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Pourquoi les régimes sont désastreux
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Malus

Dans ce livre, voici ce que vous ne trouverez pas : menus imposés, liste d'aliments interdits, phase de stabilisation mystique... Aucune violence alimentaire. Le diététicien Alexandre Lefèvre propose une méthode pour perdre du poids de façon durable et mettre un terme à l'infernale spirale des régimes. Extraits de "En finir avec les régimes" (1/2).

Alexandre Lefèvre

Alexandre Lefèvre

Alexandre Lefèvre est diététicien libéral et entrepreneur. Par sa méthode éprouvée depuis des années, il s'est spécialisé dans le traitement des régimes chroniques. Il est le fondateur de vaiia.com, site internet résolument innovant en matière de prise en charge diététique du surpoids.

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Force est de constater que les régimes ne fonctionnent pas. Pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à proposer des solutions miracles pour perdre les kilos qui dérangent. Chacun de nous est prêt à céder à leurs promesses, tant le désir de maigrir est ardent. Aux dépens souvent de notre intégrité physique et psychique.

Dans cette flopée de régimes, on distingue deux grandes familles.

Les premiers cherchent à provoquer les déséquilibres nutritionnels les plus puissants possibles pour faire maigrir leurs adeptes. Au menu : que du pamplemousse, que des pâtes, que de l’ananas, que de la soupe aux pouvoirs mystiques, que des protéines alimentaires ou en sachets… Ou alors ils dissocient les glucides et protéines, ils sélectionnent des aliments pour leurs pouvoirs « magiques », ils proposent de ne manger que ce que l’on attrape à la fourchette, ou que ce qui est cru… la liste est très longue. Bref, tout est bon pour créer le déséquilibre. Et pourquoi pas, dans ce cas, ne plus rien manger ? Quelle absurdité !

Les seconds vantent au contraire les mérites d’un équilibre nutritionnel. Mais de quel équilibre parle-t-on ? La notion d’équilibre n’a de sens que si elle est relative à une personne en particulier, avec ses propres besoins nutritionnels, ses propres désirs, ses propres environnements, ses propres problèmes… Si ce deuxième type de régime est moins néfaste pour la santé que le premier, il n’en reste pas moins un régime.

 En effet, tous deux répondent aux quatre caractéristiques récurrentes qui définissent selon moi les régimes :

– ils se trompent de problématique initiale et définissent de mauvais objectifs, les réduisant à une perte de poids ;

– ils créent un système de motivation basé sur la capacité de la personne à « tenir bon » dans le temps ;

– ils imposent un mode d’alimentation sans se soucier de la spécificité de chacun, de sa problématique, de son histoire, de son corps, de son mode de vie… ;

– ils laissent espérer qu’une simple période de stabilisation permettra de garder le poids souhaité. […]

Nous assistons actuellement à une course furieuse : quel régime permettra de perdre du poids le plus rapidement possible ? Chaque régime rivalise de créativité sur le plan marketing pour vous vendre cette illusion d’un amaigrissement éclair, sans fatigue, et durable… Mais jusqu’où ira-t-on dans cette frénésie ? À peine vous connectez-vous à Internet que l’on vous demande déjà combien de kilos vous voulez perdre.

Aujourd’hui, le consommateur est agressé de toutes parts par une démarche mercantile offensive qui exacerbe son désir de maigrir. Il écoute le chant des sirènes et perd alors ses repères « raisonnables ». Il est prêt à accepter n’importe quoi, à supporter n’importe quelle absurdité. Il oublie l’essentiel : la perte de poids ne doit pas se faire aux dépens de son intégrité ni physique ni psychique, et elle doit être envisagée durablement.

Un régime, c’est une illusion, un fantasme, un rêve qui renvoie la personne face à son désir de perdre du poids.

Bien sûr qu’ils font perdre du poids, et il suffit pour s’en convaincre d’additionner tous les kilos perdus depuis votre premier régime. Mais où en êtes-vous aujourd’hui ?

Régimes aux conséquences désastreuses

La perte de poids est un processus biologique qui affecte le corps. Mais le corps n’est pas une machine que l’on peut agresser sans qu’il réagisse. Plus un régime est drastique, plus la perte est violente, et plus les conséquences sont importantes, voire graves.

  • Les « malus » santé

D’un point de vue physiologique, l’enchaînement des régimes se soldera par :

– une reprise de poids quasiment assurée dans les vingt-quatre mois qui suivent l’arrêt du régime, avec, en moyenne, un bonus de 20 % du poids perdu en plus ;

– une résistance accrue du corps face aux régimes suivants : ce qui avait bien marché fonctionnera de moins en moins aux tentatives suivantes ;

– et, bien entendu, tous les effets délétères sur la santé, allant de la simple gêne (frilosité importante, transit perturbé, flatulences, fatigue chronique, mauvaise haleine, chute de cheveux, vertiges, etc.) aux problèmes plus graves (atteintes du foie, des reins, de l’intégrité des os, déséquilibres du cholestérol, de la glycémie, carences nutritionnelles parfois très importantes…).

  • Les « malus » comportementaux

Entre autres effets, nous pouvons noter :

– un développement de restrictions cognitives se traduisant par la prohibition d’un grand nombre d’aliments de nos assiettes ;

– l’apparition de toute une flanquée de croyances alimentaires absurdes ;

– une détérioration du rapport à l’alimentation, qui peut devenir très conflictuel et douloureux ;

– dans certains cas, apparition ou aggravation de troubles du comportement alimentaire, du type boulimie, anorexie, compulsions alimentaires…

Toutes ces conséquences viennent du fait que les régimes détériorent progressivement les fondamentaux de l’alimentation personnelle. On se prive, on se restreint, on se maîtrise. À force de régimes, manger devient uniquement un moyen de contrôler son poids.

Inéluctablement, nous perdons une relation naturelle et saine avec les aliments. La nourriture perd sa fonction sociale liée au partage et à la fête ; elle cesse de compenser des émotions, de réconforter, de remonter le moral ; elle ne nous rassasie plus…

Et pour supporter tout ça, la personne devra fournir de plus en plus d’efforts mettant à rude épreuve sa capacité à tenir bon… jusqu’à ce qu’elle craque une fois de plus.

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Extrait de En finir avec les régimes,Eyrolles (10 février 2011)

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