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Hénin-Beaumont : comment expliquer la faillite des sondages ?
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Nostradamus

Les instituts de sondage se sont encore trompés. Marine Le Pen était créditée de 32% des intentions de vote. Elle a finalement rassemblé 42% des voix. Jean-Luc Mélenchon, annoncé au second tour, a encore fait pschitt... L'échec du candidat du Front de gauche est-il aussi celui des sondeurs ?

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart est le Directeur Général adjoint de l'institut de sondage Opinionway. Il est l'auteur de "La Présidence anormale – Aux racines de l’élection d’Emmanuel Macron", mars 2018, éditions Cent Mille Milliards / Descartes & Cie.

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Atlantico : En début de campagne, Marine Le Pen  devait arriver en tête à Hénin-Beaumont avec 37% au 1er tour, devant Jean-Luc Mélenchon (25%) et le socialiste Philippe Kemel (21,5%). Finalement, Jean-Luc Mélenchon (21,48%) arrive derrière le socialiste Philippe Kemel (23,5%) et Marine Le Pen (42,36%). Comme à l’élection présidentielle, Mélenchon a été surestimé et Marine Le Pen sous-estimée. Comment expliquez-vous ce décalage entre les sondages et le résultat ?

Bruno Jeanbart : OpinionWay a publié vendredi une enquête qui donnait Jean-Luc Mélenchon en troisième position. L’enquête à laquelle vous faites référence a été réalisée trois semaines avant le premier tour. La campagne a fait bouger les lignes. Une enquête que nous avons réalisée hier montre que 15% des électeurs se sont décidés au dernier moment. Par ailleurs, le vote Le Pen reste difficile à évaluer car une partie des électeurs du FN n’assument pas leur choix.Les sondages sont donc corrigés à posteriori, mais il arrive cela ne suffise pas pour supprimer les biais.

Vendredi OpinionWay annonçait Marine le Pen en tête avec 32% des suffrages. La présidente du FN a réalisé 42% des voix. Un écart de dix points. Le différentiel est tout de même très important. Pour Steeve Briois, Mélenchon est « le candidat des sondeurs et des journalistes. N’y a-t-il pas eu « un phénomène de mode Jean-Luc Mélenchon » ?  

Je le rappelle, à Hénin-Beaumont, OpinionWay a annoncé Jean-Luc Mélenchon troisième. A la présidentielle, nous l’avons toujours placé derrière Marine Le Pen. Ce n’est donc pas une critique qui nous concerne directement. En revanche, nous avons sous-estimé le résultat de Marine Le Pen. Il y a eu un vote utile à droite. Le score de l’UMP dans la circonscription est très inférieur à celui qu’avait réalisé Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle. Nicolas Sarkozy avait fait 16%  et le candidat du Modem soutenu par l’UMP n’a fait que 7% aux législatives. L’écart est justement proche de 10 point. Beaucoup d’électeurs de la droite classique ont finalement décidé de franchir le pas et de voter Marine Le Pen dans cette circonscription.  

Durant les présidentielles, Jean-Luc Mélenchon était également crédité de 16% jusque dans les derniers jours. Il a terminé à 11%...

L’électorat de Jean-Luc Mélenchon est volatil et donc très compliqué à mesurer. Il y a des passerelles entre gauche classique et gauche radicale, mais aussi entre extrême gauche et extrême droite. Certains sondés qui vote Marine Le Pen déclarent voter Jean-Luc Mélenchon car c’est un vote protestataire considéré comme plus acceptable. Par ailleurs, il y a eu aussi un phénomène de vote utile à gauche. Des électeurs qui avaient voté Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle ont préféré voter PS aux législatives pour assurer une majorité au parlement à François Hollande. Ce vote s’est déclenché dans les derniers jours.

Jean-Luc Mélenchon a-t-il contribué à faire progresser Marine Le Pen ?

Il est possible que le vote FN de l’électorat de la droite classique ait été déclenché par la personnalité très clivante de Jean-Luc Mélenchon. Pour un électeur de droite, Mélenchon est peut-être un candidat trop radical. Face à un candidat de centre-gauche classique, le phénomène de vote utile aurait été moins important.

Au second tour, la victoire de Marine Le Pen est-elle possible ?

La circonscription est plus que jamais gagnable pour Marine Le Pen. Son score du premier tour est très bon et la gauche est divisée. Le FN fait 42% tandis que le candidat de l’UMP fait 8%. On flirte donc avec les 50%.  Ça dépendra de la campagne de second tour  et des différents appels qui vont être faits dans l’entre-deux tour. Il faudra recoller les morceaux entre deux camps qui se sont durement affrontés. Pour l’emporter, la gauche devra susciter un surcroît de mobilisation.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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