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Enquête chez les accros du sexe en ligne : la sexcam, une addiction comme une autre
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Jouissez, vous êtes filmés...

Enquête dans l'univers de ceux qu'on appelle désormais les "sexcaminternautes"... (Partie 7)

Christine De Villiers

Christine De Villiers

Christine De Villiers est journaliste et reporter.

Elle dirige les Editions Gérard de Villiers depuis 1998.

Voir la bio »

A l’origine, cette enquête n’était absolument pas destinée à découvrir ces "sexcaminternautes". J’étais même bien loin de me douter qu’ils existaient. Je souhaitais écrire sur les sites de rencontre, et l’amour trouvé au coin de l’écran, comme le raconte Pascal Couderc dans son livre "L’Amour au coin de l’écran, Du fantasme à la réalité", paru en février 2012 aux éditions Albin Michel.

Et, en réalité, sur les sites que j’ai "testés", le pourcentage de "sexcaminternaute" est de moins de 1% chez les hommes. Selon Pascal Lardillier, qui a notamment écrit "Le cœur Net, célibat et amours sur le Web" en 2004, ce pourcentage est bien plus élevé chez les femmes, mais impossible à évaluer, les femmes n’avouant que très rarement ces pratiques. L’onanisme féminin online n’est pas admis. Mais existe. Et envahit La Toile.

Le Docteur William Lowenstein explique aussi les différences entre hommes et femmes : les hommes n’ont pas le même orgasme que les femmes, et, l’âge venant, ont des "périodes réfractaires" de plus en plus longues. Les femmes, elles, peuvent avoir jusqu’à 18 orgasmes (!!!)…D’où cette addiction de plus en plus courante et fréquente chez les femmes à la masturbation devant leur webcam. Addiction comparable à toute autre addiction, alcool, drogues, médicaments…

Les hommes préfèrent l’acte , les femmes, elles, peuvent parfaitement survivre au sexe virtuel…Et s’y complaire.

A l’origine, quelques mots sur les courants féministes :

  • 1949 : parution du livre de Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe. On est loin encore d’imaginer le féminisme revu, corrigé et interprété par quelques grandes prêtresses américaines.
  • 1970 : aux USA, Kate Millett écrit Sexual Politics, le mouvement féministe est né, contesté par quelques écrivains comme Henry Miller et Norman Mailer. Mais faisant l’affaire de notre ex ministre Yvette Roudy.
  • 1962 : Helen Gurley Brown apporte un complément au mouvement féministe « traditionnel » : elle est l’auteur de Sex in the Single Girl. Elle s’inspire des théories déjà existantes : mais en les complétant, s’oppose à Kate Millett, Betty Friedan et bien sûr Simone de Beauvoir.
  • 1965 : Helen Gurley Brown fait renaître le magazine féminin américain Cosmopolitan, et lance la « Cosmo Girl ». Une femme détonnante, aimant les hommes, le sexe, mais au look plus proche de la playmate de Hugh Heffner, que de la féministe incarnée par Yvette Roudy.

Le premier numéro de Cosmopolitan USA relancé par Helen Gurley Brown (décédée le 13Août 2012 à N.York City) fait sa Une sur la pillule, et ce qu’elle va révolutionner dans la vie des femmes, et des « Cosmo Girls » bien sûr. Avec ses 57 éditions mondiales…On peut dire qu’Helen Gurley Brown est en mesure de convertir beaucoup de femmes à autre chose que les travaux ménagers. Maître mot d’Helen Gurley Brown : soyez sexy, aimez les hommes.

Mais la théorie d’Helen Gurley Brown n'est pas adaptée au schéma judéo-chrétien de la femme française du moment. Et, lorsqu’en 1973 Cosmopolitan français naît, il est plus le reflet du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, que des idées d’ Helen Gurley Brown. Même si la rédaction tente de s’adapter aux idées de l’américaine.

Les femmes françaises rêvent de ressembler à la "Cosmo Girl", pendant que les hommes français fantasment sur la "Playmate" de Hugh Heffner !. Sauf que l’heure n’est pas encore à cette réalité…Aujourd’hui, les femmes ont majoritairement admis que les hommes aiment les femmes sexy, tout comme elles ont admis qu’elles aiment elles aussi le sexe. Sans tabou, sans retenue et sans réserve.

Avec la Toile, tout s’est soudain accéléré. En 10 ans à peine. Impossible d’évaluer pour l’instant le nombre de femmes utilisant la sexcam. Mais, une chose est certaine : si les hommes sont nombreux derrière leur écran, les femmes aussi. Et, selon le principe des vases communicants, les femmes étant sur la Toile pour vivre leurs fantasmes parfois les plus fous, les hommes les y retrouvent. Et inversement.

D’où les découvertes "effarées" des hommes devant ces femmes qu’ils ne connaissaient pas…Avec plaisir, et bonheur. Elles sont "hard", "crues", "hot", "bonnes", "chaudes"…Dans la bouche des hommes, les adjectifs ne manquent pas pour les décrire. Même si leur surprise est grande. Véronique continue sa fixation sur "Thierry". Elle ne cesse de le contacter…Matin, midi et soir. Week-ends et vacances compris. Jusqu’au jour, où, sur le chat du site, un dimanche, elle fait une grande déclaration d’amour, surtout teintée d’attirance sexuelle…Soudain, elle part en "live", et se masturbe pendant qu’elle bavarde avec "Thierry". Les phrases qui habituellement s’enchaînent rapidement, ralentissent, Véronique se "lâche", et écrit en lettres majuscules : "JE SUIS A DEUX DOIGTS DE JOUIR…VOUS ME PLAISEZ TROP…JE NE PENSE PLUS QU’A VOUS…JE ME MASTURBE, J’EN AI TROP BESOIN…COMMENT ETES VOUS ?"

Suit un grand blanc, pas un mot sur le chat.

Quelques minutes à peine, le chat s’anime à nouveau.

"J’ai joui, trop bien joui. Ouf. J’étais à cran depuis un moment. Et vous ?"

"Thierry" joue le jeu. Vaguement, sans excès. Confirme simplement à Véronique qu’elle lui plaît…Et lui fait beaucoup d’effet.Véronique est totalement accro à la sexcam, et l’avoue à Thierry…Précisant qu’il s’agit pour l’instant d’une situation d’attente. Mais elle se positionne cependant dans la catégorie des Sex Addicts.

Audrey, elle, plus calculatrice, tente de joindre à nouveau mon ami commandant de bord. Elle est insistante des deux côtés, de son côté, comme du mien. On ne saura jamais, ni lui, ni moi, s’il s’agit là d’une professionnelle.

Léa est âgée de 41 ans. Belle , sportive, sa vie s’est arrêtée le jour où son dernier amour l’a quittée. Rien, ni personne pour l’instant n’ont permis à Léa de décrocher de l’addiction qu’elle avait pour cet homme. Ni un psychiatre, ni des séjours répétés en clinique. Rien. Léa est à la fois Sex Addict , alcoolique et dépendante de médicaments qu’elle avale à tout va.

"Je ne m’en sors pas. Je ne me prends pas réellement pour une malade…Je me dis que je traverse un mauvais moment. Sinon…Je me flingue. Ma vie : un désert total. Mes week-ends et mes vacances sont des moments d’angoisse terrifiants. Je fais même parfois le choix d’être hospitalisée".

Intelligente, Léa sait bien que tout s’est détraqué chez elle au moment de cette rupture. Elle a quelques notions, sommaires, mais justes, sur le fonctionnement du cerveau. Et sur le rôle des antidépresseurs.

"En fait, j’ai compris qu’ils remplaçaient ce "terrible manque", ces moments de plaisir intense procurés par le sexe. La sérotonine, et les endorphines n’étant plus fabriqués par mon cerveau…Voilà le résultat : j’avale des antidépresseurs, qui agissent en fait comme des substituts à ce que mon organisme ne fabrique plus".

Ce que confirme le Docteur William Lowenstein. Les femmes peuvent utiliser la " sexcam" comme moyen de pallier ces moments terribles où la pulsion est si forte et si violente qu’elle en devient insoutenable…

Pour les hommes, c’est beaucoup plus compliqué.

La "pénétration" leur est indispensable.

Mais la sexcam ne peut en aucun cas être suffisante.

Comment font-ils…Lors de traversées du désert sentimentales, et sexuelles ?

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