Inquisitio sur France 2 : "Doit-on payer pour se faire insulter" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La série "Inquisitio" a fait décoller les audiences de France 2 et attisé la colère de l'Eglise.
La série "Inquisitio" a fait décoller les audiences de France 2 et attisé la colère de l'Eglise.
©DR

Requisitio (de votre argent)

France 2 diffuse ce mercredi les 3e et 4e épisodes de sa nouvelle série "Inquisitio". Outre les caricatures et poncifs éculés sur le Moyen-Age et les thématiques religieuses qu'elle véhicule, et qui ont défrayé la chronique ces derniers jours, on peut s'interroger : l'argent d'une chaîne publique peut-il aller dans une attaque anti-catholique ?

Renaud Dozoul

Renaud Dozoul

Renaud Dozoul est architecte, chercheur à l’institut économique Molinari, et écrivain.

Il vient notament de publier 10 très bonnes raisons de restaurer la monarchie et Citations à l’usage du réactionnaire Authentique aux éditions Muller.

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La blogosphère n’a pas tardé à emboucher la trompette, pour dénoncer le téléfilm de l’été de France Télévision. INQUISITIO, qui nous met en garde contre ces vieux inquisiteurs cathos qu’il faut « craindre comme la peste ».

Eh oui, toujours rester vigilants, entre les heures les plus sombres de l’Histoire de l’Église, et les ventres féconds dont n’en finissent plus de naître des bêtes immondes, France 2 veille, et nous sert une saga révisionniste qui n’aurait sans doute pas déplu au KGB.

Il faut s’attarder sur la place de l’État et du service public de l’audiovisuel dans cette histoire. L’État toujours si soucieux de ne pas offenser les communautés a-t-il estimé que la subvention d’une série faisant passer les catholiques pour une bande de lubriques dégénérés qui ont toujours un juif sur le bûcher allait contribuer à l’amélioration du vivre-ensemble ? Qu’il s’agissait d’une contribution enrichissante au débat surla Laïcité ?

Quand on sait par ailleurs le soin que met l’État à gommer toute aspérité du discours sur l’Islam pour surtout ne pas stigmatiser, surtout ne pas prendre le risque de l’amalgame, il est incompréhensible que le service public de l’audiovisuel se soit vautré avec tant de moyens dans la provocation et la stigmatisation de la religion catholique. Une gestion pour le moins différenciée de l’amalgame!

Un cinéaste fait ce qui lui chante, il a tous les droits y compris au mensonge ou au blasphème. Chacun en pense ce qu’il veut, que c’est le sens même de la liberté humaine, une grave offense à Dieu ou une imposture. On peut penser ce qu’on veut, au plan moral, des individus ou des entreprises qui financent cette forme d’expression (outre la contribution toxique sur le strict plan historiographique). Mais quand l’État subventionne un film ou un téléfilm, il le fait avec l’argent de tous les Français (dont encore quelques catholiques), donc au nom de la nation. Il est intolérable que, de garant de la liberté d’expression, il devienne la caution d’une provocation de cette nature - espérons qu’il n’y a pas besoin d’appartenir à l’Église préconciliaire pour comprendre ce qu’il y a de blessant à voir sa religion et ses Saints travestis au plus grand mépris de l’Histoire.

Il ne s’agit en aucun cas de juger de la liberté d’expression de qui que ce soit, mais bien de la liberté due à chacun de choisir ou non de financer telle ou telle expression. Et en l’espèce, comme dit le poète, ce n’est déjà pas marrant d’être cocu, mais c’est franchement pénible de devoir payer la chambre…

On peut ainsi plus largement se poser la question de la légitimité de l’État à mener une politique culturelle ! Au nom de quoi et sur quelles bases faudrait-il instaurer une culture d’État, fût-elle dérangeante et subversive ? En attendant la disparition salutaire du ministère de la culture et autres subventions artistico-mondaines, nous sommes en droit d’attendre de l’État la plus grande neutralité dans ses choix culturels. La création cinématographique est suffisamment riche pour ne pas avoir à puiser dans le répertoire de la provocation religieuse, culturelle ou raciale !

En attendant, les quelques voix courageuses qui vont essayer de sonner les cloches de France Télévision vont sûrement se faire déclarer coupable d’obscurantisme par cette nouvelle inquisition en chaussures molles, sans tribunal, où l’on est déjà jugé avant de passer devant la Cour.

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