoires. Le matraquage fiscal est une arme de destruction massive de la croissance. Quant au « casse-toi riche con ! » adressé à Bernard Arnault en couverture de Libération de lundi, c’est vraiment un moment triste…

« Si tu ne crois pas tu iras en enfer »

En Europe, la survie de l’Euro était entre les mains de Mario Draghi. Le plan lancé par le Président de la BCE, qui a annoncé le rachat d’obligations en montant illimité sous conditions strictes avec engagement de stérilisation pour ne pas être accusé de faire fonctionner la planche à billets. Cela dédramatise la demande d’aide de la part des états membres de la zone euro. Comme pour la force nucléaire, la BCE espère que la seule crainte de ses interventions dissuadera les marchés de spéculer contre un Etat… A voir

Les commentaires sur la BCE ont été dans l’ensemble favorables. Dans le camp de ceux qui ne croient pas à la pérennité de l’euro dans sa configuration actuelle, Jacques Sapir, directeur à l’EHESS et Philippe Villin, ancien directeur du Figaro ont dans une interview expliqué que si l’euro devait survivre, nous ne produirions plus de voitures d’ici dix ans…Les grands prêtres de l’euro disent-ils, se comportent comme les missionnaires le faisaient en Afrique avec les petits enfants en leur disant « si tu ne crois pas tu iras en enfer »…

Charles Gave de GaveKal, utilise une formule tout aussi imagée : « L’euro a été aussi efficace que la ligne Maginot qui avait été soutenue comme l’euro d’aujourd’hui par les élites françaises de l’époque ».

Patrick Artus de Natixis, a au cours d’un petit déjeuner cette semaine, eu le courage de dire que les autorités européennes ne devraient pas être fières de leur gestion de la crise de la zone euro, avec des empilements de programmes de restriction budgétaire, une hausse du chômage consécutive à la baisse de l’investissement public et privé, un refus de faire la distinction entre crise de liquidité et crise de solvabilité. Au total, il conclut en expliquant que les autorités européennes font preuve d’une insuffisance d’analyse et d’un manque de doctrine…

Il faut alléger rapidement le coût du travail

En France, nous dit Eric Le Boucher dans Les Echos, le gouvernement se trompe de politique à continuer de considérer que la réduction du déficit est l’impératif premier intangible et que le problème de la compétitivité est secondaire. Il faut, dit-il absolument alléger rapidement le coût du travail pour espérer obtenir une amélioration du déficit extérieur ce qui permettrait aux marchés d’être tolérants, si un léger dérapage sur les comptes budgétaires se produisait.

La gauche a tous les pouvoirs mais peu de moyens

La gauche et la droite se succèdent au pouvoir et ignorent comme le disait Frédéric Bastiat le grand économiste bayonnais, ce qui ne se voit pas : la détérioration de la compétitivité française dissimulée par l’euro a permis à l’Etat de continuer à dépenser plus que ses recettes. Il faut maintenant rétablir rapidement la compétitivité française, sans pouvoir dévaluer et sans s’endetter d’avantage. La gauche a maintenant tous les pouvoirs mais relativement peu de moyens pour y arriver. Ce ne sont pas les mesurettes à caractère symbolique qui ont été prises qui changeront quoi que ce soit. Il faudrait maintenant très vite s’occuper des entreprises qui comptent comme chacun le sait des salariés, des clients et des actionnaires…C’est avec ces parties prenantes que l’on crée des emplois pas autrement…

D’où viendra l’argent nécessaire à la BPI pour fonctionner ?

La Banque publique d’investissement (BPI) ne peut surtout pas être la réponse à tout. Quand François Hollande dit « La BPI va développer les PME » c’est un peu la version moderne des « Ateliers Nationaux » de Louis Blanc en 1839, qui prévoyait la création d’ateliers sociaux, la création de coopératives de production, sans patron.  L’expérience, à l’époque de l’Etat employeur ayant été peu efficace, cela a permis l’arrivée au pouvoir de Napoléon III, qui a bien compris lui que pour créer des emplois, il fallait des entrepreneurs, des banquiers et des investisseurs. Ce que l’on dit peu, c’est que comme la BPI interviendra pour faire du crédit et prendre des participations, elle devra bien évidemment respecter comme toute banque, les contraintes de Bâle III en matière de fonds propres. Les politiques qui ont abandonné une grande partie de leurs prérogatives à des experts autoproclamés. Ces obscurs techniciens qui ont décidé de règles dites de prudence, fixant que plus un établissement prêtait de l’argent à des Etats, donc moins aux entreprises, mieux il serait noté ! Les régulateurs ont donc obligé les banques à vendre la plupart de leurs actions pour les remplacer par de la dette souveraine…. D’où viendra l’argent nécessaire à la BPI pour fonctionner ?

Le nombre d’introductions en Bourse en baisse en 2011

Les entreprises françaises ne peuvent plus avoir recours à la Bourse au moment où les banques diminuent fortement leurs crédits aux entreprises explique Julien Dupont-Calbo dans le Monde dans un article intitulé « La bérézina des PME et ETI ».  Le financement des entreprises françaises par la Bourse (hors banques et assurances) représentait 42,9% de leurs besoins en 1998, 26,9% en 2001, 11% en 2007, 3,3% en  2011 (source Dealogic, Alphavalue). Le nombre d’introductions en Bourse qui était de 52 en 2007 est tombé à 22 en 2011 (source NYSE-Euronext). Le poids des actionnaires individuels dans le CAC 40 est passé de 13,8% en 2007 à 8,5% en 2011 (source Etude Sofia TNS Sofres 2012). Sur les 4 600 ETI en activité 236 sont cotées selon l’Observatoire du financement des entreprises. Pour une ETI (Entreprises de taille intermédiaire ) la cotation n’est plus rentable. En moyenne cela coûte 600 000 euros à l’entreprise. Il faut rédiger des rapports de 350 pages précis comme une enquête de police qui ne sont lus par personne sauf par les concurrents.

Le fait que les PME ne puissent plus avoir accès dans des conditions normales, ni au financement bancaire, ni au financement par la Bourse est un sujet qui a bien évidemment un rapport avec la croissance et la création d’emplois….

Les réformes courageuses de Mario Monti

L’Italie, pendant ce temps, sous la direction de Mario Monti, Premier ministre italien a  engagé des réformes courageuses : réforme des retraites à 66 ans pour les hommes contre 65 auparavant; libéralisation du marché du travail; coupes drastiques dans les dépenses publiques et réduction du nombre de fonctionnaires. Autant de réformes structurelles qui mériteraient d’être engagées en France, si l’on voulait sérieusement créer un environnement favorable pour créer de vrais emplois…

Grande-Bretagne : vers une sortie de l'UE

La Grande Bretagne devrait sortir de l’Union européenne a annoncé Nigel Farage, leader du Parti Indépendant, au cours d’une intervention dans le cadre du séminaire CLSA à Hong Kong. Cela devrait selon lui se produire dans la foulée du referendum que David Cameron sera obligé d’organiser…

Une économie ne peut pas fonctionner longtemps avec un coût du capital proche de zéro

Aux Etats Unis les chiffres de l’emploi publiés vendredi dernier ont déçu. Mais comme cela ouvre la porte à un QE3…  cela porte les marchés à l’optimisme. En effet, quand on regarde l’évolution de l’indice MSCI World et les décisions prises par la Fed, on constate que chaque fois qu’elle annonce depuis 2008 une opération de « Quantitative Easing », le marché monte.

Les sociétés américaines restent, selon Jacques Chahine gérant, bien plus riches en cash qu’en Europe et sont à la tête de 1 100 milliards de dollars pour les sociétés de l’indice S&P. C’est deux fois plus qu’en Europe. L’informatique seule dispose de 400 milliards de dollars de liquidités….

Comme le rappelle Charles Gave de GaveKal à Hong Kong, une économie ne peut pas fonctionner longtemps avec un coût du capital proche de zéro. Cela empêche la disparition des entreprises qui ne gagnent pas le coût du capital, favorise la hausse du poids de l’Etat dans l’économie et donc freine la création d’emplois dans la mesure où le capital et le travail ne sont pas libérés.

Jonathan Golub stratégiste d’UBS a revu pour la deuxième fois de l’année ses estimations de résultat en baisse pour le S&P 500. Nous sommes entrés dans une récession produite par la baisse des résultats des entreprises dit-il.

Secteurs : les parts de marché des banques européennes diminuent

Banque : en France, le sauvetage du Crédit immobilier de France (CIF) par l’Etat a été assez peu commenté. Il y avait urgence, car sans l’aide de l’Etat le CIF risquait de se retrouver en défaut de paiement. Il faut dire que le capital du dernier spécialiste indépendant du crédit à l’habitat était détenu par 56 Sacicap (Sociétés anonymes coopératives d’intérêt collectif pour l’accession à la propriété). Ce dossier a malheureusement le mérite de montrer  que ce ne sont pas l’âpreté au gain des détenteurs du capital et les bonus des traders qui ont mené l’établissement à sa perte !

En Europe, les banques qui représentaient il y a deux ans 43% des financements sur l’Asie n’en représentent plus, selon Morgan Stanley, que 3%. Ce chiffre est la encore une des conséquences de la mise en place de Bâle III !

Bâtiment : comme l’accession à la propriété ne fait pas partie des priorités du gouvernement, la politique mise en place va plutôt aggraver la crise du secteur que la résoudre. L’encadrement des loyers et la fin de la loi Scellier vont réduire la quantité d’offres de logement et décourager tous ceux qui souhaitaient investir dans la construction. L’Etat logeur risque ainsi de ne pas être tellement plus efficace que l’Etat employeur. C’est peut être pourquoi Cécile Duflot ministre du Logement veut contraindre les banques, les compagnies d ‘assurance et les sociétés foncières à redevenir propriétaire de logements sociaux comme c’était le cas dans les années 90 !

PS : une pensée pour Barton Biggs dont on vient seulement d’apprendre le décès cet été. Il a inventé au cours de ses trente années passées chez Morgan Stanley le métier de stratégiste en apprenant à toute une génération, le monde, les pays émergents, la Chine, la technologie…. En un mot la curiosité de tout. Et puis c’était un homme qui aimait le Mont Blanc, le Matterhorn et le Kilimandjaro…

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