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Faut-il interdire les cabines
de bronzage, alors que c'est le dernier endroit en France où
il fait encore beau ?
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Laissez-nous bronzer

Un rapport du Sénat réclame une interdiction pure et simple des cabines de bronzage, pour "protéger la santé de nos concitoyens de dangers sanitaires avérés". Prochaine étape : la création d'un ministère de la Vertu ?

Renaud Dozoul

Renaud Dozoul

Renaud Dozoul est architecte, chercheur à l’institut économique Molinari, et écrivain.

Il vient notament de publier 10 très bonnes raisons de restaurer la monarchie et Citations à l’usage du réactionnaire Authentique aux éditions Muller.

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Ce n'est décidément pas l'été des prostituées fumeuses qui font des UV :
- pour commencer, une météo peu propice à flâner en mini short sur le trottoir,
- puis l'augmentation du prix du tabac, car fumer, c'est mal,
- puis le projet d'en finir avec la prostitution parce que se prostituer, c'est mal,
- et enfin, cette idée qui a germé au Sénat ces derniers jours à l'occasion d'une commission d’enquête parlementaire : interdire les cabines de bronzage, car les UV... C'est mal.

Sur les dix millions de Français qui fréquentent chaque année les cabines en question, entre vingt et soixante-dix y auraient développé un mélanome mortel (Ndlr : cette pratique est responsable de 100 à 350 cancers de la peau chaque année en France, selon le ministère de la Santé). C'est évidement tragique pour ces  malheureux, mais à ce rythme là, le parlement va vite devoir s'attaquer au vin, à la charcuterie, à la voiture, au barbecue et au deltaplane.

On se souvient des meilleures heures de la dictature de Soeharto, sous laquelle il était interdit de se faire tatouer... En France, la prohibition est sans doute moins spectaculaire, mais il faut reconnaître à l’État d'avoir réussi discrètement mais sûrement à imposer son monopole de la morale légitime. Et d'avoir su le faire intérioriser par de nombreux Français sans le moindre recul, qui continuent à se méfier de l’Église « comme de la peste » (Cf. France 2) mais qui attendent impatiemment le ministère de la Vertu.

Le Pape émet un doute sur le préservatif comme horizon indépassable de la sexualité moderne : nos Bobos crient au fascisme et à l'archaïsme en chasuble.

Une ministre trop maquillée balance qu'elle veut interdire la prostitution : nos bobos applaudissent, ils iront plus souvent à Marrakech.

Mathieu Laine a bien décrit cet État qui veut être moral, généreux, prudent et heureux à notre place. Et qui en réalité, à force de nous déposséder de ces valeurs individuelles, fabrique une société immorale, égoïste, suicidaire et dépressive. Une société ou il est interdit de bronzer parce que c'est dangereux, mais qui crée un service public de l'euthanasie pour se suicider peinard, remboursé - dans la dignité - par la Sécu.

Pour l'heure, chers lecteurs blancs du nord de la Loire, il va falloir penser à saisir la Halde. Il y a du soleil toute l'année à Marseille et de moins en moins à Paris. Les cabines à UV n'étant que la réparation légitime de cette injustice solaire, il est impensable qu'en les interdisant, l’État instaure une telle discrimination. Et s'il insiste, il faudra militer sans attendre pour un droit opposable au bronzage, et à la trace de maillot.

Allez, laissez-nous bronzer, et occupez-vous des déficits.

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