La laïcité : les profs sont-ils dans l’autocensure et/ou eux-mêmes les censeurs ?<!-- --> | Atlantico.fr
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classe enseignants censure laïcité élèves professeurs éducation nationale caricatures Samuel Paty pression
classe enseignants censure laïcité élèves professeurs éducation nationale caricatures Samuel Paty pression
©BORIS HORVAT / AFP

Enseigner au quotidien

Près d'un enseignant sur deux dit s'être déjà autocensuré dans son enseignement autour des questions religieuses, d'après un sondage de l'Ifop pour la fondation Jean-Jaurès et l'hebdomadaire Charlie Hebdo, publié mercredi. Le pourcentage a augmenté de 13 points depuis 2018, selon cette enquête. Comment expliquer que ce phénomène soit si important ?

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli est professeur agrégé de lettres, enseignant et essayiste français.

 Il est l'auteur ou le co-auteur d'un grand nombre d'ouvrages parus chez différents éditeurs, notamment  La Fabrique du crétin (Jean-Claude Gawsewitch, 2005) et La société pornographique (Bourin, 2012)

Il possède également un blog : bonnet d'âne

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Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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Atlantico.fr : Selon un sondage de l’IFOP Fondation Jean Jaurès et Charlie Hebdo, quelques mois après la mort de Samuel Paty, près d’un professeur sur deux affirme s’autocensurer sur les sujets liés à la laïcité. Comment expliquer que ce phénomène soit si important ?

Jean-Paul Brighelli : Notons d’abord qu’il s’agit d’un énième sondage sur le sujet — puisque le rapport établit des comparaisons avec un sondage précédent effectué en 2018. Qu’est-ce qui a été fait entre-temps ? Pas grand-chose, puisqu’en 2020, les islamistes en sont arrivés à décapiter un professeur d’Histoire-Géographie. Et que le nombre d’incidents, comme on dit par euphémisme, a singulièrement augmenté.

Par ailleurs, le très grand nombre de manifestations d’intolérance dans les « banlieues » et surtout dans les établissements prioritaires donne une idée du maillage désormais effectif en France des idées fanatiques et superstitieuses. Rapportées sur une carte de France, ces manifestations montreraient un mitage du tissu national.

Quant aux phénomènes d’autocensure, ils ne datent pas d’hier. Que près de 9% de mes collègues condamnent le cours qui a valu à Samuel Paty les foudres de l’islamisme prouve à quel point le concept de soumission, tel que l’a élaboré Houellebecq, gagne dans l’Education.

Il est évident qu’un ministère qui proclamerait une tolérance zéro aurait désormais fort à faire avec des réflexes d’abstention qui se sont ancrés dans les consciences professorales. Ce qui en revanche s’est développé, c’est une tolérance à l’expression d’idées nocives — faire un cours sur Israël est un exercice de haute virtuosité — et de revendications aberrantes : amener des élèves dans une piscine ou en visite dans une cathédrale relève désormais de l’opération Danger. Que le système ait entériné les revendications de menus halal dans les cantines donne la mesure de notre soumission aux diktats des extrémistes. Que le gouvernement socialiste n’ait rien fait face aux contestations explicites à l’époque des tueries de Charlie et d’ailleurs témoigne de notre anéantissement moral.

Enfin, la gangrène s’est répandue en classe dans les gestes les plus simples. En primaire, demander à de petits garçons de donner la main à des petites filles devient risqué. On constate que collégiens ou lycéens, à un âge où les hormones leur conseillent plutôt des rapprochements, se séparent désormais en classe de leurs homologues filles, de peur de se contaminer en les effleurant : qui sait si elles ne sont pas « impures » ? Et ta mère, petit con ?

Guylain Chevrier : Lorsque l’on apprend par ce sondage que 43% des enseignants sondés, du primaire et du secondaire, dans le public comme dans le privé, témoignent du fait qu’ils sont confrontés à tel ou tel rejet du cours ou partie du cours pour raison religieuse, et ne nous le cachons pas, venus d’élèves se réclamant du culte musulman, on ne saurait s’étonner de cette autocensure. Ils sont même 53% en collège et lycées publics. Il s’agit de sujets très divers qui sont concernés par cette autocensure. 59 % des enseignants disent avoir déjà observé de la part d’élèves de leur établissement actuel au moins une fois une forme de séparatisme religieux. Ces revendications sont de divers types « : 65 % des enseignants disent avoir déjà été confrontés au cours de leur carrière à des absences liées à l’exercice d’un culte ou à la célébration d’une fête religieuse, 47 % à des demandes de repas confessionnels (ex : halal, casher) dans les cantines, 40 % à des absences de jeunes filles à des cours d’éducation physique et sportive (avec ou sans certificats médicaux), notamment à des cours de natation (45 % des enseignants déjà confrontés à cela au cours de leur carrière), 28 % à des refus d’entrer dans des lieux à caractère religieux (ex : église) lors de sorties scolaires, 25 % au départ d’un élève afin de continuer ses études à la maison ou dans un établissement privé confessionnel, ou encore 21 % à des refus de donner la main à quelqu’un au nom de convictions religieuses (ex : sport, sorties scolaires). »

Cela est dû à tout un contexte comme le montre ce sondage, qui indique d’ailleurs en quelques années une progression de la pression religieuse sur l’école. Concernant le contenu des enseignements, « 43 % des enseignants (premier et second degrés) interrogés disent que dans leur école ou leur établissement scolaire des enseignements ont déjà été l’objet de contestations et que certains élèves ont tenté de s’y soustraire, ce chiffre monte à 53 % chez les seuls enseignants du second degré, soit une augmentation de 7 points par rapport à l’enquête Ifop-CNAL de 2018 (46 %). Si nous regardons de plus près, ils sont 7 % à déclarer y faire face régulièrement (3 % en 2018) et 17 % de temps en temps (12 % en 2018) » On voit là des signes de progression non seulement de comportements individuels, mais de la montée du communautarisme dans notre pays, l’école n’en étant qu’un lieu révélateur, où la pression est d ‘autant plus grande que l’on y pose les bases d’une culture commune, des valeurs et principes communs, ce que l’on appelle la socialisation. Ce qui ne peut que nous alarmer sur les conséquences d en termes de cohésion sociale, de la qualité du lien de chacun à une même nation. 

Il y a indéniablement devant ce constat, l’intériorisation de la crainte de ces situations au métier d’enseignant aujourd’hui et, par réaction, cette attitude d’autocensure comme une protection. Mais n’oublions pas que plus cette censure progresse plus c’est l’école républicaine qui recule.

Est-il possible que cette autocensure soit liée à des tendances plus larges à la censure au sein de l’Education nationale avec des professeurs ainsi qu'une administration plus censeurs que censurés ?

Guylain Chevrier : Il y a plusieurs choses à prendre en compte sur ce sujet. Tout d’abord effectivement le fonctionnement interne de l’Education nationale où on n’évoque ce sujet que d’une voix tremblante, mais pas seulement. 

On constate que 42% des enseignants du 1er et du 2d degrés se sont déjà censurés, et si on s’arrête au 2d degré, ils sont 49%. Lorsque l’on interroge pour savoir si la dernière fois où ces faits ont été appris ou constatés, ils ont été signalés, c’est vrai dans 5% des cas au rectorat, 55% aux responsables d’établissement, 45% à un ou plusieurs collègues, et seulement 5%, autant qu’au rectorat, à une autre personne, exemple donné « syndicaliste ». Côté confiance dans la hiérarchie il y a des progrès à faire, même si le signalement au rectorat passe souvent par le chef d’établissement. Autre question, la confiance dans les interlocuteurs d’organisation d’enseignants qui apparait comme faible, qui peut interroger. Le cas de Samuel Paty qui a reçu un soutien quasi unanime, ne reflète pas le positionnement de certaines organisations syndicales qui n’ont pas hésité à manifester aux côtés de certains militants de l’islam politique. Y compris le positionnement de la FCPE par exemple, organisation dite laïque, qui n’hésite pas à banaliser le port du voile des parents, comme sur l’une de ses affiches promouvant les sorties scolaires, qui connait d’ailleurs en son sein sur ce sujet des contestations fortes. Lorsque l’on pose la question concernant le niveau du sentiment de soutien à un signalement de ce type de faits à la hiérarchie : il est de 93% concernant les collègues, 86% les responsables d’établissement, et 54 % les référents au rectorat.  

Comme le souligne un commentaire fait sur l’enquête par Charlie Hebdo : « Autrement dit, quand un enseignant (du second degré) fait tout simplement son travail – ce qui était le cas de Samuel Paty –, il y a une chance sur deux (53%) pour que ça se passe mal avec certains élèves. » Dans le cas où il en informe le rectorat, « il y a également une chance sur deux pour qu’on l’envoie balader d’un haussement d’épaules. Ou qu’on lui dise de faire moins de vagues. » On se rappelle du mouvement « #PasDeVague » mené justement par des enseignants.  

Il y a aussi autre chose qui pèse, c’est le poids de ceux qui donnent tort à Samuel Paty d’avoir fait un cours sur la liberté d’expression en s’appuyant sur des caricatures de presse : 9% des enseignants (public/privé) et 16% qui ne souhaitent pas répondre. C’est-à-dire 25% qui condamnent ou se défaussent. A noter également que le secteur privé semble plus poreux sur les questions de séparatisme puisque 15 % des professeurs exerçant dans le privé pensent que le professeur d’histoire-géographie assassiné n’aurait pas dû faire ce cours (contre 8 % dans le secteur public). Un ensemble rendant compte d’un état de l’institution scolaire pas très réjouissant qui doit faire réagir celle-ci avec force.

Les professeurs sont-ils impuissants face aux constats de séparatisme évoqués dans le sondage de l’IFOP ?

Jean-Paul Brighelli : Sans le soutien sans faille de l’administration — à commencer par leur direction —, ils ne peuvent pas grand-chose, sauf à prendre le risque d’argumenter de façon stérile avec des arguments rationnels face à des comportements passionnels. L’extrême féminisation du corps enseignant ne va pas dans le sens d’un affrontement direct. Et les pédagogies « compréhensives », qui bannissent tout enseignement frontal et vertical mais prétendent privilégier le « dialogue » (il n’en est pas avec des fanatiques) et la construction par l’élève de ses propres savoirs (mais il est arrivé en classe bardé de convictions inébranlables) ont une grande part de responsabilité.

Le résultat est que les enseignants préfèrent esquiver a priori les sujets qui fâchent, ne pas évoquer Darwin ou l’évolution tectonique, ne pas mettre Voltaire au programme, contourner l’étude (pourtant inscrite dans les textes) des idées religieuses ou de l’information sexuelle, et ne prendre aucun risque sur la liberté d’expression. Les élèves sentent fort bien que le prof marche sur des œufs — et s’en glorifient. Chaque renoncement est pour les plus déterminés une victoire idéologique. La superstition prospère dans les blancs du discours professoral.

Guylain Chevrier : Concernant les réactions autour de cérémonies en l’honneur de Samuel Paty et de la question des caricatures, 19 % des enseignants sondés disent avoir observé une forme de contestation lors des cérémonies. Valeur qui double presque en fonction de la zone dans laquelle se trouve l’établissement : « seuls » 14 % des professeurs hors REP (Réseau d’Education Prioritaire) disent avoir connu ce phénomène contre 34 % des professeurs en REP (+ 20 points de différence). On sait que les réseaux d’éducation prioritaire sont souvent le reflet de quartiers sensibles où le communautarisme religieux a pris pied.

On n’a pas tiré les enseignements de l’étude menée par les journalistes Olivier Galland et Anne Muxel qui concerne des collégiens et lycéens de 14-16 ans, consignée dans leur ouvrage « La tentation radicale ». Il a fait suite aux attentats de 2015 motivant une étude auprès de 7 000 jeunes. Dans l’analyse, « 26% des jeunes interrogés se disent musulmans et 39% sont scolarisés dans des lycées populaires ou très populaires ». Sur la question de la création du monde, 80% des musulmans donnent raison à la religion, contre 27% pour les chrétiens. Par rapport à l’adhésion de certains jeunes français aux idées radicales et absolutistes, « 1/4 des lycéens interrogés ne condamnent pas totalement les attentats contre Charlie Hebdo et le Bataclan. 80% considèrent qu’on ne peut pas se moquer des religions. 68% pensent que les médias n’ont pas dit toute la vérité sur les attentats de 2015. 1/3 pensent qu’il est acceptable dans certain cas de participer à une action violente pour défendre ses idées. »

Combien de notes nous ont alerté sur l’infiltration des salafistes dans les quartiers, et de l’influence croissante des Frères musulmans, entre autres. Alors que l’on n’ignore aucunement que ces gens portent un contre-projet de société, extrêmement dangereux, laissés libres d’agir à leur guise. Si la dissolution récente des associations BarakaCity et du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), ainsi que la loi contre « le séparatisme » rebaptisée « Projet de loi confortant le respect des principes de la République » sont des marqueurs de cette période que l’on juge positifs, pour autant c’est surtout le signe inquiétant que l’on a atteint un point de basculement, aux yeux des politiques qui jusque-là ne voulaient pas en entendre parler, et donc que nous sommes entrés dans une zone de péril majeur.

Autre problème, pour lutter contre le séparatisme le président de la République met en cause « l’islamisme radical » comme s’il y avait à faire cette différence entre islamisme et radicalisation, créant l’illusion qu’une forme d’islamisme pourrait être acceptable, parce que n’existant que sous une forme idéologique, comme d’aucuns l’avancent depuis des lustres, pour nous exposer au risque de l’intégrisme. Comme si cela ne préparait pas le terrain à cette fracture dont l’enquête témoigne, antichambre de tous les risques, et les esprits de certains à un affrontement dont l’école reçoit les coups de butoir. On parle des ruptures du lien social en matière d’exclusion mais ici nous sommes face à des ruptures dans ce domaine d’une toute autre teneur et promues de façon transversale vers l’école. Combien d’affiche électorales, lors des dernières élections municipales ont présenté des listes avec en bonne place une future élue voilée, dans l’esprit de ce clientélisme politico-religieux suicidaire s’appuyant sur l’ambiguïté actuelle ? On a appris qu’à Strasbourg, la nouvelle mairesse verte (EELV) avait refusé d’inscrire la laïcité dans le règlement intérieur du conseil municipal ! Trop de compromis et de compromissions, avec une institution scolaire qui est au bout voire à bout, au regard de ce mélange des genres, comme dernière digue. C’est de décisions politiques majeures, de la société que doit venir la réponse, l’Education nationale ne pouvant faire que ce qu’elle peut en reflet de ce qu’est cette société et des impulsions données ou non par l’Etat.

Faut-il changer la culture de l’Education nationale pour que celle-ci soit plus à l’aise avec les questions relatives à la laïcité et aux cultes ?

Jean-Paul Brighelli : Ce n’est plus simplement un problème interne à l’Education : c’est un problème sociétal majeur. Il semble bien que nombre de nos concitoyens n’ont pas compris qu’il s’agit d’une guerre larvée, qui finira en guerre civile si nous n’y mettons le holà.

Que peut l’Ecole ? Rien — et tout : il ne faut plus supporter la moindre, remarque, oiseuse, sanctionner durement les élèves qui en prendraient l’initiative, refuser les absences de confort, dénoncer les certificats médicaux bidon, renvoyer les meneurs. Il faut renverser la peur. Sinon, les superstitions d’aujourd’hui ouvriront la voie aux fanatismes de demain.…

Guylain Chevrier : Il faut surtout rompre avec bien des confusions et redonner à la République laïque sa véritable place dans l’école, voilà ce qui serait sans doute un changement de culture. Regardez la question des accompagnatrices voilées de sorties scolaires. Pourquoi en est-on encore à les accepter ? Ces parents accompagnateurs sont bien pourtant, au nom de l’école, des encadrants du groupe d’élèves, et ainsi représentent l’institution scolaire. Comment donc continuer ainsi à les laisser bafouer par la manifestation ostensible de leur appartenance religieuse un des principes fondamentaux non seulement de l’école mais de la République, la laïcité. On sait pourtant les enjeux qui se nouent autour de ce problème. Une mère confiait dans ce contexte à un directeur d’école de ma connaissance qu’elle ne pouvait pas retirer son voile pour faire cet accompagnement pour la même raison qu’elle ne pouvait pas le retirer tout court, du fait du « regard du quartier ». Quand allons-nous aider ces mères à se libérer de ce poids du communautarisme ou du séparatisme, qu’on appelle ça comme on veut, et l’école avec elles ! Jean-Michel Blanquer ministre de l’Education nationale a pu s’exprimer pour juger que « le voile n'est pas souhaitable dans notre société », comme d’ailleurs d’autres voix du gouvernement, et en même temps, on a continué de laisser faire. C’est de la folie. Comment les enseignants qui sont censés transmettre en cours d’instruction civique, les principes et les valeurs de la République, peuvent-il s’en sortir ? 

Citons une de nos grandes figures historiques sur le sujet, Jean Jaurès (1904.) : « La démocratie a le devoir d’éduquer l’enfance ; et l’enfance a le droit d’être éduquée selon les principes mêmes qui assureront plus tard la liberté de l’homme. Il n’appartient à personne, ou particulier, ou famille, ou congrégation, de s’interposer entre ce devoir de la nation et ce droit de l’enfant. » Et on n’a cessé de réaménager l’école pour y réintroduire le religieux au nom de faire une place à l’islam dans notre société, sous toutes sortes de formes : de l’enseignement du « fait religieux » à l’école aux mille ambiguïtés, pour soi-disant mieux intégrer les élèves par leur différence : aux menus dits « sans porc » qui ont fabriqué ces fameuses tables « sans porc » reproduisant dans l’école ce « séparatisme » contre lequel on dit  vouloir lutter ; en passant par un délai de 15 ans après les premiers voiles dans l’école publique en juin 1989 pour y réaffirmer la laïcité par la loi du 15 mars 2004 interdisant les signes ostensibles religieux des élèves ; jusqu’au ELCO, ces Enseignements de Langues et Cultures d’origine qui perdurent depuis les années 70, avec des enseignants choisis par les ambassades pour prendre en main les enfants de l’immigration chacun selon son pays, dans les locaux de l’école publique elle-même, qu’un rapport confidentiel remis au Premier ministre en 2016 mettait en cause du fait que, je cite « certains cours s’apparenteraient à des catéchismes islamiques », dont on a promis la fermeture bien des fois. Il y a du ménage à faire dans l’institution, sans aucun doute.

C’est le même problème qu’avec la volonté de l’Etat d’aujourd’hui d’accompagner l’organisation du culte musulman sous couvert de faire un « islam de France », entendu comme compatible avec nos principes d’organisation politiques et civiles, mettant gravement en cause la laïcité de l’Etat, qui risque de nous emmener dans une mésaventure aux conséquences encore aveugles. Il faut sortir de cette logique et que l’Etat républicain avec son école retrouve sa place et son rôle de promouvoir ce qui fait le citoyen, loin de l’influence des religions et de la volonté de les influencer. 

Pour finir, on rependra une réflexion de Charlie Hebdo commentant l’enquête. Si « les enseignants sont 58 % à déclarer ne pas s’autocensurer pour éviter des incidents de la part d’élèves – ou de leurs parents (…) le pourcentage baisse nettement dès le second degré, et dégringole même à 38 % au lycée... Et c’est majoritairement chez les moins de 30 ans que la tendance « pas-de-vagues » fait des adeptes : à peine un tiers d’entre eux déclarent ne jamais s’être autocensurés face aux pressions religieuses. » Il y a là, dans la génération de ces enseignants et de ceux qui seront les profs de demain, à revoir sur quoi se fait ce métier, s’établit cette vocation, sur quels valeurs et principes. Il y a sinon le risque d’évoluer vers une transmission consommatrice, selon le client, telle qu’une certaine tendance actuelle peut y inciter, avec en toile de fond un relativisme culturelle qui va comme un gant à l’hyper-individualisme postmoderne d’une société tournée de plus en plus vers la mondialisation libérale et le multiculturalisme anglo-saxon, du chacun pour soi et son identité plus ou moins fantasmée. Mais à ce jeu-là on se retrouve vite dans la loi de la jungle et le droit du plus fort.

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