"Le Mouvement anti-radar n'est pas le parti des chauffards et des partisans de l'alcool au volant"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Le Mouvement anti-radar n'est pas le parti des chauffards et des partisans de l'alcool au volant"
©

Contrairement aux apparences...

Parmi les candidats "différents" qui se présentent aux législatives, le Mouvement anti Radar (Mar) est sans doute le plus vaste. Il présente 80 candidats. Qui sont ces défenseurs auto-proclamés des "libertés primaires" qui contestent le "pouvoir répressif d'un Etat maternant obsédé par le contrôle et la rééducation de ses sujets".

Joseph  Jolly

Joseph Jolly

Joseph Jolly est porte-parole du Mouvement anti-Radar (MAR)

Voir la bio »

Atlantico: La campagne des législatives bat son plein. Votre parti est méconnu en France, pourriez-vous nous présenter brièvement sa doctrine?

Joseph Jolly : Le Mouvement Anti Radar est récent puisque sa création date de novembre 2011. L'élection législative de juin 2012 est sa première action d'envergure. Il est donc normal qu'il soit inconnu du grand public, même si la plupart de ses revendications sont celles d'une majorité d'usagers de la route et de citoyens se situant au-delà des clivages politiques habituels. Sa doctrine est expliquée dans la petite plaquette écrite par son président, le docteur en droit Jean-Louis Soulié : Mort aux radars... et vive la clope au bar ! (Editions de l'Aspirant). Derrière un titre volontiers provocateur et décalé, il s'agit de mettre en lumière la défense des "libertés primaires" et de contester le pouvoir répressif d'un Etat maternant obsédé par le contrôle et la rééducation de ses sujets. 

Ainsi le combat contre la multiplication des radars automatiques se veut la dénonciation publique non seulement d'un racket fiscal arbitraire et généralisé, mais aussi d'un projet liberticide de société encadrée par des robots. C'est pourquoi, outre la fin du permis à point et la libéralisation de l'apprentissage de la conduite, nous réclamons aussi une révision de la loi concernant l'interdiction de fumer dans les lieux privés fréquentés par une clientèle. Nous voulons aussi l'inscription dans la Constitution d'un amendement stipulant l'inaliénabilité des libertés publiques, y compris les plus infimes. Le MAR est un cri de refus envers les partisans d'un mode de vie hygiéniste et infantilisant. Par esprit de liberté, nous préférons faire confiance à la responsabilité des individus plutôt qu'aux machines et aux règlements absurdes.

Combien comptez-vous de représentants ? 

Pour cette première élection, nous présentons environ 80 candidats. C'est peu au regard des forces en présence. C'est beaucoup quant à nos moyens et notre notoriété. Nous sommes surtout présents dans le Nord-Ouest et le Midi de la France. Nous posons les premières pierres d'un édifice qui ne demande qu'à s'agrandir. Toutefois la finalité n'est pas de devenir un parti politique avec des élus et des prébendes. Nous souhaitons juste faire entendre la petite voix d'une majorité ignorée et ponctionnée à mesure de son silence et de sa docilité. Aux Etats-Unis ou à Bruxelles, nous aurions réuni nos forces et nos finances pour nous payer les services d'un lobbyiste. En France républicaine, nous empiétons sur la chasse gardée des futurs députés pour qu'ils prêtent quelques instants de leur précieuse attention au sort de ceux qui les élisent, par conviction ou à défaut. 

Nous ne réclamons pas la révolution, juste un peu de considération pour ceux qui ne peuvent plus payer leurs amendes, qui prennent le volant la peur au ventre, qui craignent de perdre leur emploi avec leur permis, qui désespèrent de voir une justice aveugle si dure et impitoyable avec eux. 

Vos candidats ont-ils tous encore leur permis de conduire ? 

La plupart de nos candidats sont des conducteurs responsables, respectueux de la loi malgré ses excès, et possèdent encore leur permis. Certains, très jeunes, sont en train de passer l'examen si nécessaire. Mais d'autres l'ont déjà perdu en effet à l'image de notre président national qui se l'était vu retiré en 2006 pour quatre infractions concernant le non-port de la ceinture de sécurité. Un problème médical l'empêchait de se saucissonner à chaque fois qu'il montait dans son véhicule. Depuis, il a pu récupérer son permis B et obtenir une dispense.

