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DSK : Jacob a visé juste
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Reflets de France

Contrairement aux précédents présidents de la Ve République, DSK n'est pas associé à un fief rural.

Paul-Marie Couteaux

Paul-Marie Couteaux

Paul-Marie Coûteaux est l'auteur de nombreux essais et biographies politiques.

Il a été député européen souverainiste de 1999 à 2009.

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Il est assez curieux que Dominique Strauss-Kahn, dont toute la presse nous rebat les oreilles depuis dimanche 20 février (jour où il vint à Paris pour le G 20, après quoi son portrait fut à la une de tous les journaux), n'ait derrière lui aucun paysage, ni même aucun lieu, en sorte que Christian Jacob a visé juste en remarquant que le patron du FMI ne correspondrait guère à « l'image de la France rurale, de la France des terroirs et des territoires qu'on aime bien"

A chacun sa grotte de Solutré

Le plus souvent, on a cité la phrase de Jacob pour s'en moquer -voir le commentaire de Rue 89, estimant que la France rurale n'existait plus depuis longtemps. Or, elle existe assez dans les représentations que les Français se font de la France (puisque c'est bien de cela qu'il s'agit) pour que les politiques aient toujours pris soin de s'identifier à l'une de ses images, à l'un de ses lieux : sa concurrente socialiste Royal colle scrupuleusement à ses terres d'élection, les Deux-Sèvres et le Poitou, comme François Mitterrand l'avait fait en un temps où la réalité de la campagne française avait déjà beaucoup muté : il y avait Latche, dans les profondes Landes, et la célèbre “roche de Solutré” présentée comme le tabernacle des plus anciens mystères français, dont l'ascension à la Pentecôte faisait une manière de pèlerinage; il y avait les Charentes dont il était pétri jusqu'à goûter Chardonne, et le fameux village illustrant "la force tranquille" lors de la présidentielle victorieuse de 1981 -village devant lequel on imagine mal, en effet, que pose jamais un DSK tout sourire…

Ne parlons pas du Général de Gaulle qui s'identifia tant à Colombey, aux terres de Haute-Marne, à la forêt des Dhuy, symbole des vieilles terres gauloises -et pour combien compta dans son image aujourd'hui encore tutellaire le simple fait de porter un nom qui était à lui tout seul une histoire et une géographie ancestrales... De même, derrière Pompidou, il y avait le Cantal et Montboudif -et les vacances à Cajarc, aux confins du Quercy et du Rouergue, et encore Orvilliers, maison modeste mais rituelle qui abritait ses fins de semaine. Derrière Giscard, on aperçoit l'Auvergne et ses cratères, ce qui fait tout un tableau -on apprécia même qu'en 1974 il annonçât sa candidature présidentielle depuis Chamalières, "petite commune d'Auvergne". Comme, derrière Chirac il y a la Corrèze, Saran, le château de Bity et un peu au loin le plateau de Millevaches -et les vaches elles-mêmes, fûssent celles du salon de l'Agriculture.

Un candidat hors sol

Pour M. Strauss-Kahn, rien, absolument rien, au point qu'il donne l'air de vivre aux Etats-Unis comme s'il était chez lui -bien devant qu'à Sarcelles, dont il fut certes l'élu, mais où nul n'imagina jamais qu'il pût habiter un seul jour (alors que si Nicolas Sarkozy n'est pas représentatif de la France rurale, son rapprochement avec la ville de Neuilly - dont il fut maire - semble faire sens). Faille d'autant plus grave que l'on se demande de plus en plus pourquoi la presse nationale et internationale relate ses moindres gestes ou paroles, alors que sa carrière ministérielle fut assez courte - il fut ministre de Lionel Jospin, mais, des anciens ministres de gauche, il y a aujourd'hui pléthore - et qu'il n'est plus élu en France depuis longtemps…

Oui, décidément, M. Jacob a bien visé, et je gage que DSK se souciera bientôt de se fabriquer un lieu pour "atterrir" comme on dit à si juste titre dans la politique française -mais "fabriquer" est bien le mot, et l'on peut douter que l'on imagine jamais derrière lui autre chose que des aéroports ou des avions, cet univers hors sol qui passait jadis pour moderne, mais qui est passé de mode, pour ne pas dire odieux aux yeux de nombre de Français, en sorte que l'image des terroirs est plus valorisante aujourd'hui qu'elle ne l'a été pendant  longtemps… 

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