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Et si l’on renvoyait 
les parents à l’école ?
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(Ré)éducation

Ce lundi, un père de famille qui avait abandonné sa fille de 4 ans, seule, dans sa voiture, pour aller en boîte de nuit, passe devant la justice. Sommes nous tous prêts à être parents, instinctivement ?

Emmanuelle de Boysson

Emmanuelle de Boysson

Écrivain , Emmanuelle de Boysson est également journaliste.

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En quoi la situation des parents a-t-elle évolué ces dernières années ?

Ils sont beaucoup plus perdus qu’avant. La situation du couple est absolument dramatique aujourd’hui. Les nombreux divorces conduisent souvent les parents à tout passer à leurs enfants afin de préserver des moments de plaisir dans leur relation. Et le réseau familial qui existait auparavant se délite peu à peu : au-delà de l’éclatement du couple, grands-parents, oncles et tantes qui agissaient comme des remparts ne peuvent aujourd’hui plus tenir ce rôle.

Par ailleurs, il y a aussi les problèmes financiers causés par la crise et les logements souvent exigus. Autre problème, les pères sont souvent un peu perdus et les mères débordées par leur travail et leurs soucis : ils ont donc peu de temps à consacrer à leurs enfants. Surtout, les femmes ont leurs enfants beaucoup plus tard, à 30 ans, voire plus. Du coup, l’enfant devient « l’enfant roi », l’enfant qu’on a souvent eu suite à un traitement.  Il y a une survalorisation de l’enfant aux dépens du couple... et aux dépens de l’enfant.

Enfin, les parents ont tendance à se comporter aujourd’hui comme des ados, avec un manque de responsabilité gigantesque. Ils laissent par exemple leurs enfants pour sortir faire la fête. On est dans une société où chacun ne pense qu’à soi, qu’à son propre plaisir. L’enfant est donc perçu soit comme un faire-valoir, soit comme une gêne.

Etre parent aujourd’hui demande-t-il donc un apprentissage?

Aujourd’hui, on n’est pas du tout préparé à être parent. C’est là le vrai problème. Il y a plusieurs façons de former les parents. Il faudrait vraiment s’y atteler. Parce qu’entre les familles monoparentales, les divorces, et tous les problèmes de solitude des parents isolés qui vivent dans la précarité, il y a beaucoup de souffrance. Tous ces facteurs augmentent les chances de dérives et d’une éducation mal suivie.

Que préconisez-vous pour former les parents?

Il y a des formations qui existent, et que les politiques actuelles ne favorisent pas, comme ce que l’on appelait l’école des parents il y a quelques années, où les parents pouvaient se retrouver ensemble. A mon sens, aujourd’hui, cela devrait passer par l’école. Il y a un vrai problème avec l’école : les professeurs comptent totalement sur les parents, s’appuient complètement sur eux, alors qu’en réalité il devrait y avoir à travers l’école des réunions pour les parents, pour les aider, pour discuter avec des psychologues de leurs problèmes avec leurs enfants. C’est l’inverse qui se produit actuellement : les professeurs sont très demandeurs vis à vis des parents, alors que ces derniers sont beaucoup plus paumés que les professeurs, qui eux sont les premiers à s’alléger de leur boulot dès qu’ils le peuvent.

Il faut donc dire aux parents “on va vous éduquer” ?

Pas exactement dans ces termes là. On va leur dire “on va vous écouter, on va partager ensemble les difficultés que vous avec vos enfants.”  Je pense qu’il faut enlever l’idée d’éducation des parents. Il faut plutôt les responsabiliser en leur disant “on va réfléchir à votre rôle de parent ensemble”, réfléchir sur la notion du temps, comment fixer des règles.

Cela vous semble réaliste? Il y a beaucoup de réunions parents-élèves auxquelles les parents ne viennent pas…

Tout dépend de la manière de présenter les choses. Cela les intéressera sans doute plus s’il y avait des personnes compétentes. Souvent les réunions de parents d’élèves sont bâclées. Ils ne prennent pas la parole. Les professeurs ne sont absolument pas attentifs à la personnalité des enfants et à leurs difficultés psychologiques. Ils ne voient que les notes, le travail, les résultats, et ils demandent aux parents de pourvoir à tout. Aller voir un psychologue quand on a des difficultés avec son enfant, c’est une démarche très individuelle. Ce que je trouve intéressant, c’est la démarche de groupe, que plusieurs parents se retrouvent ensemble et discutent de leurs problèmes. Je pense que les parents sont très demandeurs. Si ça se passe de manière intelligente, si on est là pour les aider, avec d’autres parents, des psychologues ou des professeurs un peu éclairés, les parents viendront.   

L’école dispose-t-elle de moyens suffisants pour former les parents ?

C’est l’éternel problème. On vous dira toujours que l’école n’a pas assez de moyens pour entreprendre quoi que ce soit. Mais cela me paraît être une réforme urgente, vu l’état de la société actuelle.

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