Le MAR n'est pas le parti des chauffards et des partisans de l'alcool au volant. Il ne souhaite pas l'augmentation des morts sur la route et l'abrogation de la sécurité routière. Le MAR craint juste pour la liberté de mouvement des citoyens de plus en plus restreinte par divers décrets et arrêtés de toutes sortes. Il lutte contre un arsenal législatif pléthorique qui se cache derrière les meilleurs sentiments du monde pour auréoler sa pluie de taxes sous l'arc-en-ciel de la morale publique.

Vos représentants éventuels s'engagent-ils à ne pas respecter les limitations de vitesse, comme les convois du président François Hollande ?

Nous n'incitons personne à la désobéissance civile ou à commettre des actes répréhensibles. Quel intérêt cela aurait-il ? Aucun. Quant aux convois de François Hollande, ils doivent circuler à la même allure que ceux de Nicolas Sarkozy en son temps. Ce qu'il faut relever dans votre question (im)pertinente, c'est le focus sur le comportement des élus qui votent des lois pour le commun des mortels et s'en excluent du haut de leur puissance égalitaire et fraternelle. Nous comprenons tout à fait qu'un président de la République ait une fonction et des obligations qui l'obligent parfois à contourner les lois concernant la sécurité routière. Néanmoins, il doit montrer l'exemple et son cas personnel devrait l'inciter à l'indulgence (par exemple en rétablissant la coutume de la grâce présidentielle pour les petites infractions comme les PV de stationnement).

Comment comptez-vous peser dans la politique anti-radar sans majorité parlementaire ?

Nous ne nous faisons pas d'illusions quant à nos chances d'avoir des représentants au Palais Bourbon.Comme nous le disons, nous voulons attirer l'attention et nous servir de cette élection comme d'un tremplin pour porter des projets capables de véritablement peser sur les prochains débats législatifs relatifs aux questions qui nous intéressent. L'élection de juin est une caisse de résonance formidable pour le jeune MouvementAnti-Radar. Nous aurions tort de ne pas saisir les opportunités que notre démocratie met à disposition des citoyens. On ne peut pas objectivement se plaindre et refuser les voies de recours disponibles. 

Peu importe à vrai dire la majorité élue. La proportionnelle n'existant pas dans le cadre de ce système électoral, disposer d'un groupe parlementaire est utopique. Mais les politiques devraient se méfier, car les gens se regroupent de plus en plus sur des sujets qui concernent leur quotidien, sans la poudre aux yeux idéologique. Leurs chamailleries interminables et coûteuses n'intéressent plus qu'eux. L'indifférence et la désespérance suscitées ne s'abstiendront pas toujours.

Comment pourriez-vous convaincre les électeurs que vous n'êtes pas un parti bidon ?

Notre honnêteté et notre présentation prouvent que nous ne sommes pas un parti bidon. Certes nous ne sommes pas un parti classique, avec ses apparatchiks et ses voix à négocier. Nous sommes plutôt des citoyens qui avons délaissé la rengaine de comptoir pour traverser la rue et déposer à la préfecture nos candidatures, un peu à la pirate il est vrai. Nous n'avons pas de staff pour nous occuper de l'administratif et gérer une campagne comme les grandes écuries. Nous sommes amateurs dans cette course et notre seul sponsor c'est l'exaspération positive. Nous disons : ça suffit ! et surtout nous donnons l'occasion à d'autres de le dire bien haut et bien fort. Le MAR n'est qu'un levier, saisissez-le ! 

Donnerez-vous des consignes de vote en cas de triangulaires avec le FN ?

Le MAR n'entre pas dans des considérations politiciennes, ni de haute politique. Il ne prend pas position sur la diplomatie de la France, l'immigration, l'avenir de l'euro, les nominations au Conseil constitutionnel ou encore sur le port de la cravate à Camp David. Toutes ces questions intéressent sans aucun doute ses membres et ses potentiels électeurs à titre individuel, mais ce n'est pas son rôle que de disserter sur ce qui n'a pas de rapport direct avec son programme. 

Le MAR ne prétend pas donner des consignes de vote pour le moment, par humilité et par respect de l'avenir. Peut-être qu'au cas par cas, si tel ou tel candidat bien placé s'engage à prendre des mesures allant dans notre sens, nous pourrions donner des consignes valables localement et sans considération de l'étiquette politique.


Propos recueillis par Antoine de Tournemire

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !