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Mais qui osera enfin 
imposer en France l’inévitable 
tournant de la rigueur ?
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EDITORIAL

Les marchés n'ont pas encore attaqué la France, mais la situation pourrait se dégrader si François Hollande ne mettait pas en œuvre de véritables mesures d'austérité.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Une étrange passivité s’est emparée du pays depuis l’élection présidentielle. Ce n’est peut-être pas l’état de grâce, mais tout se passe comme si nos compatriotes avaient remis les clés au nouvel occupant de l’Elysée pour mieux s’intéresser à leurs vacances avec l’arrivée  de l’été.  La campagne des législatives se déroule dans une sorte d’indifférence, en dehors de quelques particularismes locaux, au point qu’il faut rappeler régulièrement aux Français les dates du prochain scrutin législatif, ceux-ci considérant que l’essentiel de leur tâche a été accompli avec le vote présidentiel.

La crise financière continue pourtant de faire rage ; elle concerne au premier chef les pays du sud, où le financement de la dette devient un peu plus coûteux chaque jour, alors que la France vient de bénéficier d’un taux historiquement bas à 2,35% pour la dette à dix ans. Avec au surplus le maintien du triple A par l’agence de notation Moody’s, ce qui témoigne bien du dérèglement des marchés. Notre pays profite du sauve-qui-peut général sur les valeurs refuges, selon le vieux proverbe qu’au pays des aveugles les borgnes sont rois. Allemagne et France, par leur taille au sein du vieux continent attirent les capitaux qui ne peuvent tous gagner la Suisse ou les États-Unis.

Un réconfort pour François Hollande qui savoure le démenti infligé par les marchés à ceux qui avaient annoncé une envolée des taux avec le retour de la gauche au pouvoir et se trouvent  pris à contre-pied. Un climat qui serait bienvenu, s’il pouvait se prolonger, pour annoncer les réformes que le gouvernement doit mettre en œuvre, comme viennent de le rappeler à la fois la Cour des Comptes et la Commission de Bruxelles. La première réclame une réduction de 50 milliards d’euros du déficit pour simplement stabiliser la dette, qui continue pour l’instant sa progression. Pour la seconde, on ne peut se contenter d’un simple examen des comptes publics ; il faut, étant donné l’ampleur de la crise, remédier au plus vite aux  déséquilibres macroéconomiques bien connus, tels que la rigidité du marché du travail et la perte de compétitivité des entreprises. La  Commission précise qu’elle pourrait s’engager sur la voie de sanctions financières en cas de carence de l’Etat.

Les premières mesures annoncées telles que l’augmentation du SMIC, ou la retraite à 60 ans pour certains travailleurs vont à priori à l’encontre de ce que recommandent les rapports officiels. Mais il faut bien donner quelques gages à ses électeurs. Car le plus dur est à venir.

Pour éviter que « le changement c’est maintenant » ne reste un slogan désuet de campagne, il faudra peut-être subir simultanément la double pression de Bruxelles et des marchés pour faire bouger les lignes. Au rythme auquel la crise se développe depuis quelques semaines dans les pays du sud de l’Europe, il n’est pas exclu qu’un choc se produise, dont il est impossible de prévoir les conséquences pour l’instant, mais qui ne permettrait plus au nouveau pouvoir de se réfugier dans l’immobilisme.

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