Hausse des taux : nouveau dilemme pour Jean-Claude Trichet<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour empêcher l'inflation d'attaquer la zone euro comme la gangrène, la hausse des taux est inéluctable.
Pour empêcher l'inflation d'attaquer la zone euro comme la gangrène, la hausse des taux est inéluctable.
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Europe - Economie

L'inflation menace dans plusieurs pays d'Europe. Monter les taux ou attendre des arrangements pour les systèmes bancaires périphériques : un nouveau dilemme pour Jean-Claude Trichet.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Le poste de Président de la BCE n’est pas de tout repos, on le sait. Et ceci ne va pas s’améliorer. Jean-Claude Trichet va encore subir en effet quelques pressions dans les mois qui viennent, jusqu’à son départ. Globalement, la zone euro renoue avec la croissance, mais l’inflation menace aussi. Nous sommes à 2 % en Allemagne, un peu moins pour la zone dans son ensemble, et la tendance est à la hausse. Pendant ce temps, les taux de refinancement restent environ à 1 %, les voilà donc à – 1 % en termes réels, une stimulation qui n’a plus de raison d’être : il faut donc les monter.

Mais cette moyenne de la zone euro cache des disparités criantes, avec une récession grecque et irlandaise, un fragile équilibre espagnol, des tensions portugaises et une difficile remontée italienne. Surtout, les banques grecques, irlandaises et portugaises sont très tributaires du refinancement par la BCE, pour dix à 20 % de leurs ressources. Des taux plus chers, c’est donc plus de risques de pertes pour elles, à un moment très mal choisi. Alors, regarder la moyenne et dire qu’on a trop tardé et monter les taux, ou bien attendre ?

Une hausse des taux inéluctable... et indispensable

Les marchés ont choisi : ce sera la hausse. Certains attendent même un geste fort, pour montrer que la BCE est bien là, et bientôt ! Dans un trimestre. D’autres ajoutent qu’il le faut pour mettre en scène le successeur de Jean-Claude Trichet : quand on passe le bâton, c’est pour qu’il serve !

On mesure les risques d’une telle opération, car il ne s’agit pas seulement d’inflation contre la croissance, le traditionnel dilemme des banquiers centraux, mais d’un nouveau dilemme, inflation contre stabilité financière. L’inflation est globale et le risque d’instabilité localisé, mais ceci ne change rien à l’affaire, au contraire. Que faire si des difficultés apparaissent en Irlande, une Irlande financée au niveau de ses banques par la BCE et au niveau de son budget par cette même BCE ? Autant se tirer deux balles dans le pied !

D’où l’idée de pousser les feux pour que la remontée des taux se fasse avec le moins de dommages bancaires possibles. Ceci veut dire, en Irlande, voir comment financer les actifs toxiques, voir comment vendre des actifs sains et renforcer d’autant les banques. Ceci veut dire, en Espagne, pousser les Caisses d’épargne à se restructurer, à céder leurs actifs douteux, à dire la vérité, et en vendre certaines, en tout ou partie.

Nous sommes donc dans une vraie course contre la montre : un trimestre au moins (peu vraisemblable), disons deux, trois au maximum, pour trouver des solutions bancaires. Alors les taux pourront remonter graduellement. Espérons, en même temps, que les marchés seront patients pour les normes de Bâle III et de Solvency II, mais ne rêvons pas trop.

La période qui s’ouvre est celle de la normalisation des taux pour l’Europe dans son ensemble et du retour à la normale pour les systèmes bancaires : pas facile.

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