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PS, Verts, Front de gauche : 
pas encore des plaies 
mais déjà des bosses
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Meilleurs ennemis

Premiers accrocs entre la majorité et ses alliés. La Commission du Développement durable promise aux écologistes restera finalement au PS. Les Verts, de leur côté, se sont distingués en votant blanc à l'élection du nouveau président de l'Assemblée. Simples mouvements d’humeur ou prémices de guérilla ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Applaudissements et émotion dans l’hémicycle, grognements, début de psychodrame dans les couloirs du Palais Bourbon, et retour d’un qualificatif prêté à toutes les majorités pléthoriques : hégémonisme. La rentrée parlementaire a été étayée de toutes ces séquences.

L’Assemblée Nationale a vibré lorsque son président nouvellement élu, Claude Bartolone, « un fils de prolétaire », est monté au perchoir et a déclaré : « Rien ne me vouait à me transcender. Rien, sauf  la République, ses valeurs, son école, qui sont les seuls à pouvoir donner à des parents aimants, la force de contrarier les mauvais destins. Je dois tout à la République et je veux lui rendre aujourd’hui ce qu’elle m’a donné ».Tous les députés l’ont ovationné debout. Un rare moment d’œcuménisme Droite –Gauche, une courte parenthèse également dans cette journée marquée par les premiers accrocs au sein de la majorité, et qui fait passer un instant au second plan la défection des députés écologistes qui ont voté blanc.

Un geste de rétorsion de leur part face au refus du PS de leur laisser la présidence de la Commission du Développement durable, revendiquée au nom de l’accord électoral négocié et signé avec le PS. Mais les chiffres sont là : il n’y a que 17 députés écologistes et le groupe socialiste compte environ 300 membres. Difficile pour ne pas dire impossible de contenter tout le monde, notamment ces députés qui ont déjà beaucoup travaillé dans l’opposition et qui estiment que leur pugnacité doit être récompensée.

Or, l’Assemblée (ne)compte (que) huit commissions permanentes, une Délégation aux Affaires Européennes, et trois postes de questeurs dont l’un revient de droit à l’opposition. Hier matin, au terme d’une longue réunion interne ponctuée par des suspensions de séance, les députés socialistes ont décidé que la Présidence de la Commission du Développement durable promise verbalement au groupe EELV (Europe Ecologie les Verts), resterait dans le giron socialiste, et qu’en retour EELV se verrait proposer la Délégation aux Européennes, ainsi qu’ une vice-présidence de l’Assemblée, comme prévu.

L’ « heureux élu » PS, Jean-Paul Chanteguet, élu de l’Indre est un écologiste convaincu ; il a défendu une proposition de loi sur « l’interdiction et de l’exploration et de l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels » (gaz de schistes), en proposant «  l’abrogation des permis exclusifs de recherche de mines d’hydrocarbures non conventionnels » ; proposition retoquée en son temps, mais sujet qui est au cœur de la polémique autour du forage de la compagnie Shell en Guyane, qui aurait couté son poste de Ministre de l’Ecologie à Nicole Bricq. Ces brevets de conviction écologique n’ont pas suffi pour convaincre les élus EELV de la bonne foi des socialistes. Drapés dans leur dignité offensée, ils ont décidé « de mettre les pieds tout de suite », pour déplorer  « ce très mauvais signal politique » envoyé par le PS.

C’est qu’en interne, beaucoup de députés socialistes désapprouvent également cette décision car ils soupçonnent leurs collègues élus dans des circonscriptions rurales d’avoir voulu empêcher l’accession d’un Vert à la présidence de la Commission du Développement Durable, pour ne pas avoir d’ennuis avec les chasseurs, dont la puissance électorale n’est plus à démontrer. Mais le développement durable englobe également l’énergie, donc le nucléaire, avec tout ce que cela comporte de futures décisions stratégiques pour le gouvernement !

D’où la réflexion désabusée de Denis Baupin, député EELV de Paris : « il faut que le PS règle ses problèmes en interne avant de nous prendre pour une variable d’ajustement ».Une décision à courte vue ? Elle n’aura pas de conséquence arithmétique, compte tenu du rapport de forces entre les composantes de la majorité. Mais elle risque de peser sur le climat politique .C’est pourquoi ces tensions ne sont pas anodines, car c’est au début que se prennent les décisions qui forgent une législature, que naissent des frustrations , des aigreurs et des rancoeurs car les appétits sont grands et le gâteau à partager, modeste. Avec trois groupes amis, ou plutôt satellites (un groupe écologiste, un groupe Radical de Gauche, et un groupe Front de Gauche), le groupe socialiste domine largement le Palais Bourbon. Alors, simple mouvement d’humeur ou prémices de guérillas futures ? Dans l’entourage de Claude Bartolone on veut croire à la première hypothèse. Les Socialistes ont maintes fois répété qu’ils ne veulent pas gouverner seuls.

Les Ecologistes sont au gouvernement, mais n’ont aucun poids dans les secteurs qui concernent l’Ecologie. Aujourd’hui ils sont devant un dilemme : se se cantonner à ce seul secteur ou accepter de se diversifier ? Serait-ce alors un signe de maturité ou de renoncement à leur spécificité? On a déjà une certitude : le débat va vivre à l’Assemblée !

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