Roms, nucléaire, traité budgétaire... François Hollande peut-il vraiment gérer la France par la synthèse, comme il le faisait au PS ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Peut-il continuer à gérer son gouvernement comme jadis son parti ?
Peut-il continuer à gérer son gouvernement comme jadis son parti ?
©Reuters

Electrons libres

Les lignes de fracture se multiplient au sein du gouvernement. Sécurité, nucléaire ou Europe, François Hollande devra-t-il se décider à trancher ?

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg

Gérard Grunberg est directeur de recherche émérite CNRS au CEE, Centre d'études européennes de Sciences Po. 

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Atlantico : François Hollande était le maître de la synthèse lorsqu'il était premier secrétaire du Parti socialiste. Son gouvernement, ouvert aux écologistes, comprend également tous les courants du PS. Mais de la sécurité au nucléaire, en passant par l'Europe, les lignes de fracture se multiplient au sein de l'exécutif. Peut-il continuer à gérer son gouvernement comme jadis son parti ?

Gérard Grunberg : Parti socialiste n'est pas synonyme de gouvernement de la France. Mais à quelques exceptions près, le Parti socialiste est plutôt sur la ligne du président de la République.

C'est aux écologistes que la question du nucléaire posera principalement problème. En effet, ces derniers vont beaucoup plus se diviser que les socialistes. Les écologistes veulent-ils vraiment faire partie du gouvernement ? Ils n’en sont pas encore au point de le quitter : s’ils s’en vont, ils se retrouveront dans une situation de faiblesse, car ils ne pèsent plus grand-chose aujourd’hui.

Sur la question de la sécurité, il y a eu une évolution assez importante des socialistes et je pense que cette nouvelle ligne sécuritaire va certainement être adoptée par le parti. Je ne crois pas qu’il y aura beaucoup de désaccords en interne. Néanmoins, et encore une fois, les écologistes peuvent poser problème en exprimant leur mécontentement.

Il y a un seul vrai sujet qui peut réellement diviser les socialistes, c’est l’Europe, et notamment la question du traité budgétaire européen. Il existe un vieux contentieux interne sur la question européenne. En 2005, François Hollande, qui était premier secrétaire du parti, avait décidé de ne pas trancher la question en affirmant qu’il n’y avait pas de socialistes du oui et de socialistes du non mais seulement des socialistes. Je crois cette fois-ci qu’il a définitivement tranché en faveur de la ratification du pacte. Il se peut que cela rouvre un débat au sein du parti, mais je ne crois pas qu’il soit de même nature qu’en 2005 car beaucoup de ceux qui étaient partisans du non sont maintenant sur la même ligne que François Hollande, comme Laurent Fabius, par exemple. Ce problème est moins un problème de gouvernement que de congrès. En d’autres termes, va-t-il y avoir une minorité d’opposition à la politique gouvernementale au prochain congrès à Toulouse ? Ce n’est pas impossible. En outre, la "question Hamon" est posée, car celui-ci fait partie du gouvernement. A voir s’il va se ranger malgré tout du côté des opposants.

Faut-il que François Hollande continue à ouvrir son gouvernement ou doit-il se mettre à trancher ?

Il y a des choses sur lesquelles il a déjà tranché. Notamment la filière nucléaire, la question du pacte de stabilité européen. C’est donc plutôt à ceux qui ne sont pas d’accord avec cette ligne de se poser la question de leur place au sein du gouvernement. Certains voudront peut-être prendre leur distance, à leurs risques et périls.

Je ne m’attends pas pour l’instant à ce qu’il y ait énormément de difficultés pour Hollande au sein de son gouvernement, même avec les Verts qui demeurent fragiles et qui ont besoin des socialistes pour les prochaines élections locales. François Hollande n’aura pas à faire de compromis.

Les sorties médiatiques de certains, comme celle d'Arnaud Montebourg qui a qualifié lundi le nucléaire de filière d'avenir, ne risquent-elles pas de "polluer" le mandat de François Hollande ?

Ce type de prise de parole est inévitable. Reste à savoir jusqu’où cela va. Le jour arrivera où ces personnalités seront obligées de choisir de rester ou non dans le gouvernement s’ils se distinguent trop de la ligne officielle.

La sortie de Montebourg sur le nucléaire n’a probablement pas ravi François Hollande car cela soulève des débats dont le président se serait bien passé, mais sur le fond ce dernier est plutôt d’accord. Arnaud Montebourg sera toujours un électron libre et sa relation avec Hollande sera surement assez compliquée à gérer pour cette raison.

Dans ce contexte, comment Jean-Luc Mélenchon peut-il tirer son épingle du jeu ?

Mélenchon a été très affaibli par la période électorale, je ne suis pas sûr que les communistes veuillent qu'il soit leur seul représentant. D’autant plus que ses amitiés coupables avec Hugo Chavez n’en font pas un parangon de la défense de la liberté. Ceci dit, il y aura toujours un créneau pour la gauche de la gauche à représenter un courant protestataire.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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