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Pour sortir de la crise, la France
doit engager une réforme profonde
de ses institutions
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Tous les problèmes de la France sont liés. Gérard Dussillol affirme que si la croissance est la seule solution, la France doit préalablement passer par une grande réforme institutionnelle. Extraits de "La crise enfin !" (2/2).

Gérard Dussillol

Gérard Dussillol

Gérard Dussillol a fait carrière dans le monde de la finance en France et à l'international, d'abord chez Paribas puis au sein du groupe Goldman Sachs.

Il fonde ensuite sa propre société financière. Il est aujourd'hui conseil de plusieurs sociétés d'investissements. Il est également président de la commission de finances publiques de l'Institut Thomas More (Paris et Bruxelles).

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Cela fait plus de trente ans qu’on parle sans succès de réforme de l’appareil d’État. Et rien ne pourra se faire si ce n’est dans le prolongement d’une réforme institutionnelle. Celle-ci, en effet, passe par un référendum portant sur la réforme des institutions, des collectivités territoriales et les mesures de gouvernance ci-dessus ; le fil directeur en est l’amélioration de la gouvernance politique et publique. Un tel référendum ne va pas en lui-même résoudre les problèmes de fonctionnement de notre appareil d’État, mais va permettre de préparer la réforme et lui donner une cohérence. Enfin, une fois voté, c’est conférer à ladite réforme une assise et une force incontournables ; débats et discussions auxquels un tel référendum va donner lieu permettront de brasser les idées et travailler le corps social par-delà les corps intermédiaires. C’est un travail préalable indispensable.

C’est en fait la création d’une légitimité et d’une dynamique puissantes, nécessaires pour mettre en place l’étape de la réduction des inefficiences et du coût de notre service public. N’est-ce pas le moyen utilisé par De Gaulle en 1958 pour mettre fin aux blocages inextricables nés de la guerre d’Algérie et régénérer la vie publique du pays ?

C’est en rebattant les cartes qu’on se donne les moyens de faire bouger les choses en profondeur. Une réforme institutionnelle apparaît comme le plus puissant levier pour se donner les moyens d’une transformation en profondeur de l’appareil d’État et de la société française.

Les Français attendaient cette pédagogie [de la crise]. Ils ne l’ont pas eue. Et même si la page électorale est tournée, peut-on considérer pour autant … qu’ils ne l’attendent plus ? Peut-on croire que leurs inquiétudes se soient évanouies après les choix qu’ils viennent d’opérer ? Tout reste à faire : la réalité reste ce qu’elle est, ne manquant pas de nous rattraper. Il ne faut pas pour autant s’abandonner au pessimisme. On l’a vu, nos problèmes de dette et de chômage ont la même origine. Ils sont intimement liés, et seule la croissance permet de les résoudre : la résorption de la dette passe par un retour à la croissance, tout comme la sortie du sur-chômage, avec tout ce qu’il génère de vraies injustices sociales, clivages, tensions et coûts, au sein de notre société.

Alors oui, il faudra du temps avant de voir les indicateurs macro-économiques se redresser et percevoir des améliorations dans la vie quotidienne. Les marchés pourraient-ils nous laisser ce temps ? Oui, s’ils ont confiance. Maîtriser une dette de cette ampleur est une tâche longue et difficile ; il faut les rassurer, cette fois sur notre capacité à tenir fermement nos engagements. Une forte cohésion nationale en est le gage le plus fort, car elle permet des réformes plus audacieuses et renforce leur crédibilité.

Le discours capable d’assurer une telle cohésion revêt alors un caractère hautement stratégique : la seule perspective de voir les nuages se dissiper peut faire revenir très vite la confiance des marchés, de nos partenaires européens, des acteurs économiques et des Français. Et cette confiance retrouvée est la clef pour amorcer le retour de la croissance.

Aurait-on vécu enfin de telles tensions, si nous, Français, avions pris et annoncé la décision de réformes structurelles et rassuré tout de suite nos créanciers et l’Allemagne ?

France et Allemagne forment la clé de voûte du système européen : si l’un des partenaires s’affaiblit trop, tout l’édifice est menacé. L'Allemagne n’a ni le désir, ni surtout la capacité de porter l’Europe seule. [Or notre] sous-performance se traduit par un décro­chage grandissant avec notre principal partenaire économique.

Deux traditions, deux histoires, deux cultures demeurent face à face avec une Allemagne, cette fois, en position de force face à une France ayant perdu beaucoup de sa crédibilité et de ses leviers sur elle. [Les Allemands] essayent aujourd’hui de colmater cette faille par un nouveau traité, mais toutes les réglementations du monde ont une limite si la volonté n’est pas là. Elle n’y est toujours pas de notre côté. Donc, si nous ne bougeons pas, le système n’est pas viable : on n’échappera pas à une nouvelle crise. La clef est chez nous.

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Extrait de La crise enfin, Xenia (25 mai 2012)

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