Rafle du Vel d’Hiv : c'était il y a 70 ans<!-- --> | Atlantico.fr
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Il y a soixante-dix ans, le 16 juillet 1942, policiers et gendarmes français arrêtaient à Paris 12 884 hommes, femmes et enfants juifs.
Il y a soixante-dix ans, le 16 juillet 1942, policiers et gendarmes français arrêtaient à Paris 12 884 hommes, femmes et enfants juifs.
©Reuters

Mémoire

Le recueillement marque l'anniversaire de la rafle du Vélodrome d'Hiver, pudiquement nommée "Vel d'Hiv", des 16 et 17 juillet 1942. Faible lumière dans l'obscurité, la reconnaissance de la culpabilité de la République française par le président Chirac fête elle aussi ses 17 ans.

Nicole Guedj

Nicole Guedj

Secrétaire d'Etat sous le gouvernement Chirac, Nicole Guedj exerce aujourd'hui en tant qu'avocate. Elle préside la Fondation France Israël.

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La France de la dernière guerre a eu ses « collabos », jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Elle a aussi eu ses héros qui ont lavé son honneur.

Il y a soixante-dix ans, le 16 juillet 1942, policiers et gendarmes français arrêtaient à Paris 12 884 hommes, femmes et enfants juifs.

Au moment où la France s’apprête à honorer les victimes de cette rafle tristement célèbre, c’est aussi d’un discours dont il faut se revendiquer et se souvenir : celui du Président Jacques Chirac du 16 juillet 1995.

En homme d’Etat, il a fait ce jour-là le choix de mettre fin à cinquante années de déni des autorités françaises, le choix de placer la France, terre des droits de l’Homme, face à son passé, la réconciliant ainsi avec la tradition des Lumières.

Ce fut là un événement majeur de l'histoire de France, geste fort dans la vie d'une nation.

En effet, pratiquement dès son entrée à l’Elysée, Jacques Chirac, appelant l’ensemble de nos concitoyens à ne jamais oublier, reconnaissait le rôle de l’Etat français dans la déportation et l’extermination des Juifs de France, avec ses mots : « il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire et l’idée que l’on se fait de son pays ».

Durant les douze années passées à la tête de l’Etat, le Président Chirac n’a jamais, reconnaissons-le, ménagé ses efforts pour inciter au travail de mémoire, tirer les enseignements des affres de l’Histoire, puiser les forces de l’exemple dans les valeurs de courage et d’humanité et veiller à rejeter, sans compromis, les thèses extrémistes et nationalistes.

En 2004, du village du Chambon sur Lignon, reconnu collectivement Juste parmi les Nations par Yad Vashem, à Jérusalem, Jacques Chirac prononçait un autre discours fondamental, exhortant cette fois tous les corps d’Etat, placés sous sa propre autorité, au sursaut contre l’antisémitisme.

Enfin en 2007, la culpabilité faisant place à la fierté, il mettait en lumière et à l’honneur l’histoire des Justes parmi les Nations, les faisant entrer au Panthéon, en présence de Simone Veil, dont les propos retentissent encore dans nos mémoires : « Ils pensaient avoir simplement traversé l’Histoire. En réalité ils l’ont écrite ».

La République a alors inscrit symboliquement ses pas dans ceux des « Justes parmi les Nations », êtres d’exception, « milliers de Françaises et de Français, qui sans s’interroger, font le choix du bien. Quel courage, quelle grandeur d’âme il leur a fallu ! »

A ce jour, le titre de Juste parmi les Nations a été décerné à 24 335 personnes à travers le monde, dont 3 643 en France.

Les Justes, ces forts de l’ombre, ces valeureux de l’ordinaire, ont désobéi avec héroïsme, ravivé les couleurs de la République en se levant pour s’opposer à la barbarie nazie, en fait, pour sauver des vies innocentes.

Grâce à eux et à des milliers de résistants, les trois quarts de Juifs de France ont échappé aux rafles, aux arrestations, à Drancy, à Auschwitz…

Le 10 Juillet 2012 à l’initiative du Général Jean-Louis Georgelin, Grand Chancelier de la Légion d’honneur et du Président de Yad Vashem, le premier musée au monde, celui de la Légion d’honneur, a accueilli, dans ses collections permanentes, la médaille des Justes gravée au nom du Cardinal Saliège.

Archevêque de Toulouse, il n’a eu de cesse dès 1933, de dénoncer l’antisémitisme hitlérien. Il ordonne en août 1942, dans son diocèse, la lecture publique d’une fameuse lettre pastorale affirmant : « Les juifs sont des hommes, les juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux…Ils font partie du genre humain. Ils sont nos frères comme tant d’autres, un chrétien ne peut l’oublier ».

Aujourd’hui les survivants, rescapés de la Shoah comme Justes, sont peu nombreux.

La Fondation France Israël, créée en 2006 par Jacques Chirac et Ariel Sharon, emmène chaque année des petits-enfants de Justes français en Israël, durant les commémorations de Yom HaShoah en collaboration avec le comité français de Yad Vashem. Elle a ainsi fait le choix de se tourner vers les jeunes générations pour leur permettre d’accomplir un travail de mémoire et devenir, par héritage, les témoins du courage de ces héros ordinaires.

 Alors que l’on disserte beaucoup sur l’identité nationale, les Justes, à leur époque, n’ont pas hésité ni failli. Ils ont apporté une réponse sans compromis, prouvant que les différences pouvaient s’estomper pour faire triompher l’humanité.

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