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Christian Estrosi : "Supprimons les 35 heures et laissons les partenaires sociaux négocier branche par branche"
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Négocier plus pour travailler plus

Faut-il relancer le débat sur les 35h ? Interview de Christian Estrosi, ancien ministre de l'Industrie, proche de Nicolas Sarkozy et potentiel candidat à la présidence de l'UMP.

Christian Estrosi

Christian Estrosi

Christian Estrosi est Président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur et premier adjoint au maire de Nice (LR). Il a été ministre chargée de l’Industrie de 2009 à 2010.

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Atlantico : Vous avez déposé ce mardi une proposition de loi visant à supprimer les 35 heures. Pourtant, la loi a été assouplie depuis leur instauration en 2000. Invité ce vendredi matin sur BFMTV, Hervé Mariton, faisant référence aux amendements successifs à la loi Aubry, a même déclaré que « les 35 heures étaient mortes ». La question demeure-t-elle pour vous d'actualité ?

Christian Estrosi : Les 35 heures étaient mortes en 2007 avec l’exonération et la défiscalisation sur les heures supplémentaires. On pensait en avoir définitivement fini avec ce fléau de la compétitivité. Puis, durant ce mois de juillet, les socialistes ont pu revenir simplement aux 35 heures, ce qui repose de nouveau la question. A cette question je réponds clairement : nous devons maintenant supprimer définitivement les 35 heures et laisser les partenaires sociaux négocier branche par branche.

Selon le rapport 2007 de la commission sur l’emploi dans l’Europe, le temps plein moyen est resté à 41 heures hebdomadaires après 2000.Douze ans après, ne faut-il pas se tourner vers d’autres moyens pour améliorer la compétitivité des entreprises françaises ?

Ce rapport démontre tout le paradoxe dans lequel nous vivons. Les 35 heures ne sont plus un paquet hebdomadaire qu’on ne peut dépasser mais juste la frontière entre une heure payée normalement et une heure payée 25 à 50% plus chers, avec des charges plus lourdes. Le temps plein moyen est resté le même mais son coût a crû de manière importante : c’est ici que le bât blesse. Les 35 heures gangrènent la compétitivité de notre pays.

Mettre fin à la semaine de 35 heures suppose un bouleversement certain dans l’organisation des entreprises. Cette instabilité législative n’est-elle pas nuisible à ces dernières ? 

Cela ne suppose aucun bouleversement. Les partenaires sociaux devront négocier branche par branche la nouvelle frontière entre les heures supplémentaires et les heures normales. C’est à ce niveau-là que ce positionne le débat, pas sur un terrain idéologique. Vous citez d’ailleurs vous-même un rapport qui indique que nous faisons déjà 41 heures par semaine.

Les entreprises auront donc une masse salariale qui travaille autant ou plus pour un coût plus bas. Les salariés seront eux toujours payés aux nombres d’heures réalisées. Afin qu’il trouve aussi un intérêt dans cette réforme, je propose de répartir la moitié des 23 milliards d’euros que représentent les réductions dites « Fillon » en fonction de la nouvelle limite horaire négociée. Cela permettra de rapprocher le salaire net du salaire brut.

N’est-ce pas pour vous une manière, avant l'élection du président du parti, de convaincre les militants UMP, parmi lesquels les 35 heures sont impopulaires ?

Les militants UMP n’ont pas à être convaincus, Nicolas Sarkozy avait essayé la méthode douce pour supprimer les 35 heures, il avait voulu apaiser le débat. Aujourd’hui les socialistes sans rien apprendre de leurs erreurs ont purement et simplement supprimés les avancées de Nicolas Sarkozy. Cela signifie que nous devons prendre le mal à la racine et maintenant supprimer définitivement les 35 heures.

Vous justifiez votre proposition par un changement de contexte, notamment la refiscalisation des heures supplémentaires. Quel sera l’impact selon vous de cette mesure prise par le nouveau gouvernement ?

La suppression des heures supplémentaires défiscalisées et exonérées est une véritable catastrophe pour les entreprises ainsi que pour 9,5 millions de salariés qui gagnaient en moyenne 500 euros de plus par an. Ces salariés sont ceux du secteur privé et du secteur public sans distinction. Le coût du travail va donc encore augmenter en France alors que nous devrions nous orienter vers une baisse, comme nous l’avions fait voter avec la TVA compétitivité.

Etant donné la progression actuelle du chômage, le slogan de M. Sarkozy « travailler plus pour gagner plus » est-il toujours d’actualité ?

Le slogan « travailler plus pour gagner plus » sera toujours d’actualité. Toute personne qui veut travailler plus afin de pouvoir épargner un peu chaque mois pour assurer son avenir ou celui de sa famille doit pouvoir le faire. C’est l’objectif des heures supplémentaires, c’est aussi l’un des objectifs du régime de l’auto-entrepreneur ou encore de la loi sur la modernisation du marché du travail.

Notre économie doit se mesurer, non pas en montrant du doigt les personnes qui ont réussi comme peuvent le faire les socialistes, mais en regardant si quelqu’un, avec une bonne idée, peut prendre un risque et lancer une nouvelle entreprise : une économie qui honore la dignité du travail.

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