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Ibrahimovic, Silva, Lavezzi : le Qatar va-t-il ressusciter ou tuer le foot français avec son PSG "galactique" ?
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Qatarsis

L'arrivée de Zlatan Ibrahimovic au PSG vient couronner un recrutement dépensier mais ambitieux du club francilien. La Ligue 1 entre-t-elle dans une nouvelle ère ou perd-elle tout intérêt ?

Pascal Perri

Pascal Perri

Pascal Perri est économiste. Il dirige le cabinet PNC Economic, cabinet européen spécialisé dans les politiques de prix et les stratégies low cost. Il est l’auteur de  l’ouvrage "Les impôts pour les nuls" chez First Editions et de "Google, un ami qui ne vous veut pas que du bien" chez Anne Carrière.

En 2014, Pascal Perri a rendu un rapport sur l’impact social du numérique en France au ministre de l’économie.

Il est membre du talk "les grandes gueules de RMC" et consultant économique de l’agence RMC sport. Il commente régulièrement l’actualité économique dans les décodeurs de l’éco sur BFM Business.

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Atlantico : Après avoir dépensé 102 millions d’euros l’année dernière et 75 millions cet été dans l’achat de joueurs - dont la star mondiale Zlatan Ibrahimovic - le PSG version qatarienne est-il en train de ressusciter le football français ou de le tuer en éliminant toute concurrence ? 

Pascal Perri : C’est une question complexe. Le football français a besoin d’investisseurs. Cette arrivée est une chance pour le football français dont l’attractivité émerge peu à peu. Le cas de Paris reste particulier. Le Qatar a investi dans le club parisien comme on investit dans une marque. Cette situation serait plus compliquée dans une ville comme Valencienne ou Châteauroux. Paris est une capitale mythique, connue dans le monde entier. Cet investissement s’inscrit donc dans une politique de marketing diplomatique. 

Pour autant, il ne faudrait pas que le championnat de France perde tout intérêt, qu’il n’y ait que Paris et les autres. J’espère qu’on ne va pas suivre ce scénario très bien résumé par l’expression et le livre du géographe français, François Gravier, Paris et le désert françaisActuellement, seul deux clubs hormis le PSG ont une vraie perspective de développement. Lille, qui est un club sérieux, solide, mais moyennement doté sur le plan financier. L’autre club est Lyon qui a un projet économique, sportif et de marque. Ces deux clubs vont avoir prochainement un nouveau stade. Lille jouera dans son nouveau stade de 50 000 places dès la rentrée.

Le Qatar peut donc être une chance, mais en même temps, c'est potentiellement un piège. Il ne faudrait pas que la croissance du football français se limite à la seule croissance parisienne. Le foot français est le plus fiscalisé d'Europe. Dans ce contexte, le projet de prélèvement à 75% pour les revenus supérieurs à 1 million d’euro par an marquerait un coup d’arrêt au développement d’ensemble du football français. Les seuls clubs capables de s’adapter seraient ceux soutenus par de généreux mécènes ou par des oligarques.

Quel est le réel intérêt du Qatar à investir autant dans le PSG ? 

Il y a un double investissement. On parle beaucoup du PSG, mais le Qatar investit aussi dans l’image avec Al-Jazeera et Be in sport. C’est donc plus qu’un investissement dans le football. C’est un investissement dans le spectacle sportif et dans sa retransmission.

Le Qatar est positionné sur le marché audiovisuel français et européen mais il est aussi très bien placé pour capter les nouveaux marchés Asiatiques où s’exprime une demande émergente et solvable. Les classes moyennes de ces territoires veulent voir du foot. Le Qatar utilise Al-Jazeera comme un lien entre Occident et Asie. C’est donc un investissement diplomatique, une façon d’exister dans la mondialisation.

L’arrivée d’un joueur tel que Zlatan Ibrahimovic, peut-elle enclencher une dynamique positive dans le championnat de France ? 

Oui, je suis optimiste. J’aime bien Paris, ce club nous a fait rêver. C’est aussi une marque. Je pense que les clubs de ligue 1 qui joueront contre Paris vont se donner à 200%. Le niveau sportif du championnat va s'apprécier. On risque de tomber dans le schéma "tous contre Paris", qui surmotiverait les adversaires du club francilien, et créerait par là-même une dynamique positive dans le championnat de France. 

Peut-on voir une différence entre les investissements du Qatar à Paris et les investissements russes à Monaco ?

Oui. Pour le Qatar, il y a une dimension politique et diplomatique très nette. Pour les autres, je ne veux pas citer de noms mais c'est souvent différent. Le foot nécessite beaucoup d’argent, mais pas il n’a pas besoin de l’argent des oligarques. Cet argent est dangereux  et il n’est pas durable.

Propos recueillis par Charles Rassaert

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