Faut-il vraiment sacrifier les jours fériés chrétiens sur l'autel de la diversité ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
La supression de fêtes chrétiennes implique une substitution de culture en France.
La supression de fêtes chrétiennes implique une substitution de culture en France.
©Reuters

Grand remplacement

L'Association nationale des Directeurs des Ressources Humaines va proposer au ministre de Travail de supprimer trois jours fériés chrétiens, à remplacer par trois jours à poser librement. Ces fêtes de tradition chrétienne sont pourtant devenues des rendez-vous nationaux, inscrits dans la culture française.

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc

Gérard Leclerc est un philosophe, journaliste et essayiste catholique. 

Il est éditorialiste de France catholique et de Radio Notre-Dame.

Il est l'auteur de l'Abécédaire du temps présent (chroniques de la modernité ambiante), (L'œuvre éditions, 2011). 

 

Voir la bio »

Atlantico : L'Association nationale des Directeurs des ressources humaines propose de supprimer trois jours fériés chrétiens, pour les remplacer par des congés payés banalisés. Ils invoquent le respect de la diversité religieuse dans l'entreprise. Pourtant, aujourd'hui, les jours fériés nationaux ne relèvent-ils pas de l’histoire nationale, sans distinction de religion ?

Gérard Leclerc : En effet, ces jours fériés font partie intégrante de l’histoire nationale. Avant l’instauration du 14 juillet, le 15 août était par exemple la fête nationale française. Dans l’ « ancienne France », le temps était structuré par ces fêtes chrétiennes, qui étaient au nombre d’une cinquantaine. Certes, on n’en est plus là, mais les grandes fêtes chrétiennes subsistent.

Cette remise en question des jours fériés pose un problème d’identification. Ce sont des repères culturels, dont la modification implique une substitution de culture, voire de civilisation. Supprimer des fêtes qui sont si ancrées dans la tradition nationale, c’est changer la nature du pays.

De fait, il s’agit de donner sa place à l’Islam en France, car c’est la religion la plus massivement concernée. Les Juifs ne sont, au contraire, pas du tout demandeurs. Personnellement, je suis favorable à l’accueil de l’Islam, avec des lieux de prière dignes de ce nom, par exemple. Cela dit, cette ouverture doit-elle se faire au prix d’une remise en cause de l’identité française ? La question se pose.

Respecter la diversité religieuse, n’est-ce pas une évolution souhaitable ?

C’est une autre civilisation. Effectivement, on peut plaider pour cette civilisation-là, mais il y a un prix à payer. En Suisse, l’électorat s’est insurgé contre les minarets parce qu’ils ont eu l’impression qu’une révolution symbolique était en marche – le minaret symbolisant la conquête des cieux. De manière générale, la population semble très attentive à ces sujets-là. Et je ne parle pas seulement de l’électorat du Front national, mais aussi de la droite et même d’une certaine partie de la gauche. Il faut mesurer l’importance de l’enjeu : on change de repère culturel – et ça, ce n’est pas gratuit. Une tradition nationale qui disparaît, que ce soit en bien ou en mal, peut provoquer des révoltes, des récriminations.

Pourquoi envisage-t-on de supprimer l’Ascension, la Pentecôte et l'Assomption en particulier, et non pas Noël, le lundi de Pâques et le jour de la Toussaint ? En sera-t-il question un jour ?

A juste titre, on a établi une hiérarchie dans les fêtes religieuses. Noël et Pâques sont effectivement les deux grandes fêtes de l’année chrétienne. On a gardé les fêtes principales, et sacrifié les autres sur l’autel de la diversité. Néanmoins, on peut envisager d’aller jusqu’à toucher à ces grandes fêtes, comme en Angleterre, où il a été question de supprimer les symboles de Noël - même le sapin ! alors que ce n’est pas un symbole chrétien en lui-même.

Le but affiché est de permettre aux salariés musulmans, juifs et d'autres confessions de poser ces jours lors de leurs propres fêtes religieuses. Y avait-il une demande de la part de ces salariés ? Ou émane-t-elle des entreprises, qui veulent éviter une vague de départs lors des jours fériés ?

Etant donné que ceux qui ont proposé cette mesure sont des DRH, on peut imaginer qu’ils ont été confrontés à ces demandes. C’est elles également qui expliquent la création d’espaces de prière dans les entreprises.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !