Un sous-marin russe nucléaire d'attaque derrière les lignes de défense américaines : la Guerre froide n'a-t-elle en fait jamais cessé ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Vladimir Poutine s'oppose toujours à Barack Obama sur la question syrienne. Un retour de la Guerre froide ?
Vladimir Poutine s'oppose toujours à Barack Obama sur la question syrienne. Un retour de la Guerre froide ?
©Reuters

Rideau de fer

Un sous-marin russe, le "Chtchiouka B", a vogué dans les eaux territoriales américaines du golfe du Mexique. Alors que les États-Unis ont démantelé un réseau d'espions russes opérant sur le territoire américain, Vladimir Poutine s'oppose toujours à Obama sur la question syrienne. De quoi raviver le spectre de la Guerre froide ?

Gérard de Villiers

Gérard de Villiers

Gérard de Villiers, est un journaliste, écrivain et éditeur français. Il est diplômé de l'IEP Paris et de l'ESJ Paris. Il a été reporter à Rivarol, Paris-Presse, France-Dimanche. Il est célèbre dans le monde entier pour ses romans d'espionnage S.A.S, traduits en plusieurs langues. Son dernier ouvrage, récemment paru, s'intitule Le chemin de Damas[1].


Voir la bio »

L’incident du sous-marin russe « Chtchiouka B » (« Akoula » selon la classification de l’OTAN) qui s’est promené dans les eaux territoriales américaines du golfe du Mexique en juillet, même s’il a été grossi par certains milieux US de la défense afin d’empêcher la réduction du budget militaire américain, n’est que le dernier incident révélant la tension permanente et sournoise entre la Russie et les États-Unis.

En effet, l’Akoula est un sous-marin de dernière génération russe extrêmement silencieux qui a certainement voulu tester les défenses américaines.

Officiellement, la Guerre froide est terminée depuis 1991 fin de l’URSS. Dans la réalité, les Russes détestent les Américains, s’en méfient et les contrent chaque fois qu’ils le peuvent. Plus Vladimir Poutine assure son pouvoir plus on revient à une Guerre froide qui n’ose pas dire son nom.

Chaque fois que je vais à Moscou, je ressens profondément ce sentiment anti-américain. Explicable : l’homme du Kremlin, Vladimir Poutine a été totalement formé par le KGB et demeure imprégné de la mentalité de la Guerre froide. De plus, les États-Unis se sont donnés des verges pour se battre avec leur projet d’implantation d’un barrage antimissile en Europe, en particulier en Pologne. Ils ont beau jurer qu’il s’agirait d’arrêter des missiles nucléaires tirés par l’Iran et menaçant  l’Europe qui n’existent pas encore, les Russes considèrent qu’il s’agit d’un barrage antimissile russe.

Il y a trois ans, les Américains ont fait une autre « mauvaise manière » aux Russes en montant une manip’ à Bangkok pour arrêter Viktor Bout, un marchand transporteur d’armes russe qui a longtemps appartenu aux services soviétiques et russes. Le Kremlin a tout fait auprès du gouvernement thaïlandais pour empêcher son extradition de Thaïlande sans y parvenir. Aujourd’hui, Viktor Bout se trouve dans un pénitencier américain et les Russes continuent à réclamer sa libération.

Officiellement, c’est un aventurier. Dans la réalité, les Russes ne laissent jamais tomber les anciens de leurs services qui en plus savent beaucoup de choses. Bien entendu les Russes ne sont pas innocents non plus. Il y a deux ans, le FBI a démantelé un réseau d’espions russes aux États-Unis et arrêté une douzaine de supposés coupables. Habileté suprême les gens arrêtés hommes et femmes ne faisaient pas partis du SVR (la direction du renseignement extérieur russe). Ils étaient gérés parallèlement.

Le Kremlin n’a évidemment jamais reconnu leur culpabilité mais, pour le récupérer, il a dû accepter un échange où les Américains ont réclamé quatre de leurs « taupes » arrêtées et emprisonnées en Russie. Je connaissais l’un deux, Guennadi Vassilenko, qui avait déjà été arrêté puis relâché dans les années 80, faute d’aveu et que j’avais rencontré à Moscou en 2002.

Il lui restait encore 7 ans à purger dans la sinistre prison de Lefortovo.

Ce ne sont qu’escarmouches à côté de la Syrie. Lors de l’opération de déstabilisation du colonel Kadhafi présentée par les médias occidentaux comme concernant uniquement la protection des populations civiles libyennes, les Américains, les Britanniques et les Français ont en réalité donné un sérieux coup de pouce aux rebelles libyens qui n’auraient jamais réussi sans l’aide de l’Otan. Faute incompréhensible des Russes, ils s’étaient abstenus au conseil de sécurité de l’ONU, autorisant ainsi cette opération qui a amené un changement de régime en Lybie.

On ne les y reprendra plus !

En effet, la Syrie est un point d’affrontement central désormais entre les Russes et les Américains. Dernier pays de la région lié à la Russie, lui offrant un port militaire en Méditerranée - Tartous - gros client pour l’armement russe. La Syrie de Bachar al-Assad est totalement protégée par le Kremlin. Celui-ci oppose son veto au conseil de sécurité de l’ONU empêchant toute opération internationale afin de ne pas rééditer l’affaire libyenne.

De leur coté, les Américains font tout pour abattre le régime de Bachar al-Assad allié inconditionnel de l’Iran, leur dernier ennemi héréditaire.

Ils n’ont jamais pardonné l’affaire des otages américains de l’ambassade Téhéran, retenus de 1979 à 1982 dans ce pays. La chute du régime de Damas leur permettrait d’affaiblir énormément l’Iran.

C’est le dernier « front » de cette sournoise Guerre froide et Dieu seul sait ce qu’il en résultera. De toute façon l’affaire syrienne réglée la lutte feutrée entre les États-Unis et la Russie n’est pas prête de s’arrêter.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